La minéralité expliquée aux cailloux

……31 poèmes d’amour à la terre-mère pour en finir avec 2020……

Comment avoir l’air sérieux

Foi de ciel aux barbes sûres !

Pourquoi avoir l’air sérieux

Froncer des sourcils broussailleux

Dicter des conduites et des chemins à suivre ?

La vieille barbe du pater a rosi son propos :

C’est un miroir aux roses

Non pas un miroir aux alouettes

D’aucun vous diront : « il y aura du vent demain »

La barbe elle, suit son petit train

Hier il était gris, il hoquetait

Aujourd’hui il est rose et promet

Une belle barbapapa.

Des chamallows, dis-je

Comme il en pleuvrait

Sur le gâteau attendant son mortier

Des chamallows tendres et sucrés

Ou la barbapapa qui colle au menton

Le sucre est roi dans le ciel

Comment le nier ?

Je pense en rose du firmament

Quand l’ancien a oublié sur ses yeux

Ses sourcils en bataille

Quand l’ancien a préparé sa crêpe

En habit de fêtes.

Le sourire de la vie

Il est là sous tes yeux

Il file son petit train qu’il faut

Voir promptement

Flasher promptement

Demain il sera trop tard

La barbe aura repris

Son habitude de souris grise.

Carole Radureau (18/12/2020)

…….31 poèmes d’amour pour en finir avec 2020…..

A l’abri elle se tenait

Sous l’arcade roselière

Comme une égarée mais non seule

Avec quelques sœurs

Retardataires :

Celles qui préféraient la fraîcheur

Pour hisser leur cœur de rose.

Elle avait envie qu’on la voit

Je le sais vous savez pourquoi ?

Sous son cœur d’habituelle

Elle avait déployé deux ailes

Vertes comme la primavera.

Souvent cette rose aime l’habit vert

La petite parure qui tranche

Qui fait que les gens l’aiment

Pour ce qu’elle est et parce qu’elle est et

Qui a quelque chose à voir avec la poésie

Ne porte-t-elle pas le nom d’un poète ?

Les ailes vertes

En mon œil - en mon âme - en mon cœur

Ont planté leurs plumes rectrices

Assurément.

Parce que Verte, que je t’aime, verte

Verte candeur, verte fraîcheur

Verte qui se dévergonde dans l’aurore de l’automne

Verte qui se coiffe naturellement

Avec un sifflet de printemps.

Carole Radureau (18/12/2020)

……31 poèmes d’amour à la terre-mère pour en finir avec 2020……

La terre est froide et sur sa couchette

Je ne veux pas

Retrouver mes sœurs

Accrochée

Désespoir

Aux branches qui me retiennent

Oui qui me retiennent

Leur liège est un sparadrap qui me dit :

Reste avec moi !

Je suis la dernière

Une petite couleur

Isolée dans le gris du tronc

L’appareillage précieux de l’arbre

Ses membres en dormance déjà.

J’ai sur moi un réseau de gouttelettes

Comme autant de perles sacrées

Qui ne veulent pas

Non ne veulent pas

Crever

S’épancher sur la terre sur mes sœurs

Qui tapissent de couleur la dalle émulsifiante

Là je vis encore

Certes ce sont de derniers souffles

Rauques et tuméfiés

Comme des balbutiements.

Moi j’ai tout mon temps.

Celui qui dit

Dira qu’il sait

Le moment venu

Me décrochera

De mes bras de liège.

J’ai tout mon temps.

Carole Radureau (16/12/2020)

…….31 poèmes d’amour à la terre-mère pour en finir avec 2020…..

Le jour se couche dans un chaudron magique

De lumière il reste encore un peu

C’est l’heure du show

Juste avant la nuit

L’heure des étourneaux bien rôdés.

Quel est leur but ?

Quelle est leur heure ?

C’est assurément une heure à eux

Entre gris et noir

Pour saluer la révérence du soleil.

Est-ce une danse rituelle ?

Un ballet nuptial ?

Une épopée chevaleresque ?

Une répétition ?

