campagne magnanvilloise

Publié le 16 Mars 2023

La forêt sans fougères

Ici il n’y a pas de place

Dit le farfadet

Pour la grande manifestation

Celles qui occupent le terrain

De façon pérenne et laissent

Voler au vent leurs spores subtiles

Pour qu’ils viennent butiner

Jusqu’au plus petit gramme de tourbe vive.

 

Nous avons décidé du sous-bois

De faible envergure

Comment ?

Ni belle litière moelleuse sous le pas

Ni odeur de bois en putréfaction

De senteurs boisées authentiques ?

Comment ?

Nulle bogue, nulle fougère, nul

Tapis de jacinthes bleues

A perte de vue ? :

Nappe mise à la sauvage

Sur la grande table forestière.

 

Ici dit le farfadet c’est le domaine du chêne

Vous marchez sur notre sentier

Les glands craquent sous vos pas

Pour tout ornement

Le bouquet se pare de délicates renoncules

Le lierre est ici partout

Chez lui

Il tisse un réseau de tapis que nous envient

Les Perses.

 

Ici ce n’est pas l’habitat.

Suffit de déménager

D’aller comme il se doit en Ardèche

Même en Normandie où

Le châtaignier demeure

Avec sa belle et riche dissémination.

 

Le mulot court sous la souche de l’amanite

Se cacher

Pour dîner d’un petit grain

Délicatement trouvé

La fraise des bois dénoue les fils de son aventure

Pour décider de ne plus fleurir

Dans les allées

Les chiens pissent sur ses petites fraises

L’anémone nemorosa est ici chez soit

Elle fait de l’œil jaune aux marcheurs

Qui lui dénient une quelconque valeur

Nos fleurs des sous-bois s’habillent de simplicité

Leurs sous-vêtements, jamais,

Ne sont affriolants

Personne en dehors des petits enfants

Daigne leur accorder une audience.

 

Mais les fougères nous manquent

Pas de ça chez nous disent les hôtes des bois

La fougère c’est la reine

Ici, on n’en veut pas

Ici c’est le royaume de l’anarchie

Où personne n’a la tête qui dépasse

Où chacun sait se tenir à sa place

A part quand le vilain temps

Met le coup de pied au derrière des vieux chênes

Alors, les glands prennent de la valeur

Les écureuils en ont fait une grande conquête

Heu : cueillette §

Si nous, nous voulions bien les voir autrement

Nous en ferions du café ou encore de la farine

Les glands sont des aliments

Au même titre que les châtaignes

Qui le sait, qui le sait ?

Carole Radureau (13/03/2023)

 

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Campagne magnanvilloise, #Non-dits de la fougère

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Publié le 14 Octobre 2021

Une pincée de neurones dans le bois

…campagne magnanvilloise…..

 

Une pincée de neurones

Dans le bois

Prise au détour d’un tronc

Dans cet air empli des frissons

De paix des bois

 

Certes nul besoin de marcher cent sept ans

Pour rivaliser avec le pinson

Et tomber pile poil sur la pincée

Qu’un marcheur a oubliée.

 

Une pincée de neurones

Qu’est-ce à dire, qu’est-ce au juste

Sinon une façon de dire

La forêt sème en mon âme son terreau profond ?

 

Il faut tout réorganiser

Saisir fermement la pince qui a oublié son sucre

Pour saler et pimenter son programme

Prendre un virage

Virant entre soi et soi

Car l’essentiel est resté sur la margelle

 

Une pincée de neurones

C’est la paix de l’arbre sur toi

Tombée comme une feuille de douceur

Saisis-là, saisis-là

Et pincète avec ton âme ta feuille

Pour sur son velours

Déposer

La marque profonde de ta conviction.

 

Carole Radureau (14/10/2021)

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Campagne magnanvilloise, #Pas un jour sans poème

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Publié le 13 Octobre 2021

Un brin de nature

……campagne magnanvilloise…..

