Publié le 18 Mai 2014
Génocide
Cours petit homme, les oiseaux se sont tus
Cours à toutes jambes, l’Inyambo n’est plus fière de ses cornes
Fuis petit homme, l’acacia pleure son parfum
Des larmes de cauchemar coulent sur les joues des étoiles
La haine a encore ensorcelé les hommes
Ton cœur bât plus vite que les tam-tams
Les bords du lac Kivu résonnent de silence
Cours plus vite que le vent
Les hommes tuent leurs frères, leurs pères, leurs mères et leurs enfants
Cours plus vite que la peur
Le sortilège des requins assoiffés de sang frappe les tiens
Fuis petit homme, le panache n’est pas sorgho
Fuis jusqu’à ce que tu touches l’éclat des montagnes
Que la limpidité du vieux sage coule dans tes yeux
Le miel n’est jamais bon dans une seule bouche
Seul l’amour qui t’a enfanté vient à bout des cendres
Unissant les hommes comme la caresse d’une pirogue sur le fleuve
Lorsque tu regarderas les hommes le cœur et les yeux armés de cet améthyste
Alors tu pourras lever le sortilège
Les mille montagnes ne scarifieront plus la mort sur les ventres féconds
Hobo- Lullaby
***
L’écho des machettes
Ils m’ont dit :
Si tu coupes bien
Tu t’enrichis
Et sans te poser de question
Tu coupes à l’unisson.
Au loin l’écho résonne à plein
Des machettes qui s’activent au son de :
Tue ! Tue ! Tue Le tutsi !
Qu’il disparaisse enfin
De cette région bénie.
Ils m’ont dit :
Prends ta machette
Et coupes-leur la tête.
J’ai du sang sur les mains
Mais de remords aucuns !
J’ai bien travaillé
Sur la bête me suis payé
Dans les cendres j’ai pillé
Le butin du génocide au sang coulé.
Au loin l’écho résonne sans frein :
Tue ! Tue ! Tue Les tutsis !
Prends-leur têtes et vies !
En prison je croupis
Les crimes ont doit payer
Cadavres amoncelés, on a bien travaillé :
Ils sont des milliers
Même des centaines de milliers
En peu de temps amoncelés.
J’ai du sang plein les mains
Ma machette allait bon train
Mais point de remords !
Et les autres en haut, alors ?
Des remords et des torts
Du sang sur leurs mains
En ont-ils à la fin ?