La rose inerme ( à l'occasion de la journée internationale contre la violence faite aux femmes)

Publié le 25 Novembre 2017

Indira Jarisa Pelicó Orellana 17 años Ilustración: Claudia Navarro-México

Indira Jarisa Pelicó Orellana 17 años Ilustración: Claudia Navarro-México

Elevée dans la soie des jardins
Rouge velours
Rose abricot
Joues de soie
Jupes de dentelle
Elle en avait perdu
Ses aiguillons et nue
Elle s’en allait de par le monde

Le jardin était un home
Doux cocon
Douce chaleur
Parmi les mères-roses
Les cousins pinsons et les commères
Mésanges
Tout était
Confort et volupté

Non armée
Si ce n’est d’attributs rares et peu recherchés
La rose inerme
Fruit pur de la campagne
Dans un monde d’hommes dont on attribue parfois des noms de prédateurs
(Ceux-ci ne leur arrivant pas à la cheville)
Comment trouverait-elle sa place
Cherchant ouvrage amour et attention
On ne lui proposait que vice violence exploitation

Hélas elle n’avait plus pour elle que sa voix
Pour crier
Que ses ongles
Pour griffer
Que ses dents
Pour mordre
Nul ne s’en émouvait
Il en était ainsi dans le jardin citadin de la vie
Les roses confites étaient des fruits communs
A glisser dans les cakes de la perversité

Chaque cri chaque griffure chaque morsure
Trouvait un écho
Parmi les roses du monde
Chaque morte chaque torturée chaque rose souillée
Chaque blessure chaque vie brisée
Se retrouvait au-dessus du nuage
Chorale de roses cristallines
Fruits de la topaze et de la lune
Chantant en chœur
Qu’on entende enfin leur voix mélancolique

Elevée dans l’épinette du jardin
La sélection aidant
Je cultive une rose bien aiguillonnée
Une pