Mes pas dans les pas des chevriers
j’allai chemin faisant mon Ardèche au cœur
dans ma besace tintinnabulant.
Je pris d’un coup de burle assené avec énergie
une bonne bolée d’air pur qui me régénéra
et les mirettes en éveil
je scrutai le lointain
attendant de découvrir les sucs qui tels des mamelons
pointaient dans la vallée leurs tétons de granite.
Cette terre fut terre de volcan,
elle nous laisse sa géographie de lave et de feu,
ce paysage accidenté plissé et joyeux
couvert de genêts d’or et souriant de ses dents écartées,
ses petits ruisseaux ses sources vives sa générosité.
Cette fois-ci c’était une bolée d’arôme de genêt
qui insuffla dans mes narines
l’huile essentielle de la vie au grand air ,
à jamais cette odeur pénétra mon humeur.
Le jaune ici est partout présent.
C’est un terroir jaunissant, un culte au soleil,
ses rayons y ont dessiné des pépites dorées,
des ligules pétillantes à la magie guérisseuse :
courbe ta jolie tête couronnée arnica parfumé
et toi, belle gentiane rafraîchissante
glisse dans ma poche ta racine vertueuse.
Mes pas dans les pas des bergers
je glisse sur les pierres qui déboulent la montagne.
Leur rigolade me prête à sourire
et je pense à cette minéralité qui sur les belles maisons
affiche sa figure sombre et sa robuste corpulence,
affiche dans ses détours sa présence fière de calcaire.
J’aime ce pays sauvage sa beauté pure et dure
j’aimerai y croquer ma part de nature,
recueillir dans ma main la farine de châtaigne,
la lave basaltique en faire mon chemin de vie
et me délecter enfin du miel des genêts diluant les folies.