 

Nature :

Laisse-toi aller dans toute ta splendeur

Epanouis-toi

Ne laisse pas l’adversité

Empiéter sur tes hanches généreuses

Happer ta terre dans une trompe dévoreuse

Briser la chaîne forestière de tes yeux

 

Nature :

Laisse-toi envahir par la volubile

Que le lierre glisse en toi sa chanson

Pour que les abeilles butinent utile

Le marc-nectar à l’horizon

Pour que les mûres tapissent à elles seules

Le mur de leur propre roncier

Qu’elles soient terribles ses jambes-ronces

Empiétant sur ce qui avait été pris autrefois

 

Je veux continuer de voir les tons de verts

Se succéder comme les mots succèdent aux mots

De ma chanson

Je veux entendre le buisson bourdonner

Comme chante la chorale des abeilles

Je veux voir les oiseaux affairés

Trouvant leur vie comme lors des soldes

Fouillant la vie du buisson précieux

Alors qu’au-dessus d’eux vole le prédateur

Je veux que la tourterelle roucoule

Que le pic inscrive dans les airs le rougeoiement de son crâne

Que la corneille et la pie

Rivalisent de vocalises

Je veux que l’air soit empli de choses que tu

Protège

Nature

Que tu protège.

 

Carole Radureau (13/10/2021)

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Pas un jour sans poème, #Campagne magnanvilloise

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Publié le 12 Octobre 2021

La non-récolteLa non-récolte
La non-récolteLa non-récolte

……campagne magnanvilloise…….

 

Aujourd’hui la récolte est virtuelle

Aujourd’hui ce sont les yeux qui récupèrent

L’étincelle de vitamine C

Les principes actifs précieux

Et un semblant d’alcaloïdes laissés

Présentement dans la terre glaise

 

Aujourd’hui c’est la récolte des cieux

La reconnaissance non officielle par qui de droit

De droit ?

Nullement

Juste une évocation poétiquement photographique

D’une récolte tellurique de ce qui est

Comme si plus tard les descendants diraient :

« Ouahh : sur ce terroir existait ceci, existait cela »

Et non pas comme à présent une prison et des tonnes de béton

Des maisons cages-à-poule des poulaillers

Sensés protégés une espèce menacée

Des poulaillers humains auxquels ne manque jamais

Le fumier

Résidus essentiel de toute espèce.

 

Aujourd’hui j’ai non récolté

C’est-à-dire pris dans ma petite main

Le doux fruit la tendre plante la petite plume ou le doux caillou

C’était une journée de reconnaissance reconnaissante

En la petite profusion des choses

Simples, c’est vrai mais qui ont la délicatesse

D’être

Pas loin de nous

Hissant leurs couleurs

Osant leurs délicatesses

Espérant des promesses

Regardant l’avenir sans s’en soucier

Ecrivant leur cycle

En dessinant d’autres

Que d’aucuns verront

Que d’autres ignoreront

Mais dont la sagesse ancestrale n’oubliera pas

De trouver

Au besoin

Pour soigner ou pour méditer

Sur la pérennité des choses.

 

Carole Radureau (12/10/2021)

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Pas un jour sans poème, #Campagne magnanvilloise

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Publié le 9 Octobre 2021

Tête de trèfle

 

…..campagne magnanvilloise….

 

Tête de trèfle

Rose

Comme l’automne

Comme un qui s’est vu rougir

Les joues à trop les voir giflées

 

Tête de trèfle

Evocateur

Rieuse

Ebouriffée

Décoiffée par le feu de l’aurore

Qui nage aux quatre vents

 

Tête de trèfle

Unique et accueillante

Puissante pour recevoir les petites pattes

Bourdonnantes

Unique et réceptive

Pour recevoir

Contente

La vision adéquate d’une promeneuse

Etonnée.

