Publié le 27 Juillet 2013

     Creative Commons (BY-NC)  Auteur     Dominique Chanut

Creative Commons (BY-NC) Auteur Dominique Chanut

Retour

 

Dans le feuillage du matin

Ils ont repris leurs fers

Et leurs places sous le joug.

Ils auraient pu s’envoler ailleurs

Mais ils étaient de cette glèbe qui devrait s’ouvrir au bonheur pour tous.

 

A les voir revenir

Les bergers ont entrebâillé la crèche.

Ils rient

Sûrs de leur temps

Et ont remisé

Leurs fouets acérés

Sous les arbres décharnés de leur vie.

Ils ont rouverts sur les gens d’en-dessous

Les nuages qui charrient la boue

Et marbrent

Le regard du cœur.

Alors

Comme toujours

Le soleil

Suspendu aux lèvres de l’aurore

Tremble

Avant de gravir l’escalier

Vers le dais des maîtres.

 

Dans leur Olympe éternel

De leur balcon

Les maîtres

Plus bas que l’espérance

Contemplent

 Ce troupeau d’innocents

Regroupés à nouveau

Dans leurs basses fosses

Sans idée et sans tain

Mais

Qui font leur richesse

Depuis le premier cri du temps.

 

Pourtant

En dessous

Le rêve

Va devenir plus vaste que tout.

Il se vêt dans la lampe de l’esprit

Au chevet d’un bourdonnement

Dans le vol d’un oiseau libre

Comme dans le lilas fleuri.

Bientôt

Dans les rues noires

La vie immobile

Tombée et emmurée sans parler

Chante avec son voisin

Et s’éparpille

Comme une nuée de comètes dans une nuit d’été.

Ils vont être

Mille bouches

Et mille cerisiers

Soudain

Plus nombreux que le plus grand nombre

Pour faire éclore partout

La bonne idée.

 

La bonne idée de Roger Colombier
La foudre des maîtres

 

Mais jour après jour

A picorer les astres

Dont se ceignent

Les maîtres

A défaire

Nuit après nuit

Le licol du songe réel

A reproduire

Le fil printanier

Dans les impasses monocordes

Du Labyrinthe

A retirer

L’œil du vouloir

Du fond de son puits

Les vieux démons

Suspendus dans notre air

De leurs doigts effilés

Ordonnent

D’abolir l’envie

De la bonne idée.

 

L’orage est dit

Et suscite le crime et la foudre

Comme une nuit sans étoile ni lune

Qui s’ouvre

Et puis se multiplie à l’infini.

L’hiver jusqu’à la nuit

Qui referme les fenêtres

Autant qu’il en peut.

La rue redevient silence

Et les semailles s’éteignent

Devant les échafauds

Trempés jusqu’aux cieux

Dans le sang.

 

Dormez bien

Gens de misères

Il est minuit

Et il le restera.

Les bourreaux

Tranchent

Les mains fragiles accrochées à la bonne idée

Comme le rêve débroche son tain

Et se perd

Dans le vide du miroir.

Les champs froids retournent à la nuit

Et des cœurs atones

Jettent l’ancre

Et se chargent de désespoir

Pour s’y noyer.

 

Lorsque toute la terre

Enfin

 A repris son long profil de pierre

Que plus aucun frisson ne se forge

Sur l’enclume du soleil

Le tunnel obturé à ses deux bouts

Les maîtres

Se sont rendormis dans leur arc-en-ciel.

Ils ne sont rien.

Pourtant

Depuis le commencement de l’azur

Ils s’y trouvent

Eux et eux seuls

Et continuent

A rançonner

Notre force

Notre intelligence

Et notre écorce nouvelle

Pour exister dans leur sphère

Comme se repaît

L’araignée grosse de venin

La bonne idée de Roger Colombier
La forge cardinale

 

Alors

Ils auraient pu mentir indéfiniment

Et dire que la nuit était la lumière

Ils auraient pu taire

Sous les baillons

Le chœur de leurs espoirs.

Mais ils se sont levés

Encore une fois

Une fois de plus

Oubliant le givre sur leurs écailles

Le plomb sur leurs ailes

Et comprenne qui veut

Ils sont repartis

Forger la bonne idée à la vie.

