Le caillou veut être lumière. Il fait luire en l'obscurité des fils de phosphore et de lune. Que veut-il ? se dit la lumière, car dans ses limites d'opale elle se retrouve elle-même et repart. Federico Garcia Lorca
Francisc Valls i Galan (1671 - 1747) compositeur et théoricien de la musique de l'époque baroque espagnole, figure importante du XVIII siècle catalan.Missa Scala Aretina Cette messe mêle le sty...
Postés
Broyés
Nuit
Matinée
Journée
Et recommencer
Sans répit.
Temps imposé
Sous la pierre éternelle de l’usine
Coupés des veines de la vie
Dans l’odeur brûlante des machines
Spectres
Privés de rire et de couleurs
Souffrant dans votre chair
Comme des chiens perdus.
Qui reconnaît votre trace en ce monde égaré
Où il faut paraître et ne plus être
Quand chacun redevient son fantôme
Et ne retient plus rien à rien ?
Qui raconte votre histoire
Et votre songe invulnérable
Pour remettre le printemps à l’endroit
Et croire au bonheur des autres avec le sien ?
Vous
Mes camarades de la classe ouvrière
Tout le soleil de vos fruits éclaire mon cœur et mes pas.
A mon père, ouvrier d’usine, décédé à 53 ans.
Roger Colombier
VOUS
Dans la nuit
D’un excès à l’autre
Du rêve scintillant au cauchemar cruel.
Au matin
Encore
La vie en suspens
Dans les yeux du miroir ou au fond d’un puits.
L’endroit l’envers
Dedans dehors
Quelle heure est-il au juste
Pour bien des cœurs ?
Pourtant
A tout âge
S’ouvrent toujours
L’horizon
Et le verbe être
Malgré le froid qui mord
Et défait l’avenir
Tout au long du chemin.
Dormez donc
Le jour la nuit
En croyant tout savoir
Dans votre petit trou de serrure
Cadenassés par vos dieux et maîtres.
Vieux de cent mille ans
Sont votre silence
Et vos habitudes.
Roger Colombier
SUR L’HORIZON
Sur l’horizon
Les cris du jour qui s’achève
Dans les plis de la terre
La nuit monte par-dessus et s’amoncelle
Une étoile
Douce et insouciante
Est venue picorer dans sa main
Il l’a rejetée vers la paume du ciel
Qu’en aurait-il fait
Son rêve éteint
Dans l’impasse de sa vie
Le cœur nu
Or Dans le lait du matin
Sous le ciel revenu
Par une fenêtre ouverte
Le rire d’un enfant
Léger comme une graine
Déborde de partout
Les hommes endormis.
J’aimerai m’allonger dans l’herbe
Fermer les yeux
Laisser le soleil enjamber les combes
Ecouter la vie qui coule des montagnes
Me dire qu’elle apportera le renouveau
Comme des yeux d’enfants scrutaient le vent
Les mains tendues partent pour l’automne
Comme le busard saint martin
L’amour louvoie autour des hommes
Je n’ai plus de clan
Et tu voudrais m’enfermer
M’enfermer dans une fourmilière
Me priver de croiser les girolles
Qui partent au matin à école
Je n’offrirai plus ma sueur
Si tu ne veux la partager
Je ne marcherai plus dans ces plaines
Les fleuves ne pensent plus qu’à la mer
Comme un chien fidèle
Je suivrai sentiers et torrents
Pour m’éloigner des fourmis
Qui volent leur amour aux enfants
Hobo-Lullaby
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Ecrit sur les rémiges du vent
Je ne boirai plus à la coupe du coquelicot
Trop rouge de son fardeau
Dit l’oiseau qui s’enfuit
D’un tire d’aile
Sans briser la nuit.
La fumée qui dessine des personnages
Dans le ciel sans nuage
Est celle d’un errant
Qui sous un buisson, caché
Fait chauffer une marmite de fer et de maigre pitance
Sur un feu réconfortant les sens.
Je ne grimperai plus
Les hautes marches qui mènent à la citadelle
Interdite
Dit le poète en fuite.
Ils ont volé mes mots et mon âme est un fardeau
Le cheval de ses ailes de muscles
M’emporte au-delà de la cordillère
Dans l’exil qui vole jusqu'à la salive
La muse et les sens interdits.
Le vent s’est laissé écrire
Sur ses rémiges de suie et de soie
Le poème des égarés
Des sans-noms, des sans-interdits
Qui ne connaissaient plus leur chemin de vie.
Caresse est la lecture des mots doux, durs et fiers
Couchés sous la plume de fer
Vérité est la vertu de leurs propos
Justice est la question que pose le point qui sait si bien le faire
Humanité est la réponse que les hommes nient sans cesse
Passant sans regarder même le plus petit point de son i
Bien camouflé derrière le thé des confusions
Amour est le grand rébus des rémiges accomplies
Volant au-dessus des aires et du temps
Parfois au-dessus des nuages jamais sages
Et au-dessus des vies
Tels des phares qui indiquent une route
Mais que seuls les initiés peuvent apercevoir.
Carole Radureau ( 26/05/2015)
YANG
Papoose
Ne t’inquiète pas fils
Nous continuerons ce sentier
Ou nous cherchions des traces imaginaires
D’indiens imaginaires
Ou nous nous enfoncions dans la neige en riant
Confiant nos secrets à la patience des cheminées
Ce sentier que nous gravissions sur le dos de godillots fatigués
Quand tombait sur nos épaules la solitude des crêtes
La nuit absorbait nos craintes et nos rêves
La lune nous tendait sa main de lotus
Alors, avec le courage d’un canard rentrant de la mare
Nos yeux de nouveaux nés contemplaient
Les collines aux premiers phosphores
Baignant dans l’argent
D’un soleil révélateur
Chaque jour fait perler sur nos cœurs
Une rosée d’espoir
Ne t’inquiète pas fils
Même dans les nuits sans lune
La cime des arbres
T’indiquera le sentier des étoiles qu’il nous faut chérir
Pour retrouver la trace des indiens
Qui caressent le vent
Hobo-Lullaby
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Les enfants de l'été
Dans les herbes folles
S’affolent les pensées aventureuses
Dans un cerisier à moitié sauvage
De tendres aventures
Nouent les lianes des avenirs qui se cherchent.
Viens te rappeler avec moi
Mon frère
Le doux chant des merles rieurs
Se moquant de la pluie naissante.
Les enfants de l’été
Ont tissé dans l’océan d’une colline en friche
Des liens profonds
D’olfactives pensées telluriques et tournées
Telle une cruche sur un tour de potier
Pour en faire une histoire de mots et de matière.
Viens, ne serait-ce qu’une fois
Dans le lit des mes pensées
Viens te promener
Dans le labyrinthe rosé de mes rêves
Au pays des illusions endormies
Dans un bras tendrement déroulé.
J’ai caressé un agneau confiant
J’ai envoyé à l’autre bout de la colline
La flèche de l’éternité
Propulsée par l’arc de l’enfance insouciante
J’ai déboulé sur un carton les pentes
D’herbes couchées par la joie de vivre
J’ai dormi le nez embaumé
Par les fleurs d’aubépines roses ou blanches
J’ai rêvé de mon futur
Habillé de tendres rencontres et de passions assouvies.
Viens, ne serait-ce que le temps
D’un rêve
Sentir avec moi l’odeur puissante
De l’été
Au cours duquel
L’espoir avait écrit
Que tout lui est permis.