Reflet de ce qui est
Ou de ce qui n’est pas ?
L’onde a pris le pas de l’eau
Dans son courant émouvant
Ce qui a vocation à être reflété
Ne peut
Sans équivoque
Eviter de l’être.
Je ne suis pas poète, moi,
Arbre au bord de l’eau
Je confie seulement à l’onde
Le reflet de mon aura
Comme un cadeau précieux
A elle de le retranscrire
A vous de le lire comme un manuscrit
Un parchemin, un par le chemin
De l’eau et de la terre
En se laissant guider par la musique
Qui joue de la harpe et du violon
Dans le ramage de mon adage
En se laissant guider par le son du tango
Surgit, ici,
Comme par miracle (le tango est partout où se niche la vie).
C’est un arbre dans le fond
Un que l’on croirait noyé
Noyé ou étouffé par les bras d’une eau
Trop possessive
Il tremble, tremblote, grelotte, frémit,
Frétille, sursaute, surgit, parfois
Pour épouser son double
L’embrasser à pleine bouche
Le remercier pour son enveloppe
Sans laquelle, nulle image dans le fond
De l’eau, dans le limon, dans la pègre.
Arbre qui ne se confond pas avec celui
Des
Origines
Il sait rester à sa place, ô par chance
Il en a deux :
Une ici les deux racines sur terre
Une dans le lac, les deux bras flottants
Ceci n’est pas le cas de tous les arbres
Avoir son reflet chaque matin
En pleine vue, même quand les yeux sont encore
Difficiles à mettre à pied d’œuvre
Pour s’écarquiller sur le monde
Avoir l’œil frais et le vrai regard
Pour comprendre, apprendre, savoir, attendre.
Refléter comme compléter
Comme veiller à combler un vide
Qu’y avait-il dans cette eau avant l’arbre ?
L’imagination va,
Aidant,
La lyre est folle quand la muse saute sur le dos
De son apaloosa tricolore
Il saute l’obstacle,
Traverse les ruisseaux,
Escalade les montagnes,
Danse avec les chamanes,
Se laisse tresser sa crinière,
Y glisser une couronne de fleurs
Aux couleurs de la poésie,
(c’est-à-dire rouge et noire).
Dans le reflet se voit l’aurore
La nuit qui finit
La douleur quotidienne
La survie.
Même si le temps est beau
Le reflété reflétant le reflet est tremblant
Confus et timide, humble et calme
Il sait que rien n’est acquis
Que le fil de la vie est fragile
Il sait que la ligne est tendue sur la face du monde
Il sait que la lutte pour la vie prend un tournant
Néfaste, furieux, violent,
Tremblant pour les humbles, les courageux, les
Valeureux : rien n’a jamais été si près de s’effondrer
Nous dit le reflet…….
Mais il faut terminer, muse
Sur un point positif comme il se doit chaque fois que tu es sur ta monture
La vie est belle qu’on se le dise : reflétez-moi, arbre,
Dans toutes vos langues et chantez-moi dans vos langues anciennes
J’attends les devoirs de vacances
Je noterais large à mon habitude
La note sera le reflet de la beauté
Qui se noie chaque jour dans l’onde
Avec moi.
Carole Radureau (13/07/2023)
Inspirée par cette photo de Gianni