Mes camarades

Publié le 14 Juin 2015

MES CAMARADES

Postés
Broyés
Nuit
Matinée
Journée
Et recommencer
Sans répit.
Temps imposé
Sous la pierre éternelle de l’usine
Coupés des veines de la vie
Dans l’odeur brûlante des machines
Spectres
Privés de rire et de couleurs
Souffrant dans votre chair
Comme des chiens perdus.
Qui reconnaît votre trace en ce monde égaré
Où il faut paraître et ne plus être
Quand chacun redevient son fantôme
Et ne retient plus rien à rien ?
Qui raconte votre histoire
Et votre songe invulnérable
Pour remettre le printemps à l’endroit
Et croire au bonheur des autres avec le sien ?
Vous
Mes camarades de la classe ouvrière
Tout le soleil de vos fruits éclaire mon cœur et mes pas.

A mon père, ouvrier d’usine, décédé à 53 ans.

Roger Colombier

VOUS

Dans la nuit
D’un excès à l’autre
Du rêve scintillant au cauchemar cruel.
Au matin
Encore
La vie en suspens
Dans les yeux du miroir ou au fond d’un puits.
L’endroit l’envers
Dedans dehors
Quelle heure est-il au juste
Pour bien des cœurs ?
Pourtant
A tout âge
S’ouvrent toujours
L’horizon
Et le verbe être
Malgré le froid qui mord
Et défait l’avenir
Tout au long du chemin.
Dormez donc
Le jour la nuit
En croyant tout savoir
Dans votre petit trou de serrure
Cadenassés par vos dieux et maîtres.
Vieux de cent mille ans
Sont votre silence
Et vos habitudes.

Roger Colombier

SUR L’HORIZON

Sur l’horizon
Les cris du jour qui s’achève
Dans les plis de la terre
La nuit monte par-dessus et s’amoncelle
Une étoile
Douce et insouciante
Est venue picorer dans sa main
Il l’a rejetée vers la paume du ciel
Qu’en aurait-il fait
Son rêve éteint
Dans l’impasse de sa vie
Le cœur nu
Or Dans le lait du matin
Sous le ciel revenu
Par une fenêtre ouverte
Le rire d’un enfant
Léger comme une graine
Déborde de partout
Les hommes endormis.

Roger Colombier

Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Les chroniques de Roger

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F
Les talents d'écriture de Roger Colombier sont indéniables. J'ai évidemment une préférence pour "Mes Camarades" en hommage aux ouvriers brisés par la dureté du monde du travail à cela s'ajoute la chanson de Ferrat et la boucle est bouclée... <br /> Bisous
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C
Oui, Roger est un écrivain talentueux aussi bien pour ce qui est de la poésie que de l'écrit historique et social.<br /> Il faut se servir de ses humbles moyens pour écrire la vie des gens simples et les sentiments de ceux qui sont oubliés des grands de ce monde. En cela, toi, Fanfan avec tes écrits ainsi que ceux de Roger contribuent à doter la poésie de textes anticonformistes et doués d'une sensibilité qui nous touchent , ici sur ce blog de la minéralité.<br /> Bisous<br /> caro
C
Commentaires d'Annick sur Fb :<br /> Ce poème Mes camarades me touche particulièrement, mon père, ouvrier dans une usine de chaussures, est décédé à 54 ans. Ce monde là, j'en connais la dureté mais aussi la camaraderie, l'entraide "on ne laisse pas tomber un copain" <br /> Merci de mettre mon commentaire Carole non seulement je suis touchée mais aussi fière et heureuse de ce poème qui apporte une reconnaissance, qui offre un hommage au monde ouvrier .
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