Le caillou veut être lumière. Il fait luire en l'obscurité des fils de phosphore et de lune. Que veut-il ? se dit la lumière, car dans ses limites d'opale elle se retrouve elle-même et repart. Federico Garcia Lorca
Van Gogh, tournesols, 5 fleurs dans un vase - Par Vincent van Gogh — Somewhere on the internet, it's public domain anyway, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=665654
Je cultive les fleurs de ma pensée
Inconsciemment peut-être
Sans déterminer la date du semis
Ni envisager la date de la cueillette
En moi-même danse une grande fleur
Une fleur couleur de soleil
Aux bras-pétales de tournesol
Au cœur vibrant d’énergie
Dansant au son de la chacarera de las piedras
Au rythme du chamamé, du folklore
Des Andes
Elle se tortille la fleur
Elle aime vivre, elle
Veut le faire savoir
En moi-même vit une grande fleur
Sa couleur est celle du soleil
Sa vitalité est une force en soi
Qu’il faut extirper
Et puis la montrer
La poésie est extractrice de fleurs
De merveilles nichées dans nos cœurs
Et si âme nous avons en elles sont les fleurs
Qui rappellent la beauté
La joie d’aimer
Aussi jaune que brillent les rayons del sol
Aussi vive que la vie qui fuse chant d’oiseau
Aussi tendre que deux bras qui s’ouvrent
Elle danse au rythme du sone cubain
Chaleur profonde partage fusion liberté.
Se lever le matin
Qu'il fasse beau ou qu'il pleuve
Remercier pour le ciel
Pour le cœur qui bat
La vie chaque jour qui se lève
Comme un cadeau
Renouvelé
Voir la beauté des choses
Un monde à nul autre pareil
Elle est partout cette beauté
Cachée dans un bol de soupe
Souriant dans la bouche des roses
Pépiant attendant la becquée
Dans l'albizia
Se satisfaire de choses simples
Le quotidien est bourré de cadeaux
Remercier pour sa bonne santé
Sa mémoire intacte
Son désir de vivre
De se hisser vers une force vive
Se coucher le soir
Que le soleil disparaisse en traces voluptueuses
Que l'orage gronde éclairs à l'appui
Avec la promesse d'un lendemain fécond
Remercier pour le jour donné
Les yeux tournés vers la mère lune, cette
Conseillère
Remercier pour le goût de la coriandre
Pour l'attention des êtres aimés
Remercier pour le ronronnement d'un chat
Pour son regard d'ambre tendre
Remercier pour tous ces présents
Pour la force vive des ans
Remercier pour être entouré
Pour chaque moment qui porte à élever
Ses forces
Bien au-delà du subconscient.
Elle ne fera pas faillite
La fabrique à sourires
Ni plans de licenciement
Ni délocalisation
Quand il s’agit d’inonder le monde
De millions de sourires
Le stakhanovisme est la règle
Et la chaîne de sourire
Va,
Continuellement.
Nulle exploitation des travailleurs
Nulle contrainte ni heures sup
La fabrique à sourires
Tourne 24 sur 24
Par la ronde des bénévoles
Désirant allumer
Sur les faces tristes du monde
Des sourires lumineux.
Que le sourire fuse
Que le sourire s’incruste
Que le sourire soit la règle de vie
Que le sourire soit enfin reconnu
D’utilité publique.
C’est qu’il est utile et fort utile
De sourire
Face à la tristesse grande gagnante du terrain
De sourire
Face à la morosité
De sourire
Pour conjurer le mal du siècle.
Il n’est pas toujours facile de sourire
Direz-vous
C’est vrai que la règle du sourire
Se conjugue aux arpents de la lune
Et aux ondoyantes spirales des sirènes
Il faut le décrocher d’une liane de la selva
Des pattes d’un singe hurleur qui s’en sert
Pour jongler
Il faut le dénicher dans le trou de glace
Figé dans la fourrure épaisse d’un phoque
Il convient de le voir là-haut
Bien camouflé sous l’aile du tricahue
Ou bien grimpant en varappe sur la tige
Du copihue.
Je ne vous ferais pas de plan
Pour apprivoiser le sourire
Il suffit de penser à de mignonnes choses
Comme la tendresse de la rose
Et le piou- piou des moineaux
Le gazouillis d’un bébé
Son sourire en écho
La douceur patiente des yeux d’or d’un chat
La promesse d’un sourire
Dans la main aimée.