Les oiseaux battent très vite leurs ailes

Ils sont espacés en un schéma rigoureux

Les oiseaux volent à toute vitesse

Leurs dessins sont un feu d’artifice

Sans bruit sans fumée juste avec le dessin

Qui s’ouvre

Qui se ferme

Qui s’agrandit

Qui rapetisse

Parfois le dessin est clair

Parfois il est foncé

Ils tournent en rond

Ils passent derrière l’immeuble et ils

Reviennent, ils reviennent

Formant une flèche

Qui se lance dans une cible toute ronde

Et s’évanouit

Et ils sont une fleur

Qui a perdu quelques pétales

Et ils sont une soupière

Dans laquelle manquent les croûtons

Et ils sont une forêt

Qui gémit sous la promesse du froid

Et ils sont un bol de soupe

Dans lequel le persil bat de l’aile

Comme eux qui battent battent battent leurs petites ailes

Ce sont les batteurs d’un groupe de rock

Queen en mieux Scorpions en plus moderne

Il ne leur manque qu’un chef d’orchestre

Sans doute en ont-ils un

Qui le sait, hein ? Qui le sait ?

Pourquoi entre phoque moine et albatros

C’est l’heure des étourneaux ?

Carole Radureau (16/12/2020)

…….31 poèmes d’amour à la terre-mère pour en finir avec 2020……

Il y a celui qui se sert de la girouette

Et celui qui préfère la rose

Il y a celui de l’anémomètre

Et l’autre qui crâne avec l’échelle de Beaufort.

Un autre se dit que c’est tel ton dans la palette du peintre

Une qui se dit prête à nommer l’or (mais comme elle s’avance !)

Et puis l’argent arrive qui n’a pas son mot à lui

Car l’argent se cache dans les failles

Il n’est pas à l’air

Libre de décider de quoi que ce soit

Ce serait quand même plutôt l’or

Ou l’ocre à vrai dire (en vérité).

Puis viendra la verte fraîcheur

Le sens à donner au printemps, toute une déclinaison de sens de chlorophylles

En attendant : l’hiver n’est pas vraiment installé !

Il a encore chaud aux fesses, l’hiver (le cul rouge)

Il a peur de descendre dans les aigus

De faire chuter

Pourtant il faudrait bien un peu le pousser

Dans ses retranchements d’un léger coup de pied

Le mettre en dessous de zéro :

Qui réclame le gel ici ?

Il en faut du gel pour que la terre dorme sur ses deux oreilles

Que les virus se sentent un peu plus petits.

Et lui, il sait tout sur toutes choses

Il a gobé tout net un atlas complet

De géographie

De physique

D’histoire

De sciences naturelles.

Celui qui dit

Dans quel sens il souffle

Celui qui dit

C’est celui qu’il est :

Le vent.

Carole Radureau (16/12/2020)

……31 poèmes d’amour à la terre-mère pour en finir avec 2020……

Soleil d’hiver

Comme tu es beau !

Soleil d’hiver

Comme tu fais l’intéressant !

Sous ta caresse inhabituelle

Le rosier prête le flanc

Il laisse dorer encore et encore

Ses feuilles non encore tombées

Avant que le coup de vent

Sans pitié

Les jette sur le sol détrempé.

Soleil d’hiver après la pluie

Soleil qui s’est frayé un passage

On ne sait comment

Soleil furtif aussi

A saisir vite, vite

Sur son moment présent.

Je t’ai vu, soleil

Tu es pris !

J’emporte de toi dans ma petite chambre de bonne

Un rai de miel

Un programme suffisant

Il servira je te le dis, tu peux me croire

A alimenter mes rêves mes mots mes non pensées

Mes à-propos

Il servira,,, ton miel

A faire une réserve de lumière

Eclairant les jours gris

Flashant sur les non dits

Abusant les interdits

Refusant les contraintes

Autres que celles que la bienséance nous conseille.

Carole Radureau (15/12/2020)

……31 poèmes d’amour à la terre-mère pour en finir avec 2020……

J’ai un caillou dans mon jardin :

Comme il me va bien !

J’ai construit ma maison

Sur un chemin de granite

Ses ondes minérales conduisent à la mer :

Comme je m’en sens fier !

J’aime cette vue de roche

Cette pierre qui étend son manteau

Sur un fil transparent

Entre ici et demain.

Je lui parle et lui

Confie

Mes maux

Mes craintes

Mes attentes

La pierre est contente

Elle se sent utile

C’est ma compagne

Mon cœur-pierre

Ma canopée.

Parfois je me désespère

Le caillou dans mon jardin

Je ne voudrais pas le quitter

Sous lui, même

J’aimerais reposer

Nous serions à jamais

Main dans la main sur/sous cette terre.

Si tu veux vivre heureux

Choisis un jardin doté d’une pierre.

Quoi, elle est trop grosse ?

Elle prend la moitié du jardinet ?

C’est pour cela que j’aime cette terre

La pierre a croqué le buisson

Ou le buisson a-t-il croqué la pierre ?

