Est-ce la canicule
Des étés derniers
Est-ce que ses racines ont rencontré
Cette certaine dalle de marne
Là sous nos pieds
Est-ce autre chose d’inconnu
Il a l’air perdu
On guette depuis le printemps
Une présence de vie persistante
Quelques oiseaux m’ont envoyé un signe :
L’arbre est en train de mourir
Eux le savent car ils le voient d’en haut
Ce que nous ne savons pas faire
Nous autres humains qui nous croyons forts
Ne savons que regarder d’une façon
Qui n’est jamais la plus franche
La plus efficace
Pourtant l’on sait que les arbres
En dormance
Se mettent quand des périodes extrêmes
Leur échauffent les oreilles
C’est le cas des gelées terribles
Ou des canicules
Des arbres ; des plantes
Que l’on croyaient perdus
Plusieurs mois, années plus tard
On repris pied
Evidemment, il fallait les préserver
Les garder sur leur pied avec leur mine pâle
Leurs feuilles sèches
Leur allure cafardeuse
Ce n’est pas top pour le design de la société moderne
Où tout doit être clean, bien rangé, propre et tout
Y compris dans le jardin.
Je n’ai pas perdu espoir
Je pense à mon liquidambar
Je pense à mon albizia
Eux aussi ont connu l’étape de la mort subite
Ils ont trouvé une échappatoire
Leurs racines ont certainement trouvé un passage
Evitant la glèbe, cette vieille marne qui ne sert que les tableaux
De maîtres
Cette marne qui nous soutient néanmoins
Avec son socle doux-dur
Sa grande physionomie d’à propos.
Carole Radureau (26/07/2021)
Cerisier à fleurs