Publié le 16 Mai 2022
Le ciel était un tapis de moutons gris
Ondulant comme voulant rattraper le rêve
Au milieu une étoile brillait :
Une seule
Juste là en face de ma fenêtre de mon œil
Clignotant
Me faisant de l’œil, c’est vrai
Puis elle n’était plus
Le gros mouton du nuage l’emmenait avec lui dans son troupeau.
Et elle revenait comme pour me dire quelque chose.
Il avait bien plu
L’orage avait tout secoué y compris des pollens trop présents dans l’air
Je pouvais respirer un peu mieux
Une grosse semaine de confinement comme jamais
Ça laisse des traces
On a envie d’air de gouttes de rosée de moins d’odeurs
Cette nuit je marchais
Dans le noir ou presque car ils ne savent pas arrêter leur pollution lumineuse
Je recevais les gouttes d’eau en passant sous les plantes avachies par l’orage
Les roses avaient la tête dégoulinante les plantes étaient accablées mais heureuses.
Il faisait bon
J’étais à la recherche de la lune
La lune, cette nuit, devait être de sang
Ah ! La lune de sang nous a offert des souvenirs une fois
Il y a beaucoup de chance de ne pas la voir ce matin
Car les nuages ont installé le gros du troupeau
Sur le ciel de lit
Elle était là pourtant, au loin brillant comme ma bonne étoile mais
Il était trop tôt
Le rendez-vous était à 5h30, à 6 heures elle devait disparaître
Moi, la lune m’avait réveillée à 3h30 !
J’attendais
L’étoile brillante me distrayant
J’avais une de ses énergies
J’avais envie de partir comme ça dans la nuit
Dans la campagne
Trouver un point de vue pour observer la lune de sang
Hélas la migraine me guettait encore et encore :
Trop de senteurs
Trop de pollens :
Désespérant !
A l’heure dite
Après un petit somme
Le merle chantait
Les moineaux piaillaient
Le jour se levait déjà
La lune n’était pas visible, pas de lune, pas de bol.
Elle a rougi toute seule
Sans témoins :
Quelle tristesse !
Pourtant, lune je te remercie
Tu as tenu ta promesse
Ta face pleine a changé le temps
Oh ! certes, peut-être le frais ne sera-t-il là qu’aujourd’hui
Les annonces pour cette semaine sont terribles
Brut, le sens du temps
Triste, la perspective
Prison, prisonnière, lanceuse d’alerte, prenez moi comme telle
Je suis l’indicatrice des perturbations futures
Celle qui
Connectée trop connectée à la lune, à la terre
Porte les messages d’alerte rouge comme la lune (alerte aux maladies prochaines dont mon cas est un exemple).
Du moins je me donne ce rôle
C’est moins le rôle d’une victime aussi je le préfère
La vie sauvage et la nature sont nos chances de survie
C’est l’humanité qu’on assassine
Sans se soucier d’elle, on se donne encore du temps parce que c’est confortable
L’homme est ainsi fait : remettre toujours la tache à demain.
La terre, elle, pourtant, s’en remettra.
Combien de victimes faudra-t-il pour que la masse populaire change le cours de l’histoire ?
N’y aurait-il que les rapaces, les plus gros profiteurs pour avoir droit de cité ?
Cette nuit je voulais écrire l’hymne à mon étoile brillante
Je ne sais pas qui elle est
Je sais qu’elle était là toute seule et que je l’ai vue
Comme un signe comme un signal comme une conquête
Je n’ai pas écrit et l’étoile est là
L’étoile me pousse
Elle me dit d’écrire quelque chose
De vider quelque chose de moi-même
De le partager.
J’ai pensé à ma grand-mère
Il parait que nos défunts deviennent des étoiles
Ma grand-mère jamais n’est décédée
Seul son corps manque
Nous fait défaut
Car pour le reste elle est là chaque jour près de moi
C’en est puissant comme jamais
Même dans ma solitude, je sais ne pas être seule
Car elle est là, elle veille.
Puiser dans le peu qui me reste accessible
La force nécessaire
C’est comme prélever à la pince à épiler un gramme d’air pur
Le cultiver pendant des jours
Pour qu’il grandisse et permette à nouveau la vie
Certes ce ne sera jamais une vie d’autrefois
La page est tournée
A présent c’est une page de survie
Dans survie on entend vie n’est-ce pas ?
Carole Radureau (16/05/2022)