 

Offrir l’idée comme on boit à une fontaine

Et défroisser l’esprit de ses feuilles jaunies

Les âmes enflammées ouvrirent tous leurs pênes

Comme l’arabesque décatie dans son nid.

 

Ce ne serait plus l’hiver ni même l’automne

Une jeune envolée a quitté sa portée

Les gardiens avachis sur leur seuil monotone

En ont cependant mesuré l’immensité.

 

Un vol puis un autre remplaçant les nuages

Et au portail défait une étoile à cent yeux

Blondissent d’embellie la rue et les visages

Le silence se déblaie jusqu’au bout des cieux.

 

Le jour

Ouvre alors un œil

Et dénoue le soleil timide.

Mais

Qui peut se plaindre

De ce premier sourire

Frêle et déjà fécond.

 

Les grandes ombres se sont enfuies sur l’autre rive

Enserrant ceux qui le voulaient bien.

Qu’importe

Le jeune écolier a déjà écrit demain.

 

Oui

La nuit vient de s’écrouler derrière la montagne

L’heure est encore dépeuplée

Mais déjà on devine

Le temps carminé

Des baisers.

Des pas vont et s’allongent

Sur le sentier neuf

Pour faire trébucher

L’air infertile à tout jamais.

Peuple

Formez vos rangs

Pour étendre la bonne idée.

 

Peut-être

Que chez nous

Encore

La rue est interminable

Que les ruches sont pauvres

Les matins froids

Et les maîtres impérieux

Pour sceller nos yeux.

Mais

Un jour

Clair comme une fontaine

Le marteau chantera sur l’enclume

Et la bonne idée renaîtra.

 

Cela est de tous les temps.

 

Roger Colombier

 

 

 

 

Pour ne pas perdre le fil de la bonne idée :

 

Les gens du dessous

Nos maîtres

 

 

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Les chroniques de Roger

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Publié le 22 Juillet 2013

Palestine ton nom résonne à jamais
.......Les défricheurs d’amour exécutent leur besogne, arrachant l’olivier à la terre, comme on enlève un enfant à sa mère...........

Le peuple a drapé le désert d’une larme

Qui cristallise chaque grain de sable

Des souffrances ancestrales …

Résistant à la furie des vents

Les dunes dessinent un keffieh

Qui imprègne la terre d’un esprit de lutte

Les défricheurs d’amour exécutent leur besogne

Arrachant l’olivier à la terre

Comme on enlève un enfant à sa mère

Mais le cri monte des pierres

Gronde comme jaillit la lave

La liberté sortira de tes entrailles

Palestine ton nom résonne à jamais

Comme un enfant qui hurle à la vie

Comme une patrie à sa terre unie

Tu chantes à la face du monde ta berceuse

Qui protège tes enfants des chars

Qui assouvit leur faim et étanche leur soif

Les figuiers n’offrent plus leurs fruits à tes martyrs

Victimes d’une chambre à gaz alimentée par la communauté

De ceux qui se prétendent humains

Que tu sois terre promise, terre sainte ou terre sacrée

Ton ventre engendrera la paix et la liberté

L’inéluctable victoire des peuples sur les dieux

Hobo Lullaby ( Palestine)

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........Tes cheveux ont la couleur de l’olive, A laquelle nous n’avons plus le droit de toucher............
Palestine ton nom résonne à jamais

Dans tes yeux,
Mon enfant,
J’ai lu l’exil.
Toi, qui es né
Loin du pays,
Tes cheveux ont la couleur de l’olive
A laquelle nous n’avons plus
Le droit de toucher.
Dans l’éclat de tes dents serrées,
Mon enfant,
Je regarde
Des milliers d’étoiles calcinées,
Nos terres volées,
Nos maisons bombardées,
Des bouquets de poings
Tombant sous les orangers.
Dans le mercure de tes larmes,
Mon enfant,
J’ai lu l’exil,
L’exil d’un peuple.

