Publié le 31 Juillet 2022
Ecrire ce que l’on voit
Ce qui fusille le regard sans le dire
Se connecter à la nature violentée
Telle la sœur et la mère
Dans leur douleur.
L’air sec est à la nostalgie
La peine demeure dans l’herbe grillée
Et le grillon n’a plus envie de siffler
L’air du pardon.
Le ciel pourtant voilé
Laisse circuler en lui de gros nuages
Qui semblent prometteurs
Sans doute en vain
La terre a soif de cette bonne pluie
Dispensée par les amis nuages
Non par le tuyau d’arrosage.
Soleil toi que je fête à qui je parle qui est le roi de la fête
Tu fais régner sur nos têtes
Sous nos pas une ambiance qui n’est pas celle
Habituellement
Joyeuse
Insouciante
De l’été
Le chardon grillé n’a pas bonne mine
Tristes sont ses bleus pétales
Même si son cœur a su partager
Du précieux nectar.
C’est un temps qui sent le chaos
Ce n’est pas anodin
Il règne un air sans entrain
Comme une sorte d’attente
D’un quelque chose qui nous dépasse.
Et tout nous dépasse
Nous ne sommes que dépassés
Malgré nos velléités de tout connaître
Nos grands scientifiques et nos politiques
Perfides
Tout nous dépasse sauf cet air qui n’en est pas un
Et qui parle.
La terre-mère est en émoi
Et moi, et moi, et moi
Je pleure
Avec elle.
Car nous savions tout ceci
Car c’était évident
Car le déni est la règle
Car le profit est toujours sacré roi.
La vie sur le grill pour toi, chardon bleu
Pour toi, érable japonais
Pour toi Carbonero
Et là, déjà une victime
Tombée, lors de la dernière canicule
Qui pourtant se tient encore debout
Pour accueillir rosiers et oiseaux.
Devrons- nous sortir nos recueils
Croquer nos petites espèces
Pour laisser d’elles une trace
Si jamais le dessin passe au-dessus des incendies ?
La poésie est un cri cette année
Qui ne veut pas sortir
Tant il est fait chaud.
La poésie est un cri avec les yeux
A son habitude
Mais les yeux ne veulent pas voir.
La poésie est un cri du fond du cœur
Qui ne trouve pas assez d’ardeur
Pour mûrir son chant
Tranquillement.
La poésie est un cri qui vient du ventre
Mais ce dernier doit rapidement
Etre soigné.
La poésie est un cri qui sort des veines et des neurones
Comme un long cri d’agonie.
La poésie est un cri qui sort de l’être
Comme pour rappeler le bienfait du moment présent.
La poésie est un cri qui se débat dans les boues
De la sécheresse compassionnelle et empathique.
La poésie est un cri qui se voudrait
Imiter celui le l’aigle des steppes.
La poésie est un cri qui tresse une croix
En crin de cheval de Prjevalski.
La poésie est un cri de chouette hulotte
Qui tremblote, grelotte et se roule en une pelote de déjection.
Carole Radureau (31/07/2022)