J’ai décidé d’écrire mais que vais-je dire
Une image m’inspire
C’est celle d’un oiseau
Au doux nom de guifette
Peut-être que rimer serait de bon ton
Guifette la petite galette était prête
A danser sur les galets

Les galets plancher de la demeure de dame guifette
Entre chaque petit plat
Se nichait une denrée
Le galet est-il une encre
Ça je vous le demande
La poésie peut permettre d’écrire
A l’encre d’un galet

La poésie peut tout écrire
C’est une magicienne et en sa plume
Elle tord le cou à tous les conformismes
La poésie est une reine loin d’être petite
C’est une grande reine mais pas de celle qui sur la tête
Ont une couronne
Elle va selon la rime elle va selon le chant elle va suivant
Une petite musique dans sa tête
Qui n’est pas une musique de nuit ni d’ennui
Non elle est une musique de résonances et de résilience
C’est elle qui fait ding dong
Fait résonner les mots clinquant tous neufs sur les galets
De dame guifette
Mais où en est-elle cette précieuse cette délicate avec sa collecte ?

La guifette porte un nom savant qui est chlidonias albostriatus
Vous ne le savez pas mais la guifette est une sterne
Un oiseau marin que j’aime beaucoup
La muse est follette comme la guifette
Elle aime un oiseau qu’elle n’a jamais vu
Elle lui invente une histoire
Celle de l’oiseau qui jouait à la marelle
Sur de beaux petits galets tout ronds
De ceux que les enfants aiment faire ricocher sur les vagues
Un, deux, trois, quatre cercles arrondissant leurs yeux éphémères
Exploit ou plouf
Ça, la muse sait le faire

Sur la plage où la guifette survit
Les œufs sont si convoités par des bestioles importées
Autrefois sur ces îles de grande beauté
Avant l’homme
Les oiseaux étaient les rois
Ils ne connaissaient pas les prédateurs
Ils en oubliaient même de voler
Ils couvaient au sol élevaient leurs poussins
Tout allait bien
Il y avait sur ces îles des oiseaux à nuls autres pareils
Des colorés, des rigolos, certains au nom de fruit
Des perroquets gros comme des poules
Et des guifettes
Élégantes et précieuses

La poésie est celle qui écrit le nom et qui l’embellit
C’est pour plaire aux lecteurs petits et grands
Leur faire ricocher dans la tête et dans les yeux un nom
Qu’ils se l’approprient s’en fassent un combat

Je vêtirais ma poésie d’un treillis de lumière
Pour que le jour fuse sur la vérité et la fragilité des êtres
Quand le monde en aura fini avec la diversité
Il ne restera que les mots pour se souvenir
Du rire de la guifette rebondissant sur les galets.

Carole Radureau (30/04/2018)


Guifette des galets - chlidonias albostriatus - Laridés, Nouvelle Zélande- oiseau classé EN DANGER selon l'UICN

Je sais que tu sais
Lire le trajet des rus
De mon cœur
Veines transportant des ions
D’émotion
Artères aux rayons débordant
De passé
Tu sais que je sais
Déchiffrer le courant de
La sève
Une écriture que seuls déchiffrent
Les magiciens des ondes
Les prestidigitateurs originaires

Qu’elle est belle la parole de
Ta bractée
Une étincelle a fait son nid
Dans le creux de tes reins
Papier d’amate fin et transparent
Je rêve d’une consumation aux
Effluves de tilleul
Je pense à la volupté cachée
De ton propos

Je sais que tu sais
Ce que l’infusion de tes syllabes
Impulse à ma glotte délicate
Un mouchoir de douceur a irrigué
Mon cœur
Une petite nef complice
Navigue sur les nuages capricieux
De mes ans.

Carole Radureau (29/04/2018)

Je réchaufferais tes vieilles pierres
Ton corps sera heureux
Tirant à lui des lames de chaleur
Comme des marrons du feu

Du feu je suis
Moi le roi qui veille sur vos nuits
Le défenseur de la tiédeur
Le héros des ambiances
Chaleureuses

Auprès de moi
Qui, ne rêve pas d’ouvrir ses mains
Au ciel
De faire de ses doigts de
Délicates caresses
Qui, ne rêve pas
D’une couche soyeuse dans laquelle
Glisser ses pieds
Sans se brûler au froid
De la nuit

Le froid est un intrus
Rien ne l’arrête, partout
Il se fige tel un serpent, il se
Cache
Il est déguisé en poignée de porte
En iceberg dans un gobelet
Le froid cet indélicat
Ennemi de nos joies
Ennemi de nos douceurs

Je le combattrais
Moi, fier feu du haut de ma couleur
Somptueuse rougeur éclat d’orange amère
Si l’on devait me noter
Je serais sans nul doute
Toujours le premier dans l’échelle de Scoville
D’ailleurs ils n’ont pu m'y placer :
Je battais haut la main les piments les plus
entreprenants