© Mokhtar El Amraoui (Exil in "Arpèges sur les ailes de mes ans")

Retrouver EXIL sur le site de Mokhtar El Amraoui ICI

Le site de Mokhtar ICI

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Palestine ton nom résonne à jamais
........Ni patrie ni exil que les mots, mais passion du blanc pour la description des fleurs d'amandier.........

Pour décrire les fleurs d'amandier,
l'encyclopédie des fleurs et le dictionnaire
ne me sont d'aucune aide...
Les mots m'emporteront
vers les ficelles de la rhétorique
et la rhétorique blesse le sens
puis flatte sa blessure,
comme le mâle dictant à la femelle ses sentiments.
Comment les fleurs d'amandier resplendiraient-elles
dans ma langue, moi l'écho ?
Transparentes comme un rire aquatique,
elles perlent de la pudeur de la rosée
sur les branches...
Légères, telle une phrase blanche mélodieuse...
Fragiles, telle une pensée fugace
ouverte sur nos doigts
et que nous consignons pour rien...
Denses, tel un vers
que les lettres ne peuvent transcrire.
Pour décrire les fleurs d'amandier,
j'ai besoin de visites
à l'inconscient qui me guident aux noms
d'un sentiment suspendu aux arbres.
Comment s'appellent-elles ?
Quel est le nom de cette chose
dans la poétique du rien ?
Pour ressentir la légèreté des mots,
j'ai besoin de traverser la pesanteur et les mots
lorsqu'ils deviennent ombre murmurante,
que je deviens eux et que, transparents blancs,
ils deviennent moi.
Ni patrie ni exil que les mots,
mais passion du blanc
pour la description des fleurs d'amandier.
Ni neige ni coton. Qui sont-elles donc
dans leur dédain des choses et des noms ?
Si
quelqu'un parvenait
à une brève description des fleurs d'amandier,
la brume se rétracterait des collines
et un peuple dirait à l'unisson :
Les voici,
les paroles de notre hymne national !

Mahmoud Darwich (Pour décrire les fleurs d'amandier)

Extrait du recueil : « Comme des fleurs d’amandier ou plus loin »

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Palestine ton nom résonne à jamais
.......Je vois le leader victorieux de la révolution, me saluant d’une main de fer, l’autre main lance des éclairs............

Oui, il se peut que nous mourions, mais nous arracherons la mort de notre terre
Oui, il se peut que nous mourions, mais nous arracherons la répression de notre terre

Là-bas, au loin, si loin, ô camarade, les soldats me mèneront
Ils me jetteront dans le noir affreux, dans l’enfer des menottes

Oui, il se peut que nous mourions, mais nous arracherons la mort de notre terre
Oui, il se peut que nous mourions, mais nous arracherons la répression de notre terre

Ô camarade ! Ils ont fouillé ma chambre
Ils n’ont trouvé que des livres
Des amas d’os – mes frères qui gémissent entre père et mère
Ils les ont réveillés par des coups de pied
Ils ont embrassé la colère dans les yeux

Je suis maintenant entre les soldats de l’oppression
Je suis halé au pénitencier
Le visage de mon père m’est toujours présent, m’armant d’espoir
Ma mère gémit longuement et mes frères crient
Quelques voisins sont autour, chacun ayant un fils dans les prisons
Mais malgré l’oppression des soldats, j’ai levé une main alourdie de chaînes et j’ai crié :
Je reviendrai avec une armée de camarades, de tonnerres
Je vois là-bas un ouvrier dans la rue
Je vois le leader victorieux de la révolution
Me saluant d’une main de fer, l’autre main lance des éclairs
Je suis maintenant entre des centaines de camarades
Je serre mes mains aux leurs
Je me sens fort, je vaincrai ma cellule
Où nous ne mourrons pas, nous vivrons même si les menottes brisent nos os
Même si les fouets nous déchirent
Même s’ils jettent nos corps au feu

Oui, il se peut que nous mourions, mais nous arracherons la mort de notre terre
Oui, il se peut que nous mourions, mais nous arracherons la répression de notre terre

Palestine ton nom résonne à jamais
Mo’in Bsesso (Oui, il se peut que nous mourions)

Source : « Palestine et Palestiniens. »
Groupe de tourisme alternatif.
Ramallah, 2003.

