oiseaux muses

Dans son nid flottant

Joncs sifflants, végétaux par la grâce

Recourbés

La mouette trône comme une grande dame

Assise sur le trésor royal.

C’est elle la maîtresse de la pérennité

La donneuse d’ordre

L’ordonnatrice de naissance :

A vos marques ! Prêts ? Naissez.

Cassez-moi cette foutue coquille

Cette membrane protectrice

Qui a chauffé sous des fesses aimantes

Sa grande détermination.

Sortez vos petits becs de mouettes

Vos physionomies liées aux conditions extrêmes

Agitez-vous, réchauffez-vous

Mes si tendres rejetons !

Je serais celle qui envoie dans le ciel patagon

Un message ailé se souvenant des peuples originaires

Yaghans, Onas, Selknam, Tehuelche

Que mes aïeux côtoyaient autrefois

Eux qui périrent par le fer et par le sang

Enchaînés comme des bêtes

Exhibés dans des zoos.

Moi, la mouette jamais on ne me capturera

Je suis celle qui joue à cache-cache avec les nuages

Qui tire le fil de l’invisibilité

Je suis celle qui surfe même sur les vagues du ciel

Avec mon regard effilé

Mon air de ne pas y toucher.

Carole Radureau (20/01/2020)

Mouette de Patagonie

Chroicocephalus maculipennis

"Gaviota cahuil"

Dans les rochers les escarpements rocheux

Il aime se reposer et nicher

Lui il aime ça les cailloux

Son plumage en a été conquis

Le gris du silex a déposé sur son costume

Un halo de mystère.

De là-haut il observe tout

Surtout le vol des oiseaux

Cet ornithophage les a à son menu

De la mésange au pigeon ramier

Ce qu’il aime c’est les choper en vol

Ensuite c’est une autre affaire.

Le faucon pèlerin est un formidable pèlerin

Peregrino comme on dit

Partout dans le monde on le trouve

En dehors de certains déserts et des zones arctiques

On dit de lui qu’il est cosmopolite qu’il s’accommode de tout.

Pourtant en France le DDT a bien failli le tuer

Définitivement :

Il s’est réfugié dans ses cailloux là-haut

Où domine l’aigle

Où domine le vent

Où le temps semble s’être posé comme un souffle

Sur le moment présent

Celui-ci qui a maintenu en vie le précieux pèlerin

Sa beauté téméraire son œil vif

Sa joie grandissante.

Carole Radureau (19/01/2020)

Faucon pèlerin

Falco peregrinus

L’intelligence de la sterne est sa force

La sentinelle siffle

L’intrus est écarté

Goélands et mouettes

Se tiennent à l’abri de cette colonie

Si bien organisée.

La sterne traverse au-dessus des eaux

D’un pôle à l’autre

Le globe

35.000 kilomètres à se mirer dans les eaux

A y pêcher chaque jour

Des forces.

L’intelligence de la sterne c’est de voyager

De profiter ainsi de plus de lumière

De nourriture sans cesse sous la dent.

J’aime les sternes ces oiseaux profilés

Esthétiques à l’extrême

Simples et pourtant compliqués à dessiner

Quand la muse du dessin aime trop l’oiseau

Elle le rate forcément

Cette sterne est ma première dessinée

Avec le crayon et la gomme j’ai fait son contour

J’ai poussé un ouf à la fin car j’avais réussi

Enfin

A donner cette allure profilée

Ce soin du détail

Cette beauté pure et naturelle

A l’oiseau aimé.

Carole Radureau (19/01/2020)

Sterne arctique

Sterna paradisea

Kakis, figues, papayes

Venez à moi dans vos petites robes de chambre

Baies de faux-poivrier comme un aromate musclé

Venez rafraichir ma glotte

Couler comme le miel au fond de sa grotte.

J’aime les fruits, j’aime les fruits

Les pucerons sont un dessert frétillant

Qui glisse avec ardeur

L’onomatopée de leur physionomie.

J’aime les fleurs aussi

Quel délice

Mon diadème n’est-il pas comme un hibiscus

Dressé

Sur le bord d’une quebrada ?

Je suis le tangara précieux comme un diadème

Dont le chant retentit au cœur d’Abya Yala.

Carole Radureau (18/01/2020)

Tangara à diadème

Stephanophorus diadematus

Le chant a pris l’apparence

Bleue d’un ciel sans nuages

Pourtant le gris de l’orage menace

L’air n’est plus aussi franc.

L’oiseau a oublié sur la table à repasser

Son pyjama rayé

C’est pour se démarquer dans la canopée

Quand il fait ses emplettes.