Mon feu est un délicat présent des anges
De deux pierres il a fusé un jour
De deux bois, de deux brins de mousse
Il s’est épanoui
Tout d’abord
Petite fumée sans caractère
Piquant les yeux
Un souffle chaud a attisé ma sève
Et dans un grand éclat
J’ai fusé : révélation

Il y a des petits garçons qui arrangent
Le bois du sacrifice au feu
Petits indiens érudits de la nature
Sans cesse à son écoute
Bâtisseurs d’édifice sur lequel
Mes flammes telles des vrilles
Accrocheront leurs humeurs
Ascenseur pour ériger mon apogée :
Moi, feu je veux vous révéler ma chanson
Un crépitement de joie a irrigué vos ouïes et
Dans un grand éclat de rire de feu
J’ai éclairé vos soirées irrigué vos nuits
Encensé vos mains qui se cherchent
Et qui s’aiment devant moi.

Carole Radureau (25/04/2018)

J’ai déposé sur ta douce couche
Trois petits mots
Trois pensées enrobées de
Chlorophylle
Comme un message d’été
Que tu
Comprendras

Dans la chaleur de l’humus
Dorment de tendres libertés
Liberté c’est ton nom de bryophyte
Celle qui a débuté sur terre
La première
Celle que je veux honorer
De ma présence

Protectrice des sols
Bio-accumulatrice ton indice
Est un jeu à décoder
Pour accéder aux nuisances
De l’homme

L’homme veut te détruire et tu
T’incruste
Fille de la tolérance
Et fruit de la puissance
Régénératrice

Amoureuse de ton calme
De ta clairvoyance
Ton amorti est un havre où y poser
Mes peines
Coussin d’amour où dormir
Est un réconfort et le cauchemar
S’enfuit
Je dépose à ta porte verte
Ma petite vie de feuille
En devenir
C’est pour que ta force en moi
Diffuse une énergie
Celle des sous-bois féconds.

Carole Radureau (24/04/2018)

Là où se situe
Exactement
La vie
Dressée dans la splendeur
De son évidence
Tu seras
Mon lien
Tout en assurance
Le tuteur de mes rires
La tresse de mes joies
Unis
L’un à l’autre
Serrés
Nous regarderons le monde
Autrement.

Là où se situe
Un point précis du bois
Dans l’alignement de la grande ourse
Et de l’urtica puissante
Toi et moi serons deux luttant
Contre le vent
Ce soleil réchauffera nos épaules
Eprouvées
La lune rira de nos tendresses
Le froid n’aura pas de prise
Nos doigts serrés le repousseront
De l’avant.


Carole Radureau (23/04/2018)

Au-delà du temps sans la rose froide
Des saisons
En un long sifflement au son du nid
D’argent
Reconnaissant son frère y voyant
Sa perle de vérité
En chaque rive bruyante en chaque
Cours
Minutieux et fécond
Tu seras rose bleue à l’outremer fils
Des ondes
A l’azur rêve accompli
Au firmament trêve des anges
A la mer au semblant des méduses
Ressemblant aux rires qui fusent
En éclats
Tourbillons d’écume
Encens qui puise dans la nuit
Son cri
Au-delà des saisons rosissant telle
Une perle de quartz au sillon accompli
Toi l’oiseau bleu qui rêve et qui rompt
La monotonie
Oiseau bleu des rêves
Porcelaine de notre enfance.

Carole Radureau (21/04/2018)

« Quand vous atteindrez le cœur de la vie, vous trouverez la beauté de toute chose, même dans les yeux aveugles à la beauté. »

Khalil Gibran, Le sable et l’écume

Tout ce qui vit me plaît
Tout ce qui vit trouve grâce à mes yeux
Tu ouvres ta petite bouche en grand
Je vois tes petites dents étamines éblouies
Et sort alors
Ton chant
Flûte des Andes, tambour des Garifunas
Tu me souris
Le soleil fuse et sous ta jupe
Transparente
Je revois le sucre épanoui du printemps
L’air a cette senteur à nulle autre pareille
Je suis petite fille batifolant dans l’herbe
Avec pour toute valise
Un chemin d’odeur
Une mémoire olfactive tournée
Vers la vie.

La vie me plaît
Même quand elle me déplaît
Elle me tire à elle c’est plus fort que moi
Je veux encore apprendre le morse des mésanges
Rimer chaque gramme de chlorophylle
Chaque rayon de lune
Chaque bouton qui s’épanouit fruit à demi
Consumé
Quand le jour se lève que le ciel s’est permis
D’effacer
Les vilaines traces de sa colonisation
Le bleu s’invite plus que de coutume
Le gris s’efface et plus une onde ne veut vibrer
Aussi fort que l’azur.