Egaré
Dans la zone découverte
Du jardin
On ne sait ce qui t’amenait ici
Oasis de verdure trompeur
Arbres élégants et élevés
Proximité de nids de passereaux
Jeune oiseau encore juste ébauché
Beauté sauvage
Et colorée
Tu as rencontré la sauvagerie féline
Et la dureté tragique de la civilisation
(La vitre).
La vie est sans doute plus forte que tout
Qui donne le coup d’aile
Pour s’échapper
De l’étreinte mortelle
Qui donne le second souffle
Pour se poser
Perché
Sur une branche solide de glycine
Tu refaisais surface et moi
J’en profitais pour te croquer
Image par image
Ton œil vif redevenait
Présent me fixant, comme me reconnaissant
Je détaillais chaque trait de toi
Tes couleurs tranchées
Le blanc moucheté de ta calotte
Qui me faisait penser que tu étais bien jeune
La délicatesse de ton bec
Comme recouvert de velours noir
Le bleu acier de tes alulas
La douceur beige rosée de ta gorge
Tu étais mon Premier Geai
(Ceci est son nom)
Un qui s’était invité sans frapper à la vitre
Un que je n’aurais espéré
Dans la cellule de mon recueillement
Si venaient à moi les oiseaux de mon cœur
De ceux que je n’ose espérer la rencontre
Un jour
Si venaient à moi dans cet oasis préservé
Toute la gent ailée
Toute la gent apoidés
Je serais alors la plus heureuse sur cette terre
Un rêve qui s’accomplirait entouré
De ce qui vit et qui offre la vie
Un rêve devenu réalité.
Livreuse de pollen
Entremetteuse
De suc de vie
Auprès des tiennes
De petites sacoches
Bien remplies
Tu apporteras
Ton pollen en cœur
Ton cœur de pollen.
Comme il est doux
Réconfortant
De voir
Ce qui peut disparaître
A l’œuvre et à l’ouvrage
Affairées petites ouvrières du
Butinage
Dispensatrices de rêves
Miellés
Comme il est beau de vous
Voir
Avec vos cœurs
En sac-à-dos
Vos petites bourses remplies
Du trésor de nectar
Ces jaunes effluves ces ors endimanchés.
Je rêve d’un jardin où bourdonne
La musique essentielle de vos vies
Je rêve d’un orchestre de musiciennes
Vêtues de leur costume rayé
Avec un cœur en guise de fortune
Avec un jaune éblouissant
Qui tinte le son de la fortune vitale
Qui reluit des dorures de la pérennité.
Qui comprendra la fougère
Qui se déploie dans l'ombre de la futaie
Fuyant la flamme de la lumière qui pointe
Préférant la chaleur
De doux bras de bois ?
Qui comprendra que lui plaît
La complicité sincère des frères du bosquet
La petite présence des insectes aux abois
Et la proximité joyeuse des oiseaux délurés ?
Qui comprendra que sa force
Elle la puise dans sa terre-mère de tourbe
Et de chaude confusion
Tellurique au centième de la seconde de vie
Fille des airs sombres et humides
Irriguant l'atmosphère forestière ?
Qui comprendra que ce qui sied à la fougère
C'est d'ériger ses crosses à la verte ramure
Dans un contexte d'amour pur
De la simplicité profonde des sentiments
Cachés ?
Ici où vit la fougère
Dans son nid, cocon de chlorophylle pure
Vit la tendresse en brassière de sincérité
Sa coiffure est une tresse de nature
Imitant le chant dressé du printemps
Sa jupe est une cicatrice de lichen éméché par
Le tourment de vivre
Son corsage est si dentelé
Qu'il a inventé un nouveau point
Le point de vague Fées des bois
Une jolie broderie imite le jour qui se lève
Et un point d'interrogation coiffe sa tête fière
Comme une requête future
Comme une clé de compréhension à la vie-même
donnée.
Attends-moi !
Tu descends trop vite
J’aimerais marcher
Lentement
Prendre le temps de vivre
De vivre en pensant à aujourd’hui
Qui rime avec envie
Et non à demain
Qui rime
Avec rien
Encore moins à hier
Qui est définitivement en terre.
Attends-moi !
Pourquoi courir sur les chemins
Quand tant de choses
Sont à découvrir
Un petit train de pollen conquis
Par la volupté des ans
Un temps pour dévorer
Ce que le monde offre
De beautés.
Attends-moi !
