riviere de jaspe

…..poésie de la Gran Sabana…..

L’or n’est pas à prendre
L’or n’est pas à vendre il est
Un haut fourneau
A prendre avec des pincettes.

Sur la terre
Entre les tépuys
Au-delà de la ligne d’horizon
En lointain échevelé
L’or est un soleil pressé
Qui diffuse
Ce qu’il veut.

Son rayon de miel
Est un fantôme aveuglé
Par le sel
De la montagne,
Pressé.

Son trésor est un seul
Réchauffement cutané
A prendre avec largesse
Comme un don précieux.

L’or ne se prend pas
Avec des pincettes de soleil
L’or ne se vend pas
Quand de l’utérus de la terre
Il est extirpé aux forceps.

Il n’y a qu’un seul or
C’est l’or de la chaleur
Qui nourrit fait vivre
Et tend
Une main certes chaude
Mais de chaleur humaine.

Carole Radureau (10/07/2018)

……poésie de la Gran Sabana…..

Le nuage voulait être chapeau
Ne plus se déplacer.

Sur le tépuy Acopán
Sa retraite il voulait passer.

Il avait troué sa mouture
Percé son édredon
Pour avoir à coup sûr
La permission.

Une échelle
Descendue
Comme dans une maison troglodyte
Sur le tépuy il espérait
S’assurer de vieux jours.

Le nuage voulait être chapeau
Un beau feutre gris et blanc
Perché sur la montagne
Lui caressant la croupe.

Mais le tépuy lui, n’avait pas dit
Oui
Il n’était pas chaud pour être couvert
Sans cesse
Amoureux du soleil
De ses rayons chauds
Il voulait une part d’ombre
Une part de lumière.

Carole Radureau (10/07/2018)


Tépuy Acopán

…..poésie de la Gran Sabana…..

La pierre a écarté
Ses feuilles stratifiées
Elle a dissipé ses nervures
D’acier
Extirpant de son cœur
Un semblant de plage
Dans lequel naît
Sans peur
La vie.

Une goutte d’eau a irriguée
Ce qui semble être un gramme
De tourbe
L’eau a fait son nid
Suivant le ruisseau de la pierre
Descendant en varappe
Le long de sa canopée.

La graine a germé
Puis une autre qui
L’imita
Sosie
Copie conforme
Puis diversité portée par le vent
L’oiseau ou l’autre
Disséminateur de vie.

Au cœur de la minéralité
Le marécage vit son histoire
D’eau
Vit son biome précis
Précieux
Dans cette cuvette dessinée
Par l’audace
La forteresse de strates
Glisse un œil malicieux.

Carole Radureau (08/07/2018)

Mont Roraima, Gran Sabana

…..poésie de la Gran Sabana….

Quelles vigies !
Quels phares
Eclairés par la
Nuit
De
La pierre.

La pierre
De vérité.

Une colonie
De mangoustes
Toutes, le regard
Tourné
Vers l’horizon
Où naissent les sensations
Où surgissent les tépuys
Où s’alimentent les sources
Où le réservoir aux oiseaux
Tant et plus chaque jour
Sort de son escarcelle.

Non, il n’y a pas de mer
A regarder
On dirait pourtant.

Le grand ciel est grand
Car sous lui
Règne la savane la Gran Sabana
Et son herbe
C’est un paysage entier
Qu’il plait à regarder
Aux mangoustes-vigies
Aux mangoustes-vies
Aux mangoustes
Pied-de-nez-de-pierre
De la Gran Sabana.

Carole Radureau (08/07/2018)

Tépuy Acopan

…..poésie de la Gran Sabana…..


C’est un sage
Un chaman
Un ancien aux connaissances
Multiples
Héritées de ses ancêtres
Transmises
Comme une chaîne
Avec toujours plus
De preuves à l’appui.

Il est tourné vers le soleil
Il a sa parabole
Sa boule de maté
Pour observer le ciel
A satiété
Lecteur de l’univers
Grand philosophe des cieux
Il est bien plus qu’une image
Dans la pierre
Sculptée par la vie sauvage
Comme un pied-de-nez au destin.

Carole Radureau (10/07/2018)


Auyan tepuy

…..poésie de la Gran Sabana….