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Palestine ton nom résonne à jamais
........Ils se rappelleront alors les matinées de la rosée, l’odeur de l’eau et les fumées de l’aube sur la lune............

La paix, je la demande à ceux qui peuvent la donner
Comme si elle était leur propriété, leur chose
Elle qui n’est pas colombe, qui n’est pas tourterelle à nous ravir,
Mais simple objet du cœur régulier,
Mots partagés et partageables entre
les hommes
Pour dire la faim, la soif, le pain, la poésie
La pluie dans le regard de ceux qui s’aiment

La haine. La haine.
Ceux qui sont les maîtres de la paix sont aussi
les maîtres de la haine
Petits seigneurs, grands seigneurs, grandes haines toujours.
L’acier est là qui est le métal gris-bleu
L’atome est là dont on fait mieux que ces compotes
Qu’on mange au petit déjeuner
Avec du beurre et des croissants

Les maîtres de la guerre et de la paix
Habitent au-dessus des nuages dans des himalayas,
des tours bancaires
Quelquefois ils nous voient, mais le
plus souvent
c’est leur haine qui regarde :
Elle a les lunettes noires que l’on sait

Que veulent-ils ? Laisser leur nom dans l’Histoire
À côté des Alexandre, des Cyrus, des Napoléon,
Hitler ne leur est pas étranger quoi qu’ils en disent :
Après tout, les hommes c’est fait pour mourir
Ou, à défaut, pour qu’on les tue

Eux, à leur façon, qui est la bonne, sont les serviteurs d’un ordre
Le désordre, c’est l’affaire des chiens – les hommes, c’est civilisé
Alors à coups de bottes, à coups de canons et de bombes,
Remettons l’ordre parto
ut où la vie
A failli, à coups de marguerites, le détraquer

À coups de marguerites et de doigts enlacés, de saveur de lumière,
Ce long silence qui s’installe sur les choses, sur chaque objet,
sur la peau heureuse des lèvres,
Quand tout semble couler de source comme rivière
Dans un monde qui n’est pas bloqué, qui est même un peu ivre,
qui va et vient, et qui respire…

Ô monde… Avec la beauté de tes mers,
Tes latitudes, tes longitudes, tes continents
Tes hommes noirs, tes hommes blancs, tes hommes rouges,
tes hommes jaunes, tes hommes bleus
Et la splendeur vivace de tes femmes pleines d’yeux et de seins,
d’ombres délicieuses et de jambes
Ô monde, avec tant de neige à tes sommets et tant de fruits
dans tes vallées et dans tes plaines
Tant de blé, tant de riz précieux, si seulement on voulait
laisser faire Gaïa la généreuse
Tant d’enfants, tant d’enfants et, pour
des millions
d’entre eux, tant de mouches
Ô monde, si tu voulais seulement épouiller le crâne chauve
de ces pouilleux, ces dépouilleurs
Et leur glisser à l’oreille, comme dictée de li
bellule,
un peu de ta si vieille sagesse

La paix, je la demande à tous ceux qui peuvent la donner
Ils ne sont pas nombreux après tout, les hommes
violents et froids
Malgré les apparences, peut-être même ont-ils encore
des souvenirs d’enfance, une mère aimée,
un très vieux disque qu’ils ont écouté jadis
longtemps, longtemps

Oh, que tous ces moments de mémoire viennent à eux
avec un bouquet de violettes !
Ils se rappelleront alors les matinées de la rosée
L’odeur de l’eau et les fumées
de l’aube sur la lune

Palestine ton nom résonne à jamais
Salah Stétié ( L'odeur de l'eau)

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Palestine ton nom résonne à jamais
.......Un jour, un mur poussa dans mon jardin, il portait en lui le germe de la violence, il s’appelait exclusion........

J’avais une maison autrefois.

Fraîche, sobre

toute de simple facture,

il y faisait bon vivre

et chacun

aimait y passer son pas.

J’aimais le fruit du grenadier,

quand dans ma bouche les graines

acidulées, de leur jus tendre

laissaient croquer le suc de l’espérance.

