tout doit etre fait

Publié le 25 Avril 2019

…..accomplir…..

Mes ânes et moi
On ne s’ennuie pas
Déchiffrer
Mot à mot
Le message de la luzerne
Le rébus de la pâquerette
Compter les feuilles du trèfle
Goûter le suc amer du chiendent
Tester le beurre sur le menton
Tirer à poule ou coq
Envoyer voltiger les têtes du plantain
Lance-pierre anodin
Récolter la source de la tisane du soir
Calculer l’hypoténuse de la reine des prés
Le casse-tête de la pimprenelle
Et la vague intermittente des blés.

Je ne garde pas des ânes
Je m’amuse
Parfois ce sont eux qui me gardent
Je regarde leur robe confuse
Ondulant sous les doux rayons
Ils sont ici, maintenant
Ils s’y trouvent bien.

Observant ces animaux
Je calque mon attitude sur la leur
Plus jamais je ne serais le même
Garçon ânier éduqué par la nature :
La plénitude du moment a écrit en moi
Le sens de la vie.

Carole Radureau (15/04/2019)

Ânes au pâturage 1862 de Camille Pissarro

Par Camille Pissarro — Christie's, LotFinder : entrée 5938666 (vente 3785, lot 1281, New York, 13 November 2015), Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=77318645

Par Camille Pissarro — Christie's, LotFinder : entrée 5938666 (vente 3785, lot 1281, New York, 13 November 2015), Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=77318645

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Publié le 20 Avril 2019

…….accomplir…..

Dans le pagne de fibre de l’humanité
Je prélèverais le sang passé qui dans mes veines
Coule
Le plomb de la connaissance orale.

Je cueille comme tu cueillais
Toi ma quadruple aïeule aux débuts du temps
Quand la médecine cachait
Son serment
Dans le buisson et la verdure.

Je cueille pour ne pas mourir
Je cueille pour récolter l’essence même de la vie
Qui dans la feuille qui dans la fleur qui dans la racine
A glissé un grand cil recourbé
De ses principes actifs.

Je cueille pour ne pas périr
Quand le médicament est un luxe réservé aux bourgeois
Quand le mal ne choisit pas son hôte
Quand la toux persiste
Et signe une feuille de route
Délétère.

Je cueille pour améliorer le quotidien
Pimenter la salade verte
Épicer la vinaigrette
Enrichir le rouet maigre
De ces petites plantes dites mauvaises
Que moi, je trouve si précieuses.

Le geste est le plus humble que font les hommes
Il est une répétition honnête
Qui va chercher dans le puits de la transmission
Son oraison.

Carole Radureau (15/04/2019)



Paysannes ramassant des herbes, Eragny, de Camille Pissarro

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:PAYSANNES_RAMASSANT_DES_HERBES,_ERAGNY.PNG

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:PAYSANNES_RAMASSANT_DES_HERBES,_ERAGNY.PNG

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Publié le 18 Avril 2019

……accomplir…..

Dans la rigole
Apprêtée
Fruit du labour, labeur précieux :
Tu sèmeras.

Dans ce sillon
Creusé
Comme une ride sous tes yeux
Ce sillon
Empressé
Et joyeux :
Tu sèmeras.

Partout où la terre
Prête
S’ouvre
Telle une bouche demandeuse
De baisers :
Tu sèmeras.

Partout où le lit est fier de recevoir
Où la cuvette attend la pluie génératrice
Où le soleil est dans les start-up
Où le vent se fait discret et complice
Où la vie s’allume de cette chair de joie :
Tu sèmeras.