Je veux flâner
Cueillir ce qui se cueille
Sentir ce qui se sent
Voir ce qui peut être vu
Deviner ce qui peut l’être
Je veux rêver
Créer de ce rêve
Je veux respirer
Me remplir les poumons la gorge
De cet air qui m’a manqué
Je veux emmagasiner les senteurs
En faire un poème odorant
Je veux emmagasiner les sensations
En faire un poème qui se mange
Des yeux
Je veux câliner mon âme
La dorloter lui dire que je tiens à elle
Je veux voir le jour naître en maillot de corps
Le jour se coucher en robe des champs
J’aimerais que ta main soit dans la mienne
Quand je découvre ce qui est découvrable
J’aimerais que ton cœur tressaute
A ce qui fait tressauter le mien.
Avec son minois de poulbot
Sa bouille ébouriffée
Son air de rien
Amour portait son habit de
L’amour
Celui que la terre-mère
Lui avait confié
Il s’était épris de Liberté
Cette fille sauvage de la nuit
Lait de rizière et brin de sauge blanche
Accrochée à sa crinière
Liberté portait son air de liberté
Comme un fil de fer tressé sur sa boutonnière
De nacre
Juste ébauchée par l’abalone sculpté
Par le vent chinook.
Amour et Liberté se conjuguaient
Uniquement
Les soirs de pleine lune quand leur mère
Coquine leur faisait un clin d’œil :
Alors c’était un ciel rempli de lucioles d’étoiles
Qui éclairait la volupté si tendre de leurs caresses
Juste bercée par le blues si doux des nuages.
Amour et Liberté
Ensuite se séparaient
Forts et riches de leurs fruits sucrés
Glanés dans la nuit bleue hyménolaime
Ils étaient enrichis de leurs désirs
Ebauchés en un temps si court
Pourtant forts et profonds comme une prunelle
Au goût acre de la séparation.
Ils avaient l’un et l’autre
Un devoir à accomplir
Auquel leur amour ne souffrait pas :
Amour était un diffuseur de senteurs armoisées
A la riche tendresse propagée
Liberté était inspiratrice de premier choix
Pour irriguer les cervelles futiles des hommes
Les encourager à la suivre sur sa route, libres.
Amour et Liberté ?
Amour ou Liberté ?
Un jour Amour rimait avec toujours
L’été, Liberté rimait avec volupté
Un jour Amour était à son tour
Invité
Au printemps, Liberté était reine
Des tourments
Un jour, Amour était le prince sauvage
Rimant avec le granite
Subjuguant les orties les conjurant de ne
Plus urtiquer
L’hiver, Liberté chaussait ses bottes de fer
Pour insister, encore insister
Sur le bien fondé de son propos.
Ni l’un ni l’autre ne voulait choisir entre
Son devoir et son amour
La nature ainsi les avaient fait naître
Si le cheveu blanc de la lune avait glissé entre deux
Son lien sacré
Amour et Liberté devaient se conformer
A la sagesse tellurique
Puisant dans la grande douceur de leur étreinte
Un suc aux vitamines confites
Puisant dans la grande tendresse de leurs regards
Une carte du ciel grandeur nature
Puisant dans la force planétaire de leurs sentiments
Une aura jamais répartie
Toujours planant tel le cirrus lumineux de la vie.
S’il est une sagesse à retenir de cette histoire
Elle est fille des rizières et de Cupidon
Là où la flèche a planté son épine d’amour
Une liberté éclot qui ne peut s’évader
Car l’amour n’est pas une prison
L’amour est un nid dans lequel puiser la force
De sa propre liberté d’aimer.
Liberté était fille du vent et des nuages Elle était née d'un soupçon de lune Tombé Dans la coupe de la destinée Un soir où celle-ci était ivre et Ne retrouvait plus ses quartiers. Libert...
Amour était depuis la nuit des temps Semeur d'étamines Pourvoyeur de sentiments Il était partout Surtout où on ne l'attendait pas Amour était le roi des prestidigitateurs Le demi-frère du cam...
