Tire un trait
Etend le fil
Là !!
Tu y accrocheras les messages
Ecrits
Avec des mots
Pris dans l’air de la vie
Les étoiles t’ont tout appris
Tu bégayais autrefois
Elles ont glissé dans ta glotte
La voyelle magique de l’univers
Avec sa robe de transparence
Tu zozotais autrefois
La mer dans les mains de son écume
A jeté sur ta langue
Les consonnes du verbe apparent
Il te fallait maîtriser la ponctuation
Mais la licorne a dit que point s’en faut
Fais comme tu veux
Ni majuscule ni virgule ni point
Convient très bien
Au poème
Le lire est une gageure que seuls les druides
Les vagabonds les oiseaux sauvages
Les troubadours
Connaissent
Et j’oublie de citer les fougères
Celles qui aèrent les vers de leurs ailes fragmentées
Comme un air de flamenco
Pris en flagrant délit de bois
La petite musique vient des ondes
Elle est là même quand elle n’est pas là
Elle vibre en toi mais ton métronome est trop rigide
Trop fixé sur les airs à la mode
Alors que la véritable musique elle
Se fiche bien du temps
Passe au travers
C’est une passoire d’étoiles qui ne laisse que le plaisir
D’écouter
Le poème est une joie qui chante comme un son(e)
Je sais ce n’est pas évident quand je parle de son
Il faut connaître les musiques des Caraïbes
Le son vient de Cuba et chante dans les mots de Nicolás Guillén
Dans les musiques typiques de nuestra querida isla
Ça me parle
Ça me chante
Ça m’enchante
C’est rythmé au son des tambours africains
J’y vois des sauts de gazelles mais aussi des vièles à tête de cheval
J’y vois un samovar qui sert du thé à la menthe dans le désert du Namib
J’y vois des étoiles autour d’un feu de camp
Un guitariste jouant du Led Zeppelin
Chaque étoile a piqué sur une branche une saucisse
La fait griller sur le feu de l’éternité
La poésie mène à cela
La mer est toujours là car la mer va et vient
Elle est infinie mais ce qu’elle a de beau la mer
Ce sont ses vagues
Cette belle écume toute pleine de vérités
Que lisent les crabes et les méduses
Quand on leur laisse le temps
L’écume est douce
Se glisse tel un serpent sur le sable
Tout prêt pour cela
Comme un recevoir
Il en absorbe un petit peu, le sable
C’est sa part de rêve
Son cœur d’océan qui rime au fond de la silice
Avec des mots de sucre ardent
Ce petit bruit que fait l’écume qui s’échoue sur le sable
C’est un fruit à méditation
Là
Derrière la butte de sable
Se cachent des queues de lièvre aux boutons doux comme des songes
Le pavot des sables se cache dans une théière au doux bruit d’étoiles filantes
Le pourpier de mer a fait son nid dans le sable
Mots qui se chantent
Mots qui se fichent flèches
Dans le cœur sablonneux
L’écume laitière
Le ciel fruitier
La terre nourricière
Mots qui se perdent sur la toile qui n’a de l’araignée que ce nom
Ephémère
Mots qui perdurent avec la magie de l’image qu’ils évoquent
Entre les étoiles et la mer le fil à linge est tiré
Chaque pince à poésie sera un mot
Pour écrire un poème
De tour du monde
De tour d’univers
De tour de vie qui est en vie et qui le dit.
Carole Radureau (25/09/2020)