Carole Radureau (18/04/2019)

Le semeur, Montfoucault (semeur et laboureur) de Camille Pissarro 1875

Par Camille Pissarro — Inconnu, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=37870940

Par Camille Pissarro — Inconnu, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=37870940

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Publié le 16 Avril 2019

Par Camille Pissarro — Galería de Arte Nacional, Caracas - Venezuela. - Pino Iturrieta, Elías y Calzadilla, Pedro Enrique. (1993): La Mirada del Otro Viajeros Extranjeros en la Venezuela del Siglo XIX. Fundación Bigott. Caracas. 369p. ISBN 980-07-1149-X, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=23273465

Par Camille Pissarro — Galería de Arte Nacional, Caracas - Venezuela. - Pino Iturrieta, Elías y Calzadilla, Pedro Enrique. (1993): La Mirada del Otro Viajeros Extranjeros en la Venezuela del Siglo XIX. Fundación Bigott. Caracas. 369p. ISBN 980-07-1149-X, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=23273465

…….accomplir……

Savoir tenir une aiguille
Tu l’as appris ou non de ta mère
De ta grand-mère
De toi-même
Ce n’est pas le plus simple
Mais c’est pratique.

Savoir se servir d’une aiguille
Il faut de bons yeux
Ah ! Les yeux des couturières
Des yeux de chats
Qui passent à travers les chas
Comme dans le trou d’une aiguille et
Le plus dur est fait
Ensuite il faut conjuguer un pas de deux
Et que deux morceaux se tiennent
Que le trou se referme
Que le vêtement ressemble à quelque chose de seyant.

Savoir-faire de la simplicité
De la modernité et du passé
Du présent qui joue le temps.

De l’efficacité.

La couture est une institution
Même les hommes savent la cultiver
On ne peut pas toujours acheter
On ne pas toujours jeter
Il faut savoir sauvegarder
Ce qui nous plaît à revêtir.

Carole Radureau (21/03/2019)

Deux femmes cousant à l’intérieur (Venezuela) de Camille Pissarro

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Publié le 15 Avril 2019

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A quoi penses-tu quand tu cueilles ?
Laisses-tu libre ton mental
Aéré par ce soleil subtil
Ce petit air frais printanier
Riche en promesses ?

Comptes-tu chaque gousse ?
Humes-tu leur parfum de chlorophylle
Ce pur parfum de la vierge-mère qui a tendu son sein
Aux nymphes de la vie ?

Imagines-tu le bon souper ?
La jardinière de légumes
Avec ces gousses pleines à craquer
Des petits oignons blancs entiers
Et des lardons, ô luxe suprême du dimanche
Les petits lardons grillés ?

Cueillir c’est ennoblir son être
Le rendre profond
Cueillir c’est répéter un geste millénaire
Le début de l’humanité
Cueillir c’est récolter
Récolter c’est recueillir
Recueillir c’est remercier
Remercier c’est être reconnaissant.

Carole Radureau (31/03/2019)

La cueillette des pois de Camille Pissarro

Par Camille Pissarro — Google Images, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=58571944

Par Camille Pissarro — Google Images, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=58571944

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Publié le 13 Avril 2019

…..accomplir…..

« À ton âge je gardais les vaches »
Me disait mon père
Et mon esprit vagabondait
Sautant par-dessus des herbes
Pleines d’aoûtats
Sentant leur fil d’herbe sur mes jambes
Un bâton à la main
Une tartine de pain de seigle dur comme la table
Et un oignon frais :
A moi les vaches et les moutons
Et qu’aucune ne sorte du rang !

J’aurais aimé garder les vaches
Cela n’aurait pas été une punition
Les regarder
Calmes, tranquilles,
Brouter, encore brouter
Calmes, tranquilles
Dans une mare d’herbes sauvages
Juste ondulées par une douce bise.

L’enfant gardien a grandi trop vite
Il a acquis en scrutant le dos des vaches
La responsabilité.

Plus jamais il ne reviendra au monde des enfants
Sur la tartine il a déposé une larme d’insouciance
Celle que l’oignon a provoqué
Trop piquant pour de tendres pensées.