Quand le vert prend la pierre

Le mariage est consommé

Comme lorsque la pierre prend l’homme

Pour compagnon.

Adossant ma cahute au rocher

Je rêve en minéralité

C’est une barrière de puissance

Qui vibre en permanence

Me garde en vie

Me garde en santé

C’est ma roche de vitalité.

Carole Radureau (14/12/2020)

…….31 poèmes d’amour à la terre-mère pour en finir avec 2020…..

Vous prendrez bien une part

De mon calvaire ?

J’ai envie de partager

Juste avec des mots

Sur le sable vider ma souffrance

A la terre tout renvoyer

Il y a des choses à éviter

Il y a des jours sans

Mais pourtant la terre je l’aime

Sang pour sang

Je crois en sa chaleur et sa tendresse

Me berce.

La pierre reçoit sans cesse

Des gifles de sa mer

La déteste-t-elle pour autant ?

Non, au contraire elle la reçoit

Avec compassion

Prête le flanc

Attend que la mer ait calmé sa crise de nerfs

Ensuite le calme plat.

Dans la souffrance

Viser le calme plat

Ne pas regarder en arrière

Voir dans la fente de lumière

Entre deux pierres

La mer qui sourit de toutes ses dents.

Carole Radureau (14/12/2020)

……31 poèmes d’amour pour en finir avec 2020…….

La terre a revêtu sa parure de liquidité

C’est sa grande tenue

Celle de faux-semblant de fuite de non engagement

Elle mouille tout ce qui peut être mouillé

Sa terre, en aquarium géant

Elle transforme

Et en elle il y a une vie qui vit

Dans les encolures

Dans les échancrures

Sur les bordures des poignets

La tenue s’échappe en grandes langues de bave

Comme l’escargot qui en bave sur la terre

Pour avancer coûte que coûte

Sa carcasse

La terre-mer lèche la surface

Avance en catimini

Se glisse telle une anguille

Elle efface l’ardoise minérale pour en faire

Au fil des siècles

Un sable doré et fin ou

Un gravât irrégulier

Cette robe mouvante

Parfois se dérobe à tout entendement

Sous la caresse virile du vent

Elle se détend se laisse aller

A devenir parure de fée panoplie de sorcière

Elle hisse son chapeau au plus haut des cieux

Elle rabat sa casquette avec une furie sans nom

C’est que la terre-mer a du mérite pour se faire respecter

Et quand sa robe entière

Sort de l’armoire de l’à-propos

Dur de ne pas admettre que la terre-mer est la plus forte

Petit crabe dans le sable

Enfoncé

Marchant de guingois sans se faire voir

Tortillant du cul pour sur sa peau

La sable précieux faire couler

Sous la chape de silice la vague

Peut frapper

Rien ne bouge

Tout est en ordre

La petitesse attend dans sa bogue aux grains démultipliés

Le calme plat après la tempête

Chaque jour la mer veut grandir

Elle veut sur la terre enlacer une cheville

Embrasser un sein

Araser un front

La mer mord chaque pièce de calcaire

En fait une limace de temps

La mer roule toutes les pierres du tourment

L’homme recule sa cahute sous laquelle la falaise s’effondre

La terre-mer est en compétition entre elle et elle

Un jour elle se lève et endosse sa robe de liquidité

Le lendemain elle a chaud et va toute nue.

Carole Radureau (12/12/2020)

……31 poèmes d’amour à la terre-mère pour en finir avec 2020……

J’ai vu 2 roitelets

A mon lever

2 roitelets rapides

Petitous

2 petits oiseaux mal identifiés

(Sans mes lunettes)

Je les avais pris pour des pouillots.

J’ai vu 2 roitelets

Comme ils vont vite !

Ils prennent leur petit insecte

Ils volètent on dirait presque des colibris

Comme ils sont petits !

Derrière ma vitre là, à 1 ou 2 mètres

S’invite la vie sauvage

Elle ne demande pas la permission :

Elle a raison

Ici c’est toujours ouvert

Ici c’est l’amour qui attend

Figé dans un pétale de rose

Dans un gramme de cynorrhodon

Le petit oiseau

Le petit insecte

Qui vient vivre sa vie comme un compas

Bien réglé.

J’ai vu 2 roitelets

A mon lever

Merci ma dame la Terre

Rien de plus que la vie volante

Pour me faire rimer les yeux

Pour me faire vibrer d’aise

Les paupières.

Carole Radureau (10/12/2020)