Publié le 23 Juin 2013
........L’abeille prend l’essor, parcourt les arbrisseaux ;
Elle suce les fleurs, rase, en volant, les eaux............
Enfin je vais chanter le peuple industrieux
Qui recueille le miel, ce doux présent des cieux.
Mécène, daigne encor sourire à mes abeilles.
Dans ces petits objets que de grandes merveilles !
Viens ; je vais célébrer leur police, leurs lois,
Et les travaux du peuple, et la valeur des rois
Et si le Dieu des vers veut me servir de maître,
Moins le sujet est grand, plus ma gloire va l’être.
D’abord, de tes essaims établis le palais
En un lieu dont le vent ne trouble point la paix :
Le vent, à leur retour, ferait plier leurs ailes,
Tremblantes sous le poids de leurs moissons nouvelles.
Que jamais auprès d’eux le chevreau bondissant
Ne vienne folâtrer sur le gazon naissant,
Ne détache des fleurs ces gouttes de rosée
Qui tremblent, le matin, sur la feuille arrosée.
Loin d’eux le vert lézard, les guêpiers ennemis,
Progné sanglante encor du meurtre de son fils ;
Tout ce peuple d’oiseaux, avide de pillage,
Ils exercent partout un affreux brigandage,
Et saisissant l’abeille errante sur le thym,
En font à leurs enfants un barbare festin.
Je veux près des essaims une source d’eau claire,
Des étangs couronnés d’une mousse légère ;
Je veux un doux ruisseau fuyant sous le gazon,
Et qu’un palmier épais protège leur maison.
Ainsi, lorsqu’au printemps, développant ses ailes,
Le nouveau roi conduit ses peuplades nouvelles,
Cette onde les invite à respirer le frais,
Cet arbre les reçoit sous son feuillage épais.
Là, soit que l’eau serpente, ou soit qu’elle repose,
Des cailloux de ses bords, des arbres qu’elle arrose,
Tu formeras des ponts, où les essaims nouveaux,
Dispersés par les vents ou plongés dans les eaux,
Rassemblent au soleil leurs bataillons timides,
Et raniment l’émail de leurs ailes humides.
Près de là que le thym, leur aliment chéri,
Le muguet parfumé, le serpolet fleuri,
S’élèvent en bouquets, s’étendent en bordure,
Et que la violette y boive une onde pure.
Leurs toits, formés d’écorce ou tissus d’arbrisseaux,
Pour garantir de l’air le fruit de leurs travaux,
N’auront dans leur contour qu’une étroite ouverture.
Ainsi que la chaleur, le miel craint la froidure ;
Il se fond dans l’été, se durcit dans l’hiver :
Aussi, dès qu’une fente ouvre un passage à l’air,
À réparer la brèche un peuple entier conspire ;
Il la remplit de fleurs, il la garnit de cire,
Et conserve en dépôt, pour ces sages emplois,
Un suc plus onctueux que la gomme des bois.
Souvent même on les voit s’établir sous la terre,
Habiter de vieux troncs, se loger dans la pierre.
Joins ton art à leurs soins ; que leurs toits entr’ouverts
Soient cimentés d’argile, et de feuilles couverts.
De tout ce qui leur nuit garantis leur hospice :
Loin de là sur le feu fais rougir l’écrevisse ;
Défends à l’if impur d’ombrager leur maison ;
Crains les profondes eaux, crains l’odeur du limon,
Et la roche sonore, où l’écho qui sommeille
Répond, en l’imitant, à la voix qui l’éveille.
Mais le printemps renaît ; de l’empire de l’air
Le soleil triomphant précipite l’hiver,
Et le voile est levé qui couvrait la nature :
Aussitôt, s’échappant de sa demeure obscure,
L’abeille prend l’essor, parcourt les arbrisseaux ;
Elle suce les fleurs, rase, en volant, les eaux.
