Poésie à deux mains
Sur cette terre il y a de la place pour tout ce qui vit et boit dans la rivière le lait des pierres d’opale
Le chemin tourne le dos à qui le fuit car sur son sol le sang a écrit des lettres indéchiffrables
Nous voyageons comme tout le monde mais l’heure ne sonne jamais sur l’horloge calcaire du retour
Dans les gares les derniers trains s’arrêtent et déversent leur flot ininterrompu d’égarés en l’absence, de funambules qui glissent et trébuchent sur le fil détendu de leur avenir
Tu avais choisi les roses de la haie, les piquants des fleurs reines qui écrivent dans les livres leurs traces embellies, leur sang de nacre était la nacelle recevant comme un enfant le sucre de tes mots
Mais, plus rares sont les roses de Palestine quand l’eau de la terre bénie ne sait plus où elle doit couler pour irriguer les naissances
Jusqu’au bout de ton cœur tu as parcouru les chemins qui menaient aux inconnus qui ne connaissaient pas le goût de ta chair épicée des pierres de ton pays
Les distances pleuraient comme des perles de cristal tombées des sacrifices en avalanches
Les papillons étaient des dates confuses dans les calendriers qui ne savaient plus leurs noms
Les papillons étaient les dattes au régime desquels les chairs avaient perdu leur fondant
Sur la dernière bouffée d’air tu écrivais et sans jamais te lasser en y croyant toujours car la terre Palestine était la rose des vents destinée à le voir tourner un jour.
Une urne pour préserver nos âmes de la poussière du temps
Roses contraires, roses propices.
Vous avez vos gloires, nous avons les nôtres. Ah, ce pays dont
Nous ne voyons que ce qui ne se voit pas : notre secret.
Gloire à nous : trône sur des pieds gercés par les chemins qui
Nous ont conduits à toute maison, sauf la nôtre !
A l’âme de trouver l’âme dans son âme, ou mourir ici….
Carole Radureau (05/01/2015) et Mahmoud Darwich, Nous marchons vers un pays (recueil Plus rares sont les roses, partie reprise en italique)