oiseaux muses

Mes petites demoiselles

Jouvencelles

Vous avez faim vos becs

Lancent au ciel

Des éclairs furieux.

Vite, vite maman hirondelle

Passerelle vers la vie

Vite, vite dans les becs non assagis

Glisse-les tes insectes, glisse-les !

Maman hirondelle.

Eternelle.

La grande colonie , tant de bruit

Impossible de fermer un œil

Quand les hirondelles nouvelles

Piaillent sous ton toit dégarni.

Et dans les airs que de ballets

Que de prestances

Que d’élégances

Elles n’ont rien à envier au cygne

Les hirondelles rebelles

Dansant swinguant plongeant

Fusant traversant l’air comme un éclair :

Hirondelles intemporelles.

Et dans mon cœur

Hirondelle

Comme une sœur

Hirondelle

Tu dictes mon songe

Citronnelle

Jusque dans ma tisane

hirondelle

Tu mirabelles mon cœur.

Carole Radureau (28/02/2020)

Hirondelle rustique

Hirundo rustica

Moi je suis la petite touche

De rosée

Confuse et subtile qui harmonise

La délicatesse des songes.

Quand la neige recouvre de son blanc propos

Les Rocheuses, les essentielles

Je semble même rougir sous l’effet du froid

Et sur le sucre blanc

J’étincèle

Réellement.

Mais ceci n’est qu’une illusion car mon plumage

C’est une aquarelle que nul peintre encore

N’osa expérimenter.

Et quand mon chant grimpe vers le ciel

C’est une mélodie à la pureté rosée

Comme un bouquet offert par la rosomane

A son amour reconnaissant.

Carole Radureau (27/02/2020)

Roselin de Cassin

Haemorhous cassinii

Quasi menacé

VIDEO

Tu vois le gris du ciel m’inspire

Et j’aime le bleuter comme un défi au temps

Tu vois le jaune du citron me plaît

Et j’aime renforcer son audace

Ocrer sa capacité téméraire.

Je glisse dans les branchages

Sur un ventre habillé par la feuille d’hiver

Je me faufile dans la verdure

Telle une licorne poursuivie par la queue d’une comète

Je songe à ton regard quand il tombe sur moi

Comme sur un miracle de la vie

Mais je ne m’emballe pas,  non

Je suis humble face à tant de beautés

Distribuées

Par ma mère la terre.

Carole Radureau (26/02/2020)

Paruline à collier

Setophaga americana

Le soleil a chauffé sa monture et l’ombre

Tout à coup

Fulgure

Un reflet de citron dans le feuillage

Et son loup dans la pénombre comme au carnaval de Venise.

Une sensible perception fait que l’air se trouble

La branche s’efface le rameau se lisse

Se fait tout tendre pour ne pas blesser

La douce pelisse de l’oiseau masqué qui passe

Son chemin.

Elle a fixé sur le sol de ce matin une question

Que nulle aurore n’obscurcit

C’est une question dînatoire une qui n’attend pas

Une dont on survit.

Carole Radureau (25/02/2020)

Paruline masquée

Geothlypis trichas

Je me suis fait un de ses petits nids douillets

Pile poil adapté à mon corps

C’est de l’art ça madame de la transmission non orale

Je connais cet art de je ne sais où.

Je vous révèle mes secrets moi qui vous parle

Je vous montre en vidéo ma façon de faire

Moi qui sait le faire

Ainsi vous les hommes ne vous poserez plus la question :

Mais comment font-ils ces oiseaux

Pour avoir un nid si bien proportionné ?

Dans nos gènes se promènent des histoires vraies

Depuis la nuit des temps

Il y a une petite valise hermétique et précieuse

Qui jamais ne faillit

A sa tâche communicationnelle

Il y a une boîte de transmission

Elle est belle car on ne la connaît pas

Elle est précieuse car elle nous vient ainsi

Naturellement

Elle est vitale car sans elle

Impossible de faire notre chemin de vie

Sans anicroche sans efficacité.

Carole Radureau (21/02/2020)

Merle d’Amérique

Turdus migratorius

Donnez-moi le petit cormoran

Mon premier dessiné – je me jette à l’eau

Donnez-moi celui qui a l’œil bleu

Et la caroncule jaune :

Quelle beauté ce petit visage inspiré par la couleur !

Aux îles Kerguelen il vit

Autrefois on leur disait : Iles de la Désolation !

La Réunion l’île la plus proche l’est de

3250 km !

