Publié le 27 Juillet 2013
Dans le feuillage du matin
Ils ont repris leurs fers
Et leurs places sous le joug.
Ils auraient pu s’envoler ailleurs
Mais ils étaient de cette glèbe qui devrait s’ouvrir au bonheur pour tous.
A les voir revenir
Les bergers ont entrebâillé la crèche.
Ils rient
Sûrs de leur temps
Et ont remisé
Leurs fouets acérés
Sous les arbres décharnés de leur vie.
Ils ont rouverts sur les gens d’en-dessous
Les nuages qui charrient la boue
Et marbrent
Le regard du cœur.
Alors
Comme toujours
Le soleil
Suspendu aux lèvres de l’aurore
Tremble
Avant de gravir l’escalier
Vers le dais des maîtres.
Dans leur Olympe éternel
De leur balcon
Les maîtres
Plus bas que l’espérance
Contemplent
Ce troupeau d’innocents
Regroupés à nouveau
Dans leurs basses fosses
Sans idée et sans tain
Mais
Qui font leur richesse
Depuis le premier cri du temps.
Pourtant
En dessous
Le rêve
Va devenir plus vaste que tout.
Il se vêt dans la lampe de l’esprit
Au chevet d’un bourdonnement
Dans le vol d’un oiseau libre
Comme dans le lilas fleuri.
Bientôt
Dans les rues noires
La vie immobile
Tombée et emmurée sans parler
Chante avec son voisin
Et s’éparpille
Comme une nuée de comètes dans une nuit d’été.
Ils vont être
Mille bouches
Et mille cerisiers
Soudain
Plus nombreux que le plus grand nombre
Pour faire éclore partout
La bonne idée.
Mais jour après jour
A picorer les astres
Dont se ceignent
Les maîtres
A défaire
Nuit après nuit
Le licol du songe réel
A reproduire
Le fil printanier
Dans les impasses monocordes
Du Labyrinthe
A retirer
L’œil du vouloir
Du fond de son puits
Les vieux démons
Suspendus dans notre air
De leurs doigts effilés
Ordonnent
D’abolir l’envie
De la bonne idée.
L’orage est dit
Et suscite le crime et la foudre
Comme une nuit sans étoile ni lune
Qui s’ouvre
Et puis se multiplie à l’infini.
L’hiver jusqu’à la nuit
Qui referme les fenêtres
Autant qu’il en peut.
La rue redevient silence
Et les semailles s’éteignent
Devant les échafauds
Trempés jusqu’aux cieux
Dans le sang.
Dormez bien
Gens de misères
Il est minuit
Et il le restera.
Les bourreaux
Tranchent
Les mains fragiles accrochées à la bonne idée
Comme le rêve débroche son tain
Et se perd
Dans le vide du miroir.
Les champs froids retournent à la nuit
Et des cœurs atones
Jettent l’ancre
Et se chargent de désespoir
Pour s’y noyer.
Lorsque toute la terre
Enfin
A repris son long profil de pierre
Que plus aucun frisson ne se forge
Sur l’enclume du soleil
Le tunnel obturé à ses deux bouts
Les maîtres
Se sont rendormis dans leur arc-en-ciel.
Ils ne sont rien.
Pourtant
Depuis le commencement de l’azur
Ils s’y trouvent
Eux et eux seuls
Et continuent
A rançonner
Notre force
Notre intelligence
Et notre écorce nouvelle
Pour exister dans leur sphère
Comme se repaît
L’araignée grosse de venin
Alors
Ils auraient pu mentir indéfiniment
Et dire que la nuit était la lumière
Ils auraient pu taire
Sous les baillons
Le chœur de leurs espoirs.
Mais ils se sont levés
Encore une fois
Une fois de plus
Oubliant le givre sur leurs écailles
Le plomb sur leurs ailes
Et comprenne qui veut
Ils sont repartis
Forger la bonne idée à la vie.
Offrir l’idée comme on boit à une fontaine
Et défroisser l’esprit de ses feuilles jaunies
Les âmes enflammées ouvrirent tous leurs pênes
Comme l’arabesque décatie dans son nid.
Ce ne serait plus l’hiver ni même l’automne
Une jeune envolée a quitté sa portée
Les gardiens avachis sur leur seuil monotone
En ont cependant mesuré l’immensité.
Un vol puis un autre remplaçant les nuages
Et au portail défait une étoile à cent yeux
Blondissent d’embellie la rue et les visages
Le silence se déblaie jusqu’au bout des cieux.
Le jour
Ouvre alors un œil
Et dénoue le soleil timide.
Mais
Qui peut se plaindre
De ce premier sourire
Frêle et déjà fécond.
Les grandes ombres se sont enfuies sur l’autre rive
Enserrant ceux qui le voulaient bien.
Qu’importe
Le jeune écolier a déjà écrit demain.
Oui
La nuit vient de s’écrouler derrière la montagne
L’heure est encore dépeuplée
Mais déjà on devine
Le temps carminé
Des baisers.
Des pas vont et s’allongent
Sur le sentier neuf
Pour faire trébucher
L’air infertile à tout jamais.
Peuple
Formez vos rangs
Pour étendre la bonne idée.
Peut-être
Que chez nous
Encore
La rue est interminable
Que les ruches sont pauvres
Les matins froids
Et les maîtres impérieux
Pour sceller nos yeux.
Mais
Un jour
Clair comme une fontaine
Le marteau chantera sur l’enclume
Et la bonne idée renaîtra.
Cela est de tous les temps.
Pour ne pas perdre le fil de la bonne idée :