Le chaos était passé sur la terre
Il avait presque tout emporté
Les horreurs, les erreurs, les gens, les
Animaux et la lumière
Nounours n’avait plus, le soir
De petits yeux à fermer
En disant :
« Bonne nuit les petits »
Même son nuage avait été emporté dans la tourmente
Il était devenu jaune puis gris puis s’était
Liquéfié : trop d’acides.
Nounours alors
Avait fui
De toutes ses pattes
De toutes ses pensées pures
Accrochées à ses basques comme des pendeloques
D’un autre monde
Il avait trouvé un endroit
Sombre car il n’y avait plus de lumière
Sombre comme avant la vie sur terre
Il avait trouvé un espace isolé dans le bois
Là où l’on ne l’attend pas, lui,
L’ours du ciel à l’unique nuage,
Le sien.
Il attendait, il se cachait, se fondait
Tel un arbre en fuite
Qui avait couru à toute allure
Les nuées voulant à tout pris
Qu’il n’y ait aucun survivant
Aucun….surtout pas un gentil !
Qui sait ce qu’un ours gentil pourrait faire
Pour reconstruire la terre
Certainement pourrait-il la refaire avec des nouvelles bases
Les siennes
Celles de la magie de l’enfance, de la métaphore, de
La poésie et de l’innocente bienveillance, celle
De la solidarité, de l’amitié et de la sagesse.
Non.
Vraiment, ils ne voulaient pas de ça,
C’était toujours mieux à chaque chaos
De reconstruire à l’identique
Avec les terribles et irrespectueux
Les rentre-dedans sans foi ni loi.
Nounours était en danger.
En danger de ne plus continuer à offrir le rêve
En danger de ne plus continuer à offrir le sommeil léger
La fine fleur de la douceur aux lèvres
En danger de ne plus pouvoir saupoudrer d’amour
Cette terre humaine délétère, sabordée par elle-même
Si inconsciente qu’elle n’eût jamais, jamais, jamais
Eté capable
De faire le bon constat
De faire son autocritique
D’adopter les bons gestes
Bref
Faire preuve tout simplement
De sagesse.
Carole Radureau (26/11/2023)
Inspirée par cette photo de Serge