 

Carole Radureau (09/10/2021)

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Pas un jour sans poème, #Campagne magnanvilloise

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Publié le 7 Octobre 2021

Les choses simples

…….campagne magnanvilloise…..

 

Il y a des choses simples

Qui plaisent à mon cœur

 De ces choses que l’on ne voit pas

Et qui pourtant existent

Les fruits desséchés du raifort

Les toiles d’araignées sur une fleur séchée sur pied

Qui tissent avec justesse

Des labyrinthes dans lesquels

La vie s’écoule

Tranquillement

 

Il y a des choses simples

Qui ne se lassent pas d’êtres

Ne sachant pas qu’un jour

On sera là pour les voir

On sera là pour les chanter

Pour les poétiser

Comme choses simples d’un espace permis

Qui un jour peut-être

Ne sera plus

 

Ici je chante les plantes des talus

Ces mal aimées ces oubliées ces filles perdues

Que l’on ne connaît que pour les désherber

Elles ont ce charme de la nature profonde

Avec au-delà d’elles le décor historique

De la campagne qui est inscrite ainsi sur le cadastre

Depuis la nuit des temps.

 

Aimons notre campagne

Pendant qu’il nous en reste une.

 

Carole Radureau (07/10/2021)

 

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 3 Octobre 2021

 

…….campagne magnanvilloise…..

 

La petite chronique poétique de septembre

Semble à présent, me semble c’est évident

Avoir été le chant du cygne

Comme un clin d’œil au destin cette campagne

Qui ne casse rien

Qui semblait malgré tout précieuse

Comme bol d’air comme lieu d’échappement

Ne sera plus.

 

La prison s’est invitée sur le champ de Pedro

Et ne résonnera plus dans les airs

Le cri de la buse variable.

 

Pour ou contre n’est pas la question

Moi, si on me demande je suis contre

Pas contre cette prison-là

Même si elle grandit sur nos champs

Je suis contre l’enfermement tout simplement

Me disant sans doute bêtement

Plus de prisons : plus de prisonniers

A quand la réinsertion ?

 

Construire des prisons

Fermer des écoles

Ouvrir des EPHAD

La belle vie.

 

Le capitalisme nous ronge et nous fuit

Dans nos retranchements

Ne pas se laisser dicter sa première parole de moi je

Juste comprendre

Juste regarder écouter être attentif

Car dans la révolte des habitants

Il y a un réel marqueur de notre temps

Celui qui inscrit en grandes lettres

Un confort qui serait méritoire

Face à des problèmes de société que l’on ignore

Que l’on ne veut surtout pas voir débarquer chez soit

Cela semble normal et juste

Seulement

Fuir les problèmes

Les déplacer

Ne règle jamais les choses sur le long terme

Il s’agit d’un problème de société

Cette société qui devient de plus en plus dysfonctionnelle

Et dont la violence est une clé de compréhension

Il en est des prisonniers comme des migrants comme des Rroms

Comme des tapineuses

Nous n’avons pas acheté à la campagne pour être emmerdés par ceux-ci

Disent-ils

Il faut rétablir la peine de mort

Comme ça il n’y aura plus de prisonniers disent certains

Pas de ça chez nous disent d’autres

Dans chaque village dans chaque campagne la prison qui s’invite

N’est jamais l’invitée

Que l’on accueille

A bras ouverts.

 

Et il faut entendre les cris et les questionnements

Il faut discourir il faut expliquer il ne s’agit plus de convaincre

Quand ce qui vient d’en haut (du très haut) se présente sur le champ de Pedro

Pedro lui ira voir ailleurs

Si l’herbe est plus tendre

La buse ira survoler un univers où elle sait apercevoir

Courant dans les champs encore existants le lérot ou la musaraigne

Nous humains ne devons-nous pas

Comme eux adapter nos pas aux empreintes précieuses de la vie

Suivre un chemin qui nous mène non pas au béton

Mais au vert

Il n’y en aura plus sur ce territoire le béton à tout pris

Et pris dans le béton

Magnanvillois et prisonniers

Regarderont comme un mirage l’éternité

Dans cette façade au loin datant du XIIe siècle

Avec sa célèbre toiture

Représentant des croix gammées.