Carole Radureau (29/03/2019)

Vachère au bord de l’eau 1890 de Camille Pissarro

Par Camille Pissarro — This file was donated to Wikimedia Commons as part of a project by the Metropolitan Museum of Art. See the Image and Data Resources Open Access Policy, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=60878888

Par Camille Pissarro — This file was donated to Wikimedia Commons as part of a project by the Metropolitan Museum of Art. See the Image and Data Resources Open Access Policy, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=60878888

Paysanne gardant une vache, Osny 1883 de Camille Pissarro [1], Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=38107720

Paysanne gardant une vache, Osny 1883 de Camille Pissarro [1], Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=38107720

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Publié le 9 Avril 2019

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Sur le fil tu accrocheras
Les lambeaux fumants de ton rêve
Les mots que tu n’as pas encore appris
Des histoires si riches que même en rêve
Elles ne tintent pas sous le soleil.

Sur le fil tu accrocheras
Des rires et des joies
Des onomatopées des bouts rimés
Des pattes d’oie
Et puis sécheront les pensées tristes
Déguerpiront les traces du passé.

Le soir
Décrochant une ribambelle
Toute odorante d’air frais
Toute chaude encore du soleil calorifuge
Tout semblera renouvelé
Tout paraîtra neuf à nouveau
Comme un tricot de peau
Sur la peau
Pressé de se serrer
Tes mots tes pensées tes lambeaux de rêves
Seront riches d’un jour à venir
Riches de maintenant quand la lumière pure
Glisse sur le fil
Au-dessus de la petite tête blonde innocente
Qui conjugue son moment au présent.

Carole Radureau (31/03/2019)

Femme étendant du linge, Eragny de Camille Pissarro

Par Camille Pissarro — http://p3.storage.canalblog.com/39/04/347638/18089959.jpg, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=39450367

Par Camille Pissarro — http://p3.storage.canalblog.com/39/04/347638/18089959.jpg, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=39450367

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Publié le 7 Avril 2019

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……souvenirs d’enfance…..

Partons vers l’inconnu
Cet environnement unique
Celui où le végétal est roi
Le royaume du chou et de la blette
« Le lieu où naquit la betterave
Dans un cri de velouté »
Pas plus haute qu’une rangée de pois
Ce monde que je vois
C’est une jungle, la selva
Aucun doute
La nature est son domaine
Et moi petite fourmi en Amazonie.

Je suis de la taille du rang de bettes
Je les vois avec leurs longues côtes blanches
Toutes cannelées, toutes rivetées
Elles inclinent leur douce chevelure de verdure
Et me saluent au passage.

Ici je semble perdue au milieu du champ de pommes de terre
Il y a tout un tas de petites bêtes
Pas les mêmes que les bettes, hein
Celles-ci sont jaunes et noires toutes rayées avec une sale tête
Une tête qui fait enrager mon pépère
Il semble inquiet pour sa récolte.

Là-bas se hisse la canopée du jardinet
On dirait des tipis il ne manque que la fumée
Bien enroulés autour des piquets fondateurs
Les haricots à rame sont des géants
Conquérants de la canopée
Ça me fait un peu peur
Je les regarde de travers
Comme une sorte d’univers parallèle
Là où grimpent les haricots
Comme dans le conte pour enfants.

Ce que j’aime c’est le carré de pivoines
Lui aussi est de la même taille que moi
Les pivoines sont mes amies
Elles sont mystérieuses dans leur rang, bien à leur place
En quinconce comme il se doit
Leur géographie est simple et ingénieuse
Leur embranchement est conséquent
En dessous d’elles on peut trouver des cachettes
Il fait bien sombre
C’est la cachette de la pivoine
Cette fraîcheur cette douceur cette couleur cette odeur
C’est mon petit paradis à moi.

Au fond du jardin sont les ténébreuses
Les audacieuses
Les qui forcent l’imagination
Elles sont armées aussi de grosses côtes
Doucereuses et mielleuses comme des qui veulent
Qu’on les cueille
Qu’on en fasse des épées
Sous leurs gigantesques feuilles
C’est le monde de la magie
Des elfes et des escargots
Aussi de quelques limaces
Qui bavent à qui mieux mieux
Arracher une épée
S’est découper chaque doigt de la rhubarbe
Qui retient la feuille
Cette grosse perruque buissonneuse
Ombrageuse racoleuse
Cette chevelure qui tombe jusqu’aux fesses
Cette grande capillarité.