La grande maloca
De son grand chapeau chinois
Glisse
Trois cils furtifs
En direction du ciel

Il y a tant de communautés
Qui vivent sous son toit
Un toit en paille tissée
Un toit résistant

Le soleil qui se couche a
Hérité de la pénombre de la nuit
Pour entourer
La silhouette
En faire une ombre
Chinoise

On imagine les gens attardés
Sur leur bol
D’autres dans les hamacs
Les chansons de la veillée
Qui entonnent un air gai
Connu

La grande maloca
Est une qui vise la sécurité
Pour vivre en paix
Il faut
Les rangs
Resserrer

La solidarité est une règle en soit
Qui ne rompt ni l’éphémère
Ni le temps en quatre brins.

L’entraide est une branche sûre
Sur laquelle asseoir la vérité
La sagesse est une feuille de cassave
Qui se glisse tel le toit
Entre l’âme et le feu.

Carole Radureau (10/07/2018)

…..poésie de la Gran Sabana…..

Il y a de l’or au fond
De la cuvette
Un sable doré
Fondant et appétissant
Attend le voyageur
Imprudent.

Il y a une grotte
Sur le côté
Certainement
Une cachette pour amoureux
Dorés sur tranche
Nimbés d’une aura de pierre
Et de lumière.

Descendant
Poissons d’argents
La petite chute
Délicate
Les amoureux
Poissons pressés et filants
S’aiment dans la grotte
De la cuvette.

La pierre a délicatement creusé
Son nid
Dans un sable érudit.

Le sable a délicatement
Entrouvert son cœur
A la lumière.

L’eau s’est délicatement
Infiltrée
Dessinant
La beauté.

Carole Radureau (07/07/2018)

Dans le mont Roraima

….poésie de la Gran Sabana…..

L’anaconda est le roi
De l’Amazonie
Il n’a rien inventé
Ses méandres il les a
Décalqués sur les rios
De la grande forêt
Ceux qui se déroulent
Poissons d’argent
Au cœur de la végétation.

Le serpent de verre
Est un grand déhanchement
Sacré
Qui se trémousse
Fier
Jouant de ses hanches
Envoyant balader
Des pans entiers de forêt
Tropicale.

Elle, elle se laisse faire
Joyeuse
Adaptée
Elle se laisse amadouer
Par le serpent de verre
Qui à l’eau
Pour attribut.

De petites brumes
Voilettes de nuage de lit
S’évaporent
Sans bruit
Fumées qui s’enfuient
Les rayons du soleil
Font briller le verre
Le lait d’argent
Des rivières
Qui luit de son désir
De plaire.

Carole Radureau (07/07/2018)

….poésie de la Gran Sabana……

Comme posées
Tendrement
Sur un limon
Solide
Un réceptacle à minéral
Le socle de la rivière
Est un miroir d’opale
Qui rime avec un vase
D’acier
Trempé dans l’onde
De cristal.

Comme déposées
Par le vent
Petits paquets doucement
Arrondis
Chaos qui ne le sait pas
Qui rêve que le temps
L’emporte
Là où tu sais.

Comme décalquées
Sur une image trop profonde
Trop parfaite
Trop retouchée
Le contraste a dessiné sans tricher
La réalité de la rivière
Quelques palmiers viennent
En contrefort
Nous dire l’exotisme
Les nuages sont des voiles de thé
Qui s’enfuient dans l’ère confuse
Dépassée
Il n’y a pas de magie
Il n’y a que la beauté
Pure et naturelle
Qui s’exprime
En noir et blanc.

Carole Radureau (12/07/2018)

Le tépuy Kukenan depuis le rio Kukenan

Le monde perdu
Comme un qui s’était bien
Préservé
Unique de son vaisseau
Sa citadelle calme
Protégeant son eau
Sa faune
Sa flore
Sa vie
Sa pierre
Ses peuples
Comme des trésors
Précieux.

Le monde perdu ne l’est plus
Il est monde connu
Mais si peu
Tant de grottes
Tant de mystères
Tant de cœurs de pierre
Tant d’espèces
Dans les labyrinthes des yeux
De la terre-mère ils
Existent
Et sont
Monde perdu.

Pas perdu.
Pour tout le monde
La nature n’a pas besoin de l’homme :
L’homme
Si.

Pas perdu.
Car le temps est figé dans son action
Qui le fixe à jamais
Qui le pérennise
Lui donnant une beauté
Inégalée
Que les yeux humains
Ne savent pas toujours
Apprécier.

Chercher à découvrir chaque secret
Chercher à découvrir des voies
Chercher à escalader
Se baigner
Récolter
Voire saccager
Est le propre de l’homme.

J’aimerais que ce qui est perdu
Le reste à jamais
Il en faut de petits paradis
Pour que la vie
Et son message d’espoir
Persistent
En ce monde.

Carole Radureau (08/07/2018)

Mont Roraima