J’ai vu…..
Un fantôme transparent
Qui de ses pinces étincelantes
Chatouille le cœur de velours
La pourpre infinie.
J’ai vu….
De blancs cheveux portant vers les cieux
Leurs étamines de lumière ;
….Le marcheur nocturne qui gravit l’épi
Tressé par mille mains de nuit.
Le blé est un papier perdu dans
La nuée du songe.
Les ailes fermées sur la pénombre
Ont-elles peur du noir ?
Toi sur une tige enserrée
Tel un fourreau sacré :
Tiens bon !
Ne glisse pas !
Car la terre a oublié
Son matelas de fortune.
J’ai vu….
Un casque jaune qui multiplie la multitude
De pattes dans une danse inédite ;
……La toque de fourrure est une nature à elle-même
Dévolue :
Pas un cheveu qui ne dépasse de cette coiffure de froid.
J’ai vu…..
Le papillon de nuit-cape de soie brossée
Qui, sous son gilet de velours a glissé deux franges
D’un poncho invité ;
……La transparence d’une ballerine aux pattes chocolat
Au tutu d’obsidienne
Aux ailes-vitrail
Danser sur le fil invisible du jour.
J’ai vu…..
Des lobes succulents,
Des dents d’argent vert
Comme de petits doigts potelés ;
……Le pistil qui a du soufre sur les lèvres,
Du sucre pris au piège des sentiments.
J’ai vu…..
Le cœur bleu de la fleur qui est un coussin de joie
Divisant ses compartiments en amours à accomplir ;
…… Le fruit qui est sombre comme un œil ébahi
Sa bouche grande ouverte attendant la morsure de l’infini.
Il y a comme un peigne
Aux dents échevelées
Qui tisse avec soin une chevelure nacrée.
Il y a le V avec ses épines
Ses gardes du corps
Qui tissent avec ardeur
L’intrus du firmament.
Il y a dans le porte-monnaie secret de la terre
Une bague de quartz qui attend
A peine taillée par le froid des ans
Chair opaque comme une énergie dévolue.
J’ai vu…..
Une peau de cuir tannée
Des ventricules tressés
Qui font vibrer les sens de la forêt
Au son du djembé végétal.
Derrière une fleur le pétale ouvre son cœur
A une faune en émoi
Bien ouvertes vers le ciel
Les corolles s’aiment encore
Et les papillons prennent peur
Quand le lézard sourit.
Il y a une jungle qui s’écrit dans la beauté précieuse
Et minuscule de la vie
Il y a une magie qui se révèle
Quand l’œil montre du doigt la vérité
Il y a une poésie dans chaque particule
Que l’œil saisit, que la muse retranscrit
Et c’est ainsi que s’écrit la nature
Dans sa petite musique de vie.
Carole Radureau (24/07/2019)
Poème inspiré par les photographies de la vidéo de Serge intitulée Minuscule