Un jour, un mur poussa dans mon jardin

Il portait en lui le germe de la violence

Il s’appelait exclusion

Il était plus laid que de raison

Il cacha pour toujours mon horizon

Ainsi que celui de mon peuple.

Où sont passés les orangers ?

Les champs remplis de leurs jolies silhouettes

dont les fleurs embaumaient alentour ?

Où sont passés les fruits de l’amour ?

Ceux pour lesquels la vie

méritait son détour.

Un jour la terre dans nos mains

filait, sèche comme dans un sablier.

L’eau manquait

Le mur la coupait

D’un côté les champs fleurissaient, fertiles,

du nôtre, le désert installa sa minérale carapace.

Un jour, la terre fut rouge.

Oui, rouge du sang de nos morts.

Elle absorbait, tel un buvard

ce sang si pur de l’injustice.

Mais elle saturait, la terre.

Ce n’était pas de sang dont elle rêvait.

C’était d’eau.

D’eau et de justice.

J’aimais fabriquer une couronne

avec les blanches fleurs du jasmin,

enfiler ses petites étoiles

sur le fil du lendemain,

puis sur la tête de mon adorée

la coucher comme si une reine

alors aux yeux de tous elle devenait.

Parfum de jasmin,

larmes aux yeux de ma biche :

mes mots vous recouvrez

d’une couronne fétiche.

Le soir, le ciel bleu nuit s’illumine,

on se croirait en plein jour.

Est-ce le dessin de la galaxie qui s’imprime

sur l’écran du décompte de nos jours ?

Non. Ce sont les tirs des roquettes

de notre quotidien.

Les éclats parfois sur nos sols

telles des pierres brillent d’un horrible constat :

demain, combien de morts inutiles

au sein du peuple opprimé ?

Combien d’enfants arrachés à la vie ?

Assez de sang a coulé

irriguant nos générations

de sa rouge couleur faisant jaillir des tisons

dans nos cœurs perdus.

L’apartheid tue depuis 60 ans.

Le savez-vous, amis ?

Le tunnel est sans fin,

jamais nous n’avons vu la lumière

au bout de notre chemin de misère.

Palestine ton nom résonne à jamais

Palestine, mon amour

Entends-tu mon sang au loin

Qui tape dans son cœur lourd

Contre le mur du destin ?

Carole Radureau (Sur le pas de ma maison 24/06/2013)

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Lance-pierre

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Publié le 17 Juillet 2013

Au-dessus

Il y a nos maîtres

Assis sur notre faix

Jamais à côté pour mieux l’alourdir

A leur gré.

Parfois

Si peu

Ils jettent une flammèche vers nos sébiles

Pour nous faire saliver

Avant que l’on s’entredéchire

Pour une étincelle éphémère.

 

Les maîtres

Vont autrement.

Pour eux

Le soleil est toujours très long

Bordé de sources claires et d’oranges sucrées toute l’année.

D’ailleurs

L’azur est si intense

Que chaque jour est dimanche

Et la nuit pulpée d’oiseaux dans les étoiles.

 

Les maîtres

Ont

Pour eux

Des bergers

Choisis dans les gens du dessous

Qui

De leurs crosses

Ramènent l’égaré

Vers la poussière des décombres et son feu mort.

Parce que c’est écrit ainsi depuis le premier matin :

Les gens d’en-dessous doivent courber l’échine

Et souffrir sans grandir ni dire un mot.

 

Chut

Ne parlez pas

De la bonne idée.

 

Roger Colombier

 

 

Nos maîtres de Roger Colombier
La quête

 

Pourtant

Enfin

Un

Deux

Puis trois

Et sûrement plus

Chacun se croyant seul

Ont écarté leurs ailes

Pour franchir le verrou de leur solitude

Et se sont rejoints.

 

Enfants-oiseaux

Souhaitant une apparence à l’homme

Ils ont volé

Dans leurs têtes

 Vers le levant

Qui fait le blé du monde.

 

Les bergers n’ont pas bronché à cette fuite infidèle.

Elle périra certainement

Sur le bûcher même de sa folie.

A moins de s’en retourner

Au premier vent contraire

Famélique et sans orbite

Pour

Se reconvertir

Dans la multitude informe

Entre leurs gardiens de toujours.