Tout ce qui vit est sacré à nos yeux
Le sang du châtaignier le rire de la fougère
La voluptueuse chanson de la rose naissante
Le petit oisillon ébouriffé
L’araignée en varappe
Le merle champion de course à pied
Puis le volcan Lanin qui dresse sa vérité
Fait bouillir sa marmite
Ecrivant à son cousin le glacier de Béring
Une mélopée de résistance.

Chaque plante est utile chaque pierre est un coussin
Où reposer nos contraintes
A interroger à faire luire le message du passé
Chaque minéral est un sang figé qui vibre
Qui nous dit : je veux rester caché.

J’écrirais pour la vie car la mort ne me plait pas autant
J’écrirais car la muse est rentrée de son escapade
Fille des sens épanouie par l’aube attisée par l’aurore
Elle est une vie qui se décline dans chaque seconde
Courant sautant s’esclaffant rimant
Porte-parole de ce qui vit la muse
C’est un stylo sans encre
Ou bien c’est de l’encore
Qui dicte et qui balance
Entre vivre
Et vivre.

Carole Radureau (19/04/2018)

Vibration écrit en mon nom
Le frisson
Qui naît
Parcourant la vallée
De mon échine
Evoquant ton nom
Murmure
Entre deux murs
Frisson courant le fil de la raison
Rasoir évocateur
Tranchant de vie
Telle une tranche de pain
Régulière
Sur laquelle
Y coucher ton nid
Précieux
Humeur valeur sûre
De l’humus dérivé de la question
Du souterrain de la vie
Racine
Au plus profond
Enfouie
Dans son sein de fibres et de chaude
Douceur
Cocon à germer
Nid douillet
D’où part la flamme
Erigée sur le
Mont de la forêt
Le mont ?
Cette petite butte qui lève son poing
Jusque dans ta direction
Cette petite niche
Naturelle
Dans laquelle
Tu as choisi
Frisson
De naître
Beauté
Quatre saisons en tes yeux
Eveillés ton regard
Si vert ta lueur d’espoir
Frisson qui vibre au son du vent
Léger comme ton
Souffle
Regard ton regard
Sur la croupe des ans
Je vibre en ton frisson ton frisson
Printemps fécond
Qui court sur mon iris comme un voile
De tendresse.

Carole Radureau (17/04/2018)

…..La muse Escher…..

Le miroir de la vérité est en toi
Dit le temps
Et sans attendre
Il tourne ses pas vers la vérité
De ton lendemain

Il n’y a pas de logique dans la direction
D’une trotteuse
Elle a pris la queue de pie du froid
Noire dans la nuit blanche
Et dans la poudreuse de sa vie
Elle a allumé un incendie
De coton

Change de trajectoire
Outarde qui a peur du vent
Fille de la girouette, tes sens
Ont trempé dans la vertu chimique
Des toxiques
Une boussole en toi a perdu sa vérité
Où est le miroir de satiété ?

Là dans le nid du volcan
Le coucou y a puisé son suc ultime
Sa perle d’occupation
Il a permis au goût de la lave
De sucrer sa pertinence

Le miroir de la vérité est parti en direction du
Sud
Les bernaches ont le vent en poupe
Sur des îlots
Chevelus
Elles iront déposer
Un œuf en or d’éternité

Il n’y a pas de sens il n’y a pas de règle
Laissez-moi vivre où bon me semble
Déposer mon œuf-fardeau
Comme un colis précieux sur un quai
Je l’ouvrirais plus tard
Quand le monde sera plat
Sans sens.... sans interdit..... sans logique.... sans
civilisation.

Carole Radureau (08/04/2018)

Donnez-moi le frisson
Qui lève son cri
Dans la nuit des bosquets
Donnez-moi la fille
Qui devient mère
Et laisse échapper son fruit
Dans un murmure voluptueux

Je serais celle qui conjugue
La douceur de l’arôme à l’épine
Je serais la fille de la tendresse
Toute habillée de la brume tranchante

Cherchez-moi dans le taillis
Je suis une surprise en ma robe
Endimanchée
Trouvez-moi dans le taillis
Parfois plus vite vos membres
Me rencontrent
Avec douleur ils n’ont pas vu
Les barricades de ma pureté

Je serais celle qui offre sa délicatesse
Aux confitures et aux gelées
Je serais le hors d’œuvre des oiseaux
La tarte aux fruits des bois ne peut
M’oublier
Retranchée dans mon buisson de timidité
Coupez-moi à la machette
Jamais vous n’obtiendrez de moi que cesse
Ma racine profonde
Qui dans tous les sous-bois
Rythme de sa transcendance
La géographie de la forêt.

Carole Radureau (07/04/2018)