Amour était depuis la nuit des temps
Semeur d’étamines
Pourvoyeur de sentiments
Il était partout
Surtout où on ne l’attendait pas
Amour était le roi des prestidigitateurs
Le demi-frère du caméléon
Imitant la veine profonde d’une feuille
Se glissant
Subtil
Dans sa chlorophylle
Nichant dans le terrier du castor
Envoyant des fléchettes imprégnées
Du nectar plus ultra
Avec une sarbacane en bois de rose
Amour était tout chose
Quand il émettait le son cristallin de son cœur
Buvant l’eau de tendresse à même la rigole
D’une feuille
Pressée
Amour était un cœur d’artichaut
Doublé
D’un cœur de coquelicot
Ses ventricules étaient tendre farine de maïs
Le nixtamal était sa robe de chambre
Rien de ce qui vit ne laissait Amour
Indifférent
Une punaise en habit de lumière
Une limace incitant un pas-de-deux
Un lichen ému à en perdre ses eaux
Une branche tressée aux alentours de l’équivoque
Un décolleté dans le corsage de la jonquille
Une pierre étreinte de minis fougères
Que d’Amour
Partout sur cette terre
Ces fruits gratuits il les avait semés, lui
L’ensemenceur d’anges
Le fécondateur de désirs inavoués.
Mais un jour Amour tomba fou d’amour
A son tour
Dans un grand coup de vent était apparue
Suggérée comme un souffle,
Liberté.
Liberté
C’était l’inaccessible
L’inconjugable
L’inimitable fruit aux mille vertus
Dont le plus beau
Etait sa liberté elle-même.
Amour rêvait de capturer Liberté
Amour se disait que sans elle
Ses fruits devenaient trop tièdes
Ses graines devenaient fuyantes
Ses hélices subtiles et douces devenaient
Insignifiantes.
Il s’imaginait déjà uni à Liberté
Elle, soumise à son regard d’adorateur
Lui, soumis à sa grande aisance de mouvement.
Courant dans les champs de riz sauvage
Tels des appaloosas éméchés
Sautant par-dessus des têtes de vieillards
Dessinés par les clématites sauvages
Buvant lèvre à lèvre
Le suc doucereux de l’érable à sucre
Dormant sous les rayons de lune
Chauffés au blanc de l’espérance
Mais Liberté et Amour
Pouvaient-ils être compatibles
Sur la grande planète aux fruits bleus
Aux oiseaux de diamant dentelé
Eclairée par une lune édentée et soyeuse
Comme un déshabillé de printemps ?
Carole Radureau (19/05/2018)
Le début : Liberté
La suite : Liberté ou Amour
La suite encore : Liberté et Amour
Liberté était fille du vent et des nuages Elle était née d'un soupçon de lune Tombé Dans la coupe de la destinée Un soir où celle-ci était ivre et Ne retrouvait plus ses quartiers. Libert...
Liberté était fille du vent et des nuages
Elle était née d’un soupçon de lune
Tombé
Dans la coupe de la destinée
Un soir où celle-ci était ivre et
Ne retrouvait plus ses quartiers.
Liberté avait grandi dans l’entremise
Du temps
Ballotée de courant d’air en courant d’air
Avec un air fier
Qui lui donnait une allure échevelée
Elle courait dans les grands marais nommés
Rizières
Eprise des grains de riz sauvage ses frères
De leur liberté commune
Elle nageait dans les cours d’eau peu profonds
Fille des ondes, sœur des truites arc-en-ciel
Taquinant les brochets
Leur faisant le pied-de-nez de Liberté.
Elle était si farouche et sauvage comme le petit cheval
Des Nez-percés
Indomptable
Curieuse
Chantant à tue-tête la chorale du printemps
Apprise par les parulines azurées
Elle grimpait aux arbres pour discuter avec dame
Merlebleu qui couvait sa progéniture
Elle était diseuse de bonne aventure
Trafiquante d’histoires, bohémienne des comptoirs
De verdure.
Nul ne savait quand Liberté se rangerait un jour
Sur le conformisme des hommes ses frères
Elle qui avait appris à parler le langage des fauvettes
N’était pas prête à cela
Liberté était fille de la brume et du soleil couchant
Deux brins de lune accrochés dans ses cheveux de riz
Trois feuilles de trèfle en guise de sac à main
Sautant à qui mieux mieux sur le semblant des montagnes
Elle n’espérait qu’une chose :
Vivre libre et mourir libre.
Un jour Liberté rencontra Amour.
Il était coup de foudre camouflé dans le feuillage
D’une aubépine rose
Amour voulait amadouer Liberté
En faire son miroir de l’âme :
Ceci n’était pas une mince affaire.
Carole Radureau (19/05/2018)
La suite : Amour
Et la suite encore : Liberté ou Amour
Et encore/encore : Liberté et Amour