Publié le 30 Décembre 2017
Eau
Aujourd’hui
Ma pensée
Vers toi
Coule,
Puissante.
Il n’y a pas d’an nouveau
De nouvelle année
Sans toi,
Eau
Pure et claire :
Vie à jamais.
Je ne peux pas penser la terre
Dans sa bogue de sécheresse
Même si me plaît
Le désert et son poétique
Talent,
Sans toi,
Eau,
La poésie ne serait qu’un clou
Planté
Dans la gorge
D’un rossignol.
Je te demande de te battre,
Eau,
Petite pluie démodée
Gouttelette de satiété
Envie de stalactite comme un cadeau
Des étrennes,
Bats-toi,
Eau, agua clara y pura,
Et nous nous battrons,
Comme ta lame géante,
Purificatrice,
Qui vient parfois détruire les fondements
D’une civilisation,
Injuste car frappant les plus démunis,
Tes révoltes sont furies mais elles sont
Des révoltes,
Simplement,
Parfois tu ne t’adresses pas
Aux bonnes personnes.
Ces personnes
Sont égoïstes,
Sont puissantes et cette puissance
C’est une épée dans la gorge des masses
Les plus humbles,
C’est une épée dans ta glotte,
Eau minuscule
Elle t’égorge chaque jour,
T’assèche,
Ton sang de cristal tombe sur les sols
Avec un petit bruit brisé
De ce qui ne se recolle pas.
Eau,
Aujourd’hui c’est ta fête
Les peuples originaires te lèvent comme un fruit
Sacré,
Ce que tu es,
Purifiés par ton lait de chamelle endurcie
Abreuvés par ta mamelle de donzelle délurée
Sustentés par ta laitance transparente
Nous sommes repus de ta présence
Lavés par ta soie liquide, ton sucre nanti débauché par les flots
Nous aimons nous relaxer
Dans tes bras liquoreux
Siroter ta sève goutte à goutte
Nous adorons nous rafraîchir de ta sueur généreuse
C’est ton pis joyeux qui allaite l’humanité
Pour ces raisons, je décrète 2018
Année de l’eau
Cette mère aimée, bientôt
Perdue.
Carole Radureau (30/12/2017)