 

Mais

Ils sont restés liés

Sans casser leur élan vers le rêve ardent

Dans leurs têtes.

Ils vont à cœur d’ailes

Pour dépasser l’abscisse de l’horizon éteint

Avec l’étrave de la bonne idée

Comme un vol anguleux

Revient vers son nid

Pour renaître.

 

Un songe ils tressent dans le lait du paysage

Comme une fleur nouvelle au seuil de l’avenir

La bonne idée n’a pas encore de visage

Mais en chacun elle fermente en devenir.

 

Demain elle sera au pic de la mâture

Et des frères divisés ne le seront plus

Débarrassés de l’absurde de leurs clôtures

Les hommes vogueront menés par le bon flux.

 

Avec la bonne idée s’abjureront les haines

Les potences assoiffées d’aubes sans filament

Le joug ramassé hachant les os sous la peine

Et toutes ces choses rendant le ciel dément.

 

L’heure est donc venue

Façonnée de chairs de sang

Et de la bonne idée.

Ils vont revenir chez eux

Chargés de semences

Et faire flotter la pierre

Sous le fil de l’eau.

 

 

Roger Colombier

 

 

 

 

Merci beaucoup Roger

 

"Pourquoi le ciel si matin

s'est-il vêtu de ses brouillards ?" (Pablo Neruda)

Nos maîtres de Roger Colombier

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Les chroniques de Roger

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Publié le 3 Juillet 2013

 

Première partie

 

Les gens du dessous

 

 

Les morsures du temps ont décousu leurs sillons fragiles.

Comment trier le vrai du faux

Quand le mur de la nuit

Comme une eau morte

Engloutit les cœurs ?

 

Ils sont dans les bois morts de la ville

Que leurs anciens

Éreintés

Ont posé là depuis le commencement de l’horizon

Un soir de désespérance

Au bord de la Terre.

 

Leurs toits sont affûtés pour éclater le rêve

Leurs murs faïencés de paraboles et de néons

Pour leur faire croire

Qu’ils ont la liberté de lire la carte du ciel.

 

Plusieurs humanités

Trempent dans cette feuillée

Mais en suspens

Les unes par rapport aux autres.

Ceux qui partent vers la soufrière du labeur

Courent dans l’aube courte et sans figure

Sans le chant du coq

Renversé à tout jamais.

Au soir

On revient dans sa bogue

Avec la même absence qu’au matin

Et puis s’endormir

Sur des pierres vieilles

Près de la veilleuse fanée.

Ceux qui n’ont pas d’ouvrage

Ont aussi de la suie sur leurs visages et leurs âmes.

A l’ancre

Sans gréement

Ils tanguent au bord des premiers

Sans mot dire

Mais épiant qui s’égarera

Pour ne plus revenir dans la coulée

Afin de lui ravir sa trace

Cousue de fil gris et de fatalités divines.

 

Les maîtres assis sur les yeux de tous

Comment voir le possible

Et colorier le temps de cerise et de lilas

Quand l’unique ambition

Est

 De ravauder la lumière avec des bouts de rien

Ou de marauder une racine

Dans le clos décharné du voisin ?

Le silence pour tout songe

Sans un regard vers l’autre

Comment s’entendre et puis se raconter ?

Comment se lever ensemble

Et semer la bonne idée ?

 

En ce temps entendu depuis l’âge de l’eau

Tous ont repris les vieux outils d’hier

Qui font

Que les ombres se gavent d’ombres

Et que le gris

Est pris pour de la couleur vive.

Il tombe alors un présent

Qui se conjugue au passé absurde

Et le ciel se vide

Dedans comme dehors

Sans l’abeille de la bonne idée.

 

Roger Colombier

 

Les gens du dessous de Roger Colombier
Les gens du dessous de Roger Colombier

"La poésie est de toutes les eaux claires celle qui s'attarde le moins aux reflets de ses ponts. Poésie, la vie future à l'intérieur de l'homme requalifié."

René Char

Merci beaucoup à toi Roger.

Pour suivre Les chemins de faire de Roger Colombier, c'est ICI

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Les chroniques de Roger

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