Qu’elle est belle la paruline quand en porcelaine

Elle se meut elle se renouvelle

La mer a offert un limon tendre et pur

Le nuage a ordonné que s’incline la nature

Pour offrir à la paruline un ciel de lit

Démesuré.

Carole Radureau (17/01/2020)

Paruline azurée

Setophaga cerulea

vulnérable

Le chant du cenzontle

Quand j’écoute le cenzontle

La paix vient sur moi

Comme un gant de velours

Sur une main qui ne se savait pas tendre.

Quand j’écoute le cenzontle

Je comprends son message

Je crois déchiffrer son algorithme

Chaque son est un son parallèle

A la concordance des cieux.

Il a le bavardage de ceux que l’on n’écoute jamais

Il a des choses à dire mais il aimerait les crier

Il chante une chanson aux élans de révolution et

Parfois sa voix se brise comme sur un marbre dégénéré.

Quand j’écoute le cenzontle je vis

Je ressens j’écris et j’apprends

Quel grand maître d’école le cenzontle

Quelle petite pie qui n’a pas envie de se taire.

Carole Radureau (17/01/2020)

Moqueur polyglotte

Mimus polyglottos

L’oiseau qui aime la pierre

Est un oiseau de la minéralité

Dans les roches les escarpements rocheux

Il évolue dans son environnement.

Son vol est

Majestueux

Noir comme de l’encre volante

Et son bec

Rouge

Resplendit

Comme un trophée.

Le printemps inscrit dans le ciel

Les parades nuptiales aux ballets

Somptueux

Entre-temps la bande craves subit

La hiérarchie, la proximité

Le couple est soudé pour mener à bien

La naissance

Madame est seule pour assurer leur autonomie

Une seule couvée et c’en est fini jusqu’à l’an prochain :

Nouvelles parades d’encres noires dans le ciel

Nouveaux ballets

Pour les spectateurs initiés.

Carole Radureau (16/01/2020)

Crave à bec rouge

Pyrrhocorax pyrrhocorax

L’agriculture m’a tuer

Ne me cherchez pas dans la prairie

Ne me cherchez pas dans le champ

Mon lek d’avenir ils m’ont pris

Et puis mon air

Et puis mes semences

Un pan de mon existence.

Je vivais caché dans les hautes herbes

J’étais heureux mes petits gambadant

Derrière moi

Avant l’agriculture

Avant les polluants

Avant les moissonneuses

Avant l’homme simplement

Ma vie était un long champ tranquille

Dans lequel exprimer tout mon art :

La parade nuptiale.

Car je suis un danseur, moi

Car je suis un artiste, moi

L’art de la reproduction

L’art de la séduction

L’art de la drague, oui

C’est mon domaine

Avec le champ mais

Non le chant :

PRRRT et voilà, ça chasse les intrus.

Carole Radureau (16/01/2020)

Outarde canepetière

Tetrax tetrax

Quasi menacée

Dans la jungle africaine

La broussaille ténébreuse

Un oiseau arc-en-ciel

Se promène

Fait ses courses

Appelle sa compagne.

Dans un dédale de lianes

Un entrefilet de chlorophylle brute

Le rouge a damé le pion du vert quand

Le noir vient tricher sur la nuance

L’orangé est un petit frère qui a bu la tasse

Quand le jaune a piqué son or dans le nid du citron

Pourtant le vert de sa parure est là qui domine

Comme une main tendue à l’environnement

Comme une copie très sûre de celui-ci.

L’oiseau vole au milieu de cette verdeur

Vert comme je t’aime vert dans la verte splendeur

Une forêt qui ne peut rêver d’éclat car l’éclat elle a

Un gladiateur sans sabre qui ne peut rêver de couleur

Car des couleurs il a.

Carole Radureau (15/01/2020)

Gladiateur vert

Telophorus viridis

Sans la couleur pas de nom

C’est la couleur qui justifie le nom

Le merle a un ventre roux

Roux comme le sucre du même nom

Roux comme un poil de carotte

Ou comme un petit écureuil.

Sur son continent Abya Yala

Le merle, timide merle chante sa petite chanson :

Donne-moi des fruits, donne-moi, donne-moi des fruits, donne-moi !

S’il, s’il, s’il te plaît !

Merci, merci !!

Plus de 28 sortes de fruits dans sa salade

C’est pour lui que la chanson a été écrite

Peut-être cherche-t-il à la retranscrire dans son idiome :

Sala-salade de fruits, jolie, jolie, jolie !

Il aime les fruits le petit merle à ventre roux

Mais ne crache pas sur un ver de terre

C’est le cousin de notre merle noir avec un bec jaune

Lui il parle avec un accent américain.

Carole Radureau (15/01/2020)

Ecrit en écoutant la chorale du merle

Merle à ventre roux

Turdus rufiventris