Publié le 22 Avril 2017
En ce troisième jour de floréal, le calendrier républicain fête la fougère.
Je ne pouvais pas passer à côté sans le voir.
Voici pour vous qui passez par ici, amis de la poésie, amis des forêts profondes et de la pachamama.
Mère-fougère
J’ai entendu ton chuchotement
J’ai senti ton patchouli confus
Où as-tu poussé ton premier cri ?
Où as-tu déposé tes petites valises vertes ?
J’ai senti ton souffle pur
J’ai entendu ton rire tendre
Il est doux de se savoir comprise
Quand dans l'humus s’élève une crosse
A l’infini.
J’ai omis de citer ton nom
Tu es la mère de combien de fougères ?
J’ai oublié qui était le père
Dis : combien de sons combien d’envies combien de rêves
As-tu permis
De s’éclore
Sur terre ?
J’ai senti ton souffle, son regard tourné vers l’horizon
J’ai bu tes paroles au bord des lèvres de tes semences
J’ai rêvé qu’un tapis de petites fougères envahissait le monde
J’ai tissé une à une tes mailles : j’en ai fait un poncho de verdure
J’ai tricoté un à un tes spores, un spore à l’endroit, un spore à l’envers :
J’en ai fait un tricot de pur jersey des bois
J’ai fabriqué un engrais en me servant de ton message profond
J’ai tamponné mon courrier du cœur avec l’aigle sous ton talon
J’ai tressé un hamac de tes crosses avides pour y coucher l’amour
J’ai écrit ton nom, mère-fougère à d’autres associés
Née de ton lait, fruit de ta sève, enfant de ta douceur, porteuse de ton eau
Je vais de par le monde
Une fougère au cœur
Une fougère encore
Une fougère enseignante des choses de la vie
Dans mon petit sac tressé de tes veines
J’ai mis mon cœur
J’ai posé mes lèvres sur tes promesses
Et fermé mes yeux sur l’espérance de ton avenir.
Carole Radureau (21/04/2017)