 

Carole Radureau (03/10/2021)

 

Quand la prison s’invite dans la campagne magnanvilloise

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 1 Octobre 2021

Eclaircie

…….campagne magnanvilloise…..

 

Sur quoi de quoi en toi

Sur ton sillon ta vérité

Le doigt du ciel

A pointé

 

Avec son œil à bout d’ongle

Sa vue perçante son devenir

Avec sa perspicacité brillante

Son regard évocateur

 

Au loin semble carte postale

La toile naturelle

Eclaboussée

Par le faisceau des cieux

A l’haleine embuée

 

Il n’y a pas de hasard juste

Un cri poussé par un sang de nuage

Déchiré

Par une main aux yeux avides

De bien faire

 

Il a décidé tout à coup

De se pousser

Face au soleil provocateur

Celui qui ne veut pas se coucher

Fait son gros caprice

Le soir

A l’heure du dîner.

 

Carole Radureau (01/10/2021)

 

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 27 Septembre 2021

Tamales

............campagne magnanvilloise......

 

Que ne ferais-je pas de toi

Feuille tendrement verte

Tendrement éclairée

Juste comme ça

Dominant tête au vent ?

 

Ne sais-tu pas

Que l’on te farci dans d’autres géographies,

Ne sais-tu pas

Que tu sers de marmite

Aux mets les plus doux ?

 

Si certains se roulent les cigarettes

Avec du tabac blond

Aux notes épicées

D’autres empaquètent les formes

La farine du maïs arraché

Le petit piment commun

Un restant de viande quand il y en a

Avec un joli nœud autour du paquet

Empilé dans la marmite

La bulle qui chuchote le message des aigles

Le gros bouillon qui se prend pour un tétras

Les onomatopées d’un faitout qui a trop servi

Et la langue de feu

Qui léchouille de son mieux

Les fesses du récipient

 

C’est un plat de jour de fête

C’est un plat qui demande de longues heures de travail

Certes c’est un plat populaire

Ils n’en servent sûrement pas chez Maxim’s

Pourtant c’est un plat apprécié

Il est peut-être compagnon de choses sacrées

Mets dégusté lors de certaines cérémonies

Avec le grand merci

Le maïs est un père même

S’il est la matière-même des êtres

En effet, les premiers êtres n’ont-ils pas été modelés

Dans du maïs jaune et blanc lors de la 3e tentative ?

 

Du moins le dit le livre sacré des Mayas

Le Popol Vuh.

 

Carole Radureau (27/09/2021)

 

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 23 Septembre 2021

Face à face avec l’automne

 

.........campagne magnanvilloise.......

Face à face avec l’automne

Je prends le cadeau de dame soleil

Et chauffe un à un les cordages de mes fées

 

Il n’y a que le commencement

 

Face à face avec la température

Qui joue la fille de l’air à n’en pouvoir plus

La nuit est fraîche

 

Le jour se fait douceur

Quand le vent oublie de naître

 

J’ai épuisé ma nature profonde

Remis

Peu à peu

Aux principes actifs

La teneur de mes sens :

 

Il y a du bon à tirer de moi

Si l’on sait m’accepter

 

Face à face avec l’automne

Sa promesse de continuité

L’été n’a pas sué toute son eau

 

Il n’y a que de l’accalmie

 

Je serais là l’an prochain

L’an prochain, je serais

En vertu de ma graine

En vertu de mon fruit

En vertu de la reconnaissance

Et de la pollinisation

 

Pas de miracle

Sur le talus de l’évidence

Je domine

De toute ma clarté

La vérité d’automne

En son habit de fruit sec.

 

Carole Radureau (23/09/2021)

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Pas un jour sans poème, #Campagne magnanvilloise

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