C’est de ces doux tributs de la terre et de l’onde
Qu’elle revient nourrir sa famille féconde,
Qu’elle forme une cire aussi pure que l’or,
Et pétrit de son miel le liquide trésor.(…)
Virgile — Géorgiques / Livre IV / Traduction en vers de Jacques Delille
Du site Kirikino
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..........Ce qu’il faut de granit à tout le genre humain
Pour construire une ruche tout simplement sereine............
Ce qu’il faut de basalte, en cette terre des justes
Aux abeilles vaillantes en atelier de genêts
Pour distiller un miel à l’entraide impatiente
Qui suggère aux narines la chanson des forêts
Ce qu’il faut de Gypse dans le soleil couchant
Pour attiser le ciel d’un doux rayon d’espoir
Atacama et Cordillère de leurs vœux implorant
Un propolis voulant l’humanité des soirs
Ce qu’il faut de sel à Guernica en feu
Pour darder jusqu’au sang les infâmes condors
Et danser pour ses frères dans un ultime adieu
Une piste de liberté pour idéal trésor
Ce qu’il faut de granit à tout le genre humain
Pour construire une ruche tout simplement sereine
Polénisant d’amour la fin des lendemains
Et désignant la paix comme unique souveraine
Ce qu’il faut de vie aux âmes immortelles
Pour butiner les fleurs que nous offre la terre …
Hobo Lullaby ( Ce qu'il faut de vie)
.......Dans les murets alentour elles puisaient au cœur naissant
Des nectars pur jus de serpolet tannique et de thym rosissant..........
Il était un champ abandonné au loin sur le plateau de Valensole
C’était un champ de lavande sauvage aux jolies têtes folles
Personne jamais n’y mettait un pied, ni même les deux
Pourtant ça fleurait bon l’huile essentielle des aïeux
Au loin on croyait apercevoir au milieu des herbes sauvages
Un petit bout de pierre comme une île flottante au doux visage.
C’était une borie de pierres sèches construite par un berger
Mais elle était devenue ruche pour les abeilles abandonnées
Et c’était un bourdonnement constant, confus et chaleureux
Qui surgissait d’un coup de ce pré perdu dans les cieux.
Les petites ouvrières à l’ouvrage allaient butinant et bossant
Dans les murets alentour elles puisaient au cœur naissant
Des nectars pur jus de serpolet tannique et de thym rosissant.
Un petit ru coulait, oh ! Juste ce qu’il faut mais dans son cours
La menthe puis la saponaire y trouvaient un repos au fil des jours
Dame abeille pas regardante prélevait aussi sa part ardente
Cela ne pouvait qu’enrichir le quotidien de la ruche aimante.
Parfois, les butineuses se laissaient tenter par les fleurs cultivées
Là-bas de l’autre côté de la route, là où les hommes mettent l’engrais
Chaque fois c’était la même chanson, disparitions, fuite de la colonie
La ruche s’amenuisait peu à peu, c’était triste à voir cette ignominie
Pourtant le nectar de lavande sauvage était d’un goût exquis
Il produisait un miel gouleyant d’une palette infinie
Et lorsque le berger venait le relever il repartait les bras chargés
Ses pots déborderaient de cette richesse, de ce nectar sacré.
Le miel nourri aux fleurs de la nature par des abeilles rebelles
Unique au monde il était car cet îlot de pierre en était son label
Car il n’y avait plus d’abeilles sur la Terre- mère pour polliniser
Le monde des hommes mauvais les ayant toutes exterminées
Les derniers êtres croupissaient dans les bras de l’enfer
Mangeant leur pain noir aux cailloux dans les geôles millénaires.
Pourtant, dame nature nous le savons est plus forte que tout
Elle garde toujours dans sa manche un précieux atout
La borie des abeilles en est l’exemple criant
L’avenir de cette terre n’attend que le bon moment
Celui où elle pourra repartir sur un air de renouveau
En attendant encore un nouveau chaos.
Carole Radureau (12/06/2013, La borie des abeilles)
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Les cellules
(....)
l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire
l'habileté de plus d'un architecte.
Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte
de l'abeille la plus experte,
c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête
avant de la construire dans la ruche.