L’eau me manque.
L’eau fraîche qui descend d’une chute
Sa vision
Sa non odeur
Sa musique
Ce doux clapotis
Continu - sans problème -
Qui ne rencontre aucun uppercut
Qui s’enfuit sans bruit
Dans le dédale des rochers.
L’air me manque.
Le grand air de la montagne
Trop vrai - trop fort - trop pur
Qui fait te sentir vivant…..
Le grand air de la campagne
Plus subtil
Plus plat
Plus parfumé par les herbes champêtres
Un air de printemps…..
Le grand air de la mer
Avec ses petites gouttelettes qui chatouillent le museau
Parfois
Avec un petit goût de sel
Un goût de vraie vie.
Le soleil me manque.
Non pas celui étouffé sous les bras
Par la canicule
Celui qui tient plus du four que du soleil véritable
Chaleureux et sincère
Un soleil d’automne comme celui de ce jour
Où l’air est un peu frais
Où le soleil s’y mêle complice.
Le froid qui se profile chaque jour davantage
Rend réel l’effet-prison
L’air vient à manquer
Vite, il faut en aspirer tant et tant :
Une réserve d’air….
L’eau vient à manquer
Sa clarté sa petite chanson vierge
L’iode marin et la vague qui déchire
Les rides l’une après l’autre…..
Le soleil vient à manquer
Avec ses vitamines son côté « lever du bon pied »
Avec son rayon qui s’emmêle dans les cheveux de l’albizia
Avec sa malice de dessiner des cercles et des figures
Sur les murs.
Il faut avaler de grands bols de choses désirées
De ces choses qui manquent au corps
Comme toujours plus de nourriture
Comme un ventre sans cesse affamé
Qui ne peut se rassasier
Car trop lui manque.
Il lui manque tout ceci de nécessaire mais il a beaucoup pourtant
Il se replet depuis des mois à ne regarder que ce qui est
Sans jamais penser à ce qui manque
Et la réalité des premiers jours de septembre
A déposé sur un plateau
Le petit déjeuner du manque.
Il faut boire le soleil à la paille
Comme un bébé rose qui s’affaire autour des lèvres
Pour dessiner une petite moustache.
Il faut boire l’eau de la source à la paille
Comme une truite liquide qui se faufile agile
En tortillant la queue.
Il faut boire l’air à la paille
Comme en aspirant la montagne par les deux bouts
Comme si le ballon n’avait pas de fond
Qui vit d’air et d’amour
Qui veut en faire des ballons à formes pliées dans tous les sens
En grinçant.
Il faut boire la vie en faire une réserve
Chaque jour se la lire en poème
A petite lampée la diluer dans le moment présent
Huile essentielle de vie pour tenir le coup.
Le chemin est le chemin.
On ne sait pas où il va même si l’on devine d’où il vient
Les avancées sont autant de perles à boire à la paille
De la pensée positive.
Il faut cultiver les forces même petites
En faire un champ de courges fortes et efficaces
Qui grimpent aux grillages
Qui courent toutes seules et dans tous les sens
Qui sont pleines et lourdes
Pleines de vie - de graines - de pulpe - de volonté.
Le soleil est un complice qui lorsqu’il fuit
Nous donne envie de pleurer
Quand il est là parfois on ne sait pas l’apprécier
Je veux chanter le soleil comme on chante au premier matin du monde
Je veux écrire pour le soleil
Comme un prince par les peuples vénéré.
Je n’ai pas de maïs mais mon cœur le connaît
Comme le précieux don de vie du soleil
Dans son habit le maïs est fruit du soleil
Chacun de ses petits yeux est un sourire
Pour affronter l’hiver.
La vie est un cadeau parfois dur à déballer.
La vie est un cadeau à la peau dure parfois.
Il faut la manger peu à peu
Comme autour d’un noyau
Sans se soucier des adhérences.
Une peau de vie douce comme une pêche
Un fruit de la pêche parfois trémoussant
Le jus de vie est parfois amer ou bouillant
Mais le doux murmure de la source
Vient
Le rafraîchissant.
Carole Radureau (10/09/2019)