Donnez-moi le criquet en habit de camouflage
La coupe évasée d’une étoile habillée en fleur
Une tomate verte comme une boule de billard
Brillante comme astiquée par le chiffon de l’aurore
Avec sa promesse
Son attente.
Un secret se love dans son hamac d’incertitude
La minuscule araignée blanche a tricoté son fil de nacre
Entre les spores de la fougère
L’ombre chinoise donne aux spores une forme de cœurs
Multiples cœurs à prendre par le vent
Sans effort sans tourment.
Un bouquet blanc peut-être le bouquet de la mariée
Est butiné par la trompette du non-dit.
Il y a tant d’éclat
Tant de légèreté
Une fluidité guidée par l’œil averti
Un monde à découvrir pourtant là sous nos yeux
Je suis le lapin blanc qui court tout le temps
Et qui attendait la démonstration de vie.
Comme une soucoupe
Volant sur le fond d’écran
La corolle bleue a lavé son apparence de pastel
Pour en faire une poésie d’outremer.
L’épi d’ivoire nuancé danse avec la nuit un tango langoureux
Une petite fougère est décorée comme un sapin de noël
Avec tant de finesse
Il y a tant d’esprit tant d’art
Dans l’ordonnancement de dame nature.
Donnez-moi le noir de l’insecte tranchant sur le blanc des fleurs
Ici rien ne manque
Tout est détaillé
Il ne reste qu’à retranscrire
Sur le papier
La subtilité
Les jeux d’ombres.
Donnez-moi la coupe dévoilée du champignon
Des œufs d’escargots translucides
Ce sont des perles de tapioca
Les fuseaux horaires du blé
Donnez-moi les fruits dénudés
Les corolles bouches ouvertes avec leur palais pleins de mystères
Donnez-moi la sauterelle sur le départ
Donnez-moi-même l’œil du crapaud tendrement dévoilé.
Donnez-moi les gouttes de rosée qui comme des perles vont au pas du collier
Qui comme des miroirs révèlent tout sous leurs jupes
La poésie du revers d’une feuille avec ses perles de rosée
Comme un compte-goutte de chlorophylle.
Je voudrais encore que tu me donnes la punaise en robe de plumetis
Et ses pattes de danseuse étoile
Ses yeux de limace confuse
Un petit couple de punaises accolées
Un regard de lézard prêt à être adopté
Si doux si fin
Une sauterelle qui louche et veut se faire bois.
Certaines images sont si belles
Mais on ne trouve pas de mots
Seul l’instant présent
Le silence
Les habillent de vérité.
Une sauterelle verte a pris la fille des airs
Elle est déguisée en feuille en a pris toutes les nuances
La bête qui butine n’a pas vu qu’on l’observait
Tout comme la goutte qui veut tomber/goutte au nez
Tout comme la cape de velours du papillon de nuit/chauve-souris
Et cette corolle-là
Ces étamines qui dépriment
Cette graine qui vole.
Donnez-moi la carrosserie d’une punaise
Les yeux réprobateurs de la sauterelle
Tant de gouttes des beautés de la terre-mère
Amoureuses,
Collantes,
Elles veulent nous montrer par leurs larmes
La vérité de leurs supports favoris.
…..l’oud a traversé les images avec son pas de sable
Son ouïe translucide tel le grain de l’ivraie
Le désert a tremblé
L’aube a fui
Le rideau s’est baissé sur le pays des merveilles minuscules.
Carole Radureau (29/08/2019)
Poème inspiré par la vidéo des photos de Serge, intitulée Minuscule 2
Merci beaucoup pour ces merveilles.