Publié le 31 Décembre 2021
Arbres, j’ai aimé
Porter votre parole
Dans un mois de décembre de l’an 2021 qui m’a semblé
Rempli de richesses
Où prendre de la hauteur à
Vos côtés,
Primait.
Arbres, j’ai aimé
Vous prêter ma plume
Ma muse et ma petite verve
Sans doute n’était-ce pas cela dont vous auriez aimé
Parler
Excusez, si j’ai brodé, flatté, enjolivé
Ou terni vos pensées.
Arbres, comment vous dire que vous nous êtes précieux
Si à côté nous permettons les abattages ?
Comment être cohérents, arbres
Comment être sincères ?
Nous devons être les générations de la reconquête
Celles qui apprennent à leurs enfants, leurs petits-enfants
Où se trouve la vérité
Pour compenser les grandes tragédies des arbres,
Des forêts.
L’homme n’est pas mauvais, arbres
L’homme simple est bon
Ce ne sont que des poignées d’êtres qui détruisent
Mais ce sont des puissants
Ils écrivent des lois pour leurs simples profits
Les profits d’une oligarchie qui n’a nul besoin d’argent
Ce sont des malades dangereux
Pourquoi alors ne pas les arrêter ?
Pourquoi alors leur donner des chèques en blanc ?
Il y a d’un côté les immondes destructeurs
Impunis, insolents, insultants, cyniques
Il y a d’un autre côté des masses éduquées
Voulant bien faire
Il y en a qui s’en moquent
D’autres qui ont des soucis terribles à régler
Il y a ceux qui veulent bien faire et bricolent
Cela n’arrange rien à notre affaire.
Puis il y a les poètes arboricoles
Qui grimpent à vos troncs, arbres
Munis d’une âme-scribe
Prenant au passage votre énergie dans la dureté de vos écorces
Sollicitant votre accord
Avant d’écrire : vos porte-paroles
Le poète est un enfant de l’arbre
S’il ne maîtrise pas la poésie tellurique
S’en est fait de lui
Il a raté une marche
La marche de la poésie véritable
Celle qui est connectée à l’essentiel
Le poète est un arbre
Il a une encre-résine
Une plume-feuille
Une trame-tronc
Une âme-canopée
C’est un arbre transformé
Pour le bien de l’humanité des arbres
Mais le poète est plus que ça,
Il est le frère de ce qui vit
Le frère de ce qui souffre
Le frère de ce qui est tu
Sa destinée dans le désert des non-dits
Est greffée comme une ente de vérité
Le mastic est un désir de faire
Bien plus collant que l’atmosphère,
Un résidu de pléistocène.
Arbres, j’ai aimé me couler, argile
Dans vos duramens
Décalquer vos libers en vers
Dessiner vos aubiers en perles de beauté
Aérer de pulpe de pomme vos cambiums
Vous m’avez fait rêver,
Vous m’avez enseignée,
Vous m’avez fait rire,
Vous m’avez emmenée au-delà des monts-de-lune
Dans un monde cosmique
Où l’arbre est un pilier
Où l’arbre est un sorcier
Puis un rêveur invétéré.
Arbres, j’ai aimé
Me joindre à vous
Je suis triste de vous quitter
Je sais que nous nous reverrons
Rien n’empêche le poète de vous brosser de sa plume
Dans le sens du poil quand l’occasion est là.
Bonne année 2022 arbres frères, arbres sœurs
Arbres pères, arbres mères
Arbres grand-mères, arbres grands-pères
Qu’elle soit prospère votre destinée
Que s’éteigne le bûcheron sur son bûcher néolibéral
S’il doit y avoir une seule flamme
Que ce soit la flamme de la réunification
Entre la forêt et l’homme
La flamme de la grande unité
Où même l’arbre mort reste sur pied
Pour que profite encore de lui,
La vie,
sa vie
démultipliée.
Carole Radureau (27/12/2021)