J’ai voulu goûter l’arôme du sabre un jour
Ma bouche en pendouille encore
Et mes dents à peine sorties en tremblent de colère.

Mes petites jambes ont peine à traverser toutes les allées
Le jardin potager est grand comme le monde
Je n’imagine même pas un jour
Le parcourir en entier
Il y a des endroits interdits
Parfois la nature a repris ses droits l’ortie sort de son
Bois pour rafraîchir
Les mémoires
Et la ronce fait des clins d’yeux
Tout sucre tout fruit.

Dans le potager
Il y a toujours un derrière en l’air
Comme un qui voudrait biger la lune
J’aime ce panorama du jardin
Avec les derrières en l’air
Affairés
Occupés à récolter pour la jardinière de légumes.

En rentrant maman me demandera de l’aide
Avec mes petits doigts potelés
Je tenterais –ô ce défi –
D’écosser les petits pois
Je suis sûre –croyez-moi –
Que nombreux
Vont rouler par terre
Comme de petits prisonniers martiens
Qui s’enfuient vers la liberté
Du jardin
Pour retrouver leur racine-mère
Pour se sentir
Entourés :
Là où le pois pousse
La vrille est une barrière de protection
Un barbelé à pois
Pour éviter les fuites
Mais ça
Seuls les enfants le savent.

Carole Radureau (06/04/2019)

Le jardin potager de Camille Pissarro 1881

Par Camille Pissarro — https://www.flickr.com/photos/mbell1975/6342103122/, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18585659

Par Camille Pissarro — https://www.flickr.com/photos/mbell1975/6342103122/, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18585659

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Publié dans #Tout doit être fait, #Collier d'ambre

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Publié le 6 Avril 2019

Par Camille Pissarro — Photographie personnelle, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=39147570

Par Camille Pissarro — Photographie personnelle, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=39147570

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Tu vois ma petite amie
Elle est toujours d’accord avec moi
Je lui souris elle me répond
Par un gentil coup de tête
Je sais qu’elle veut me dire :
-Dis, tu es prête ?
Allons gambader
Dans la prairie
Là où l’herbe est prête
Et proprette. »

Tu vois je ne m’ennuie pas
Je suis la gardeuse de cette petite bête
A moi
Confiée
Comme un trésor précieux.

Ma chèvre et moi
C’est une histoire d’Amour
Avec un grand A comme Toujours
Avec un moment d’extase
Quand l’écho renvoie mes petits cris
Qui en langue des chèvres veulent dire :
« Je t’ ai-ai-ai-me !! »

Carole Radureau (06/04/2019)

La gardeuse de chèvre – 1881 de Camille Pissarro

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Publié le 5 Avril 2019

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Petit jardinier
Pourvoyeur de vie
Magicien des carrés
Roi de l’alignement
Rien de ce qui pousse ne t’est inconnu
Tu cultives l’abondance quand d’autres
Cultivent tant de haine
Tu maîtrises le calendrier
Fils de la lune et de l’équerre
Simulateur de soupes nocturnes.

Quand dans tes mains
Le chou
Naquit
Fier de son armure feuillée
De son gros cœur compacté
Quand sur la table
Le fruit de ton labeur
Dépose
Lourde
Son empreinte
La cuisinière entre en jeu
Avec ses performances à elle
Toi et elle êtes un duo transformateur
Un duo édificateur de sagesse
De tendresse et de conte de fées
A table !
Et la soupe sent bon la terre
Sent bon la mère
Sent bon la vie.

Bouillon de réconfort
Récompense après l’effort
Il est temps de remercier la terre-mère
Et son alchimiste préféré :
Le petit jardinier.

Carole Radureau (31/03/2019)

Le jardinier de Camille Pissarro (1830/1903)

Par Camille Pissarro — www.nga.gov, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=44726856

Par Camille Pissarro — www.nga.gov, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=44726856

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