Quelle aubaine pour le cormoran et ses compagnons

Les fjords sont découpés dans les roches d’origine volcanique

Et jusqu’à l’homme

C’était tranquille sur leurs îles.

Mais voilà il a posé le pied et puis comme toujours il a décimé

Les français ont voulu y faire des essais nucléaires

D’autres envisagent d’y envoyer des djihadistes au bagne

Mais les oiseaux eux s’y sentaient bien avant l’introduction :

L’introduction de l’homme du rat du chat et d’autres

Qui sur les nids au sol font des dégâts auparavant inconnus

Aux oiseaux marins.

Mais il est toujours là mon petit cormoran aux yeux bleus

Je parle de lui j’écris pour lui je le dessine

Je vous le montre et il est maintenant connu

Car dans les animaux de Caro il entre de plein pied.

Dans mon cœur existe une île aux oiseaux

A la terre infinie

Où tout est territoire

Où tout est océan

Où tout est air pur

Où volent libres les oiseaux libres

Comme des licornes détachées du temps.

Carole Radureau (20/02/2020)

Cormoran des Kerguelen

Leucocarbo verrucosus

Le soleil a mis un monde un fils

Héritier de sa splendeur et fruit

Au pouvoir jaune

La lune y a vu une offense

Et dans le jais elle a taillé

De fines plumes pour y écrire ses doléances

Le chardonneret fils du soleil neveu de la lune

A pour but de transmettre la chanson universelle

A pour objectif de croquer la graine

Tout en laissant une coque pour contrer l’ignorance

La lune a dirigé l’éventail de sa queue comme pour

Diriger le monde

Le soleil a mis sur sa tête un prix

Que même l’or n’atteint pas.

Carole Radureau (19/02/2020)

Chardonneret jaune

Spinus tristis

Dressant sa chevelure blonde

Pénélope est joyeuse

Elle va sur le sol fait ses courses

Elle revient son cabas bien garni

Dans les arbres elle se repose

Pénélope a la sieste lourde

Comme des paupières se fermant sur la nuit

Elle dort du sommeil de l’oiseau juste

Elle ne le sait pas mais pour un peuple

Elle est mythique

Un peuple qui porte son nom Kujubim

Pour lequel elle est à l’origine d’un mythe

Pour eux elle amène les âmes des vivants

A leur naissance

Les reprend a leur mort

Leur nom veut dire « tête blanche »

Comme Pénélope l’oiseau à la tête blanche

Les oiseaux comptent pour beaucoup dans le monde

Dans la symbolique

Peu de peuples ne s’y réfèrent pas peu de peuples

Ne les vénèrent pas

Parfois ils sont des compagnons de vie

Parfois ils sont des auxiliaires

Parfois ils entrent de plein pied dans les mythes

Peut-être même les provoquent –ils ?

Carole Radureau (19/02/2020)

Pénélope cujubi

Pipile cujubi

Le temps passe sur le bruant

Celui ne fait rien à l’affaire

Le bruant est un fil qui se tend

Sur le sol et casse l’air vigoureux

Il est un oiseau au casque roux

Subtil dans son plumage

Gonflant son duvet sous le froid

Il connaît bien « le mode patate »

Pour résister pour exister

Il est un bruant familier vous avez vu ?

On dirait notre petit moineau

Il est familier il est commun pourtant

On le voit vivre déjeuner picorer élever et tout à coup

Il fait beau.

Carole Radureau (18/02/2020)

Bruant familier

Spizella passerina

Jaillit de la quebrada

L’oiseau aux deux couleurs

Comme un soleil épousant la mer

Il n’a ni peur ni froid

Quand la terreur du gel étend sa menace

Sur un territoire où la beauté s’éteint tout à coup

Son étoile de vie est prospère

Sa figure ravie de figurer tout en bas d’une carte

Où la Terre est de Feu

Où les hommes se sentent attirés par le No man’s land

Pourtant là-bas autrefois le phrygile côtoyait le peuple Yaghan

Il le voyait souffrir et s’adapter comme lui l’oiseau

Le fait dans des conditions extrêmes

Il a vu ce que l’homme blanc a fait de ses aborigènes

Il les a vu disparaître comme on voit disparaître aujourd’hui

Des espèces mais la vie

Est plus forte que tout et dans l’intimité bien secrète de la terre

Elle fait jaillir sa flamme comme un flambeau sacré.

Carole Radureau (18/02/2020)

Phrygile de Patagonie

Phrygilus patagonicus