31. Plume d'obsidienne trempée dans la neige pure

Publié le 31 Décembre 2023

cormoran impérial Par Francesco Veronesi from Italy — Imperial Shag - Tierra del Fuego - Argentina, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=39966079

cormoran impérial Par Francesco Veronesi from Italy — Imperial Shag - Tierra del Fuego - Argentina, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=39966079

……le cercle chromatique des oiseaux. 31 poèmes pour finir l’année….

…….oiseaux en Grande Tenue…..

 

 

La neige était essentielle.

Elle habillait les montagnes là-bas

Déchiquetées ou

Aux arrondis parfaits

Aux cimes élancées

Là, était le paysage

Comme dans son contexte quasi éternel

Cet héritage de millions d’années.

 

L’oiseau lui s’inscrivait dans ce décor

C’était son habitat, sa demeure

Son petit chez-lui,

Sa force à lui

Sur toute une ligne il étendait sa lignée :

Comme elle était longue !

 

Les poissons tremblaient voyant cela

Tant de cormorans

En Grande Tenue

Pour les défier les faire trembler les inquiéter

Alors que la neige au loin semblait s’effilocher

S’étirer comme un fil sur la quenouille.

 

Le paysage changeait.

La lignée de cormorans était toujours là

Le décor était presque le même

Mais comme à la saison chaude

Quand la neige était partie en vacances dans l’au-delà.

 

Que se passait-il ?

Etait-ce une passade

Un mauvais moment à passer,

Reverrions-nous les sommets enneigés ?

Pourrions-nous encore tourner nos yeux vers nos déités

(les montagnes) en leur demandant de réaliser nos vœux

Elles-mêmes semblaient dépouillées, démunies, galeuses….

 

Les peuples indigènes aussi

Cherchaient leurs paysages sacrés

S’inquiétaient de la sécheresse,

Des lagunes asséchées

Des neiges rares

Du manque de pâturage pour les lamas.

Ils ne comprenaient pas

Les oiseaux ne comprenaient pas

Ni les mammifères et toute la petite faune.

 

D’autres savaient bien ce qu’il se passait.

Ils pensaient que tout était foutu

Ils s’en tamponnaient le coquillard

Disant : Continuons de tout piller

Avant qu’il n’y en ai plus !

 

Les oiseaux et les peuples

Jamais, n’auraient pensé comme cela.

 

Probablement les gens qui avaient ces idées-là

Etaient les nouveaux démons de notre époque

Chaque époque doit combattre un, ou des démons

Nous, ce sont eux !

 

Les démons dominaient le monde

Ils n’avaient ni les yeux rouges

Ni la bave aux lèvres (quoique)

Ni une queue dentée

Ni des pattes crochues.

 

C’étaient des démons quotidiens

Des gens que souvent l’on élisait

Des gardiens du temple.

 

Ils disaient vert et faisaient noir

Ils disaient rose et l’on voyait rouge

Ils n’avaient plus le sens du blanc de la neige

Celle-ci, cette condamnée n’avait aucune valeur pour eux

Ils avaient gardé la passion du noir

Celui du pétrole, du charbon, de l’obsidienne

Ils avaient gardé la passion du gaz s’exprimant dans le méthane

Les pets les épataient les faisaient rêver

La merde des vaches les encensait.

 

Ils s’en moquaient que la montagne ne soit plus belle

que l’ours et le manchot disparaissent

que le poisson ne puisse plus barboter, le

saumon

remonter,

l’ours déjeuner sur l’herbe d’un saumon frais.

 

Ils s’en moquaient du cormoran

qui dessinait des lignes très belles

se fondant dans un décor de rêve

avec les rêves et la magie comme des ancêtres

tombés

en

disgrâce.

 

Malgré tout il fallait espoir garder.

Nous étions en ce dernier jour de 2023

Une année à ne pas retenir

Que l’on souhaitait quitter

Non pas pour trouver pire

Pour trouver mieux.

 

Tout être censé le souhaitait.

Moi, j’étais d’accord avec eux.

Je n’y croyais guère, les marqueurs étant au rouge

Pourtant il nous fallait de bonnes nouvelles

Moi-même il me fallait très vite une bonne nouvelle

Une petite, une lueur, quelque chose

Où accrocher sa vue

Histoire de rester debout.

 

L’oiseau nous accompagne comme une vigie

comme

un

phare.

Il a habillé la poésie de toutes ses possibilités

C’est un compagnon

Qu’il soit réel, dehors, oiseau rencontré sur le chemin

Qu’il soit en image, fort et prêt à être versifié

L’oiseau nous accompagne.

Il le fera sans cesse.

Comme une preuve de sa tendresse.

Comme une caresse sauvage partagée.

Comme un partage donnant donnant sur la lutte

pour le défendre, pour l’aider à survivre, pour

l’aider

à

s’adapter.

 

C’est notre devoir, notre sens de la famille

L’oiseau est un frère, une mère, une fille,

Un petit-enfant

Une grand-mère, un oncle

Il est des nôtres.

Ne l’oublions pas

Son sort est lié au nôtre

Le voir nous offre bien plus qu’un cadeau emballé

Il nous donne sa gaieté, son chant, ses jolies couleurs,

Il est porteur de rêve, d’espérance, de tempérance,

De liberté

Beaucoup beaucoup de liberté

C’est ce que je souhaite à tous ceux qui me lisent

A tous ceux que j’aime

Beaucoup,

Beaucoup,

de LIBERTE.

 

C’est la seule vérité sur cette terre.

Et la liberté, on la trouve où elle est

Même si l’on est prisonnier.

 

Que l’année vous soit belle et profitable

Qu’elle soit lumière, amour, et santé

Que le chant des oiseaux vous atteigne

Que votre cœur en soit transformé

Que la Terre-Mère vous envoie son doux et triste message

Que vous l’entendiez

Le respectiez

Que vous fassiez votre possible, à votre niveau

Pour inverser les tendances

Ne plus laisser faire les destructions

Ne plus vous laisser embringuer dans des idéaux en papier-mâché

Qu’elles gonflent vite, les petites gouttes qui construisent la grande rivière

Qui balaiera d’un trait ce qui nuit à la terre.

 

Carole Radureau (31/12/2023)

 

Cormoran impérial en Terre de Feu (leucocarbo atriceps)

 

 

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H
écrit à l'encre de l'âme !<br /> tu m'as tiré des larmes
Répondre
C
Tu sais, c'est sorti comme d'un trait de plume.....rien à corriger à part quelques fautes.
A
Un magnifique plaidoyer pour finir l'année ! Merci Caro pour ces 31 jours enchantés.
Répondre
C
Merci Alma, je te souhaite une belle année et surtout une bonne santé. C'est vrai que c'est un peu long parfois comme défi d'écrire chaque jour mais cela fait une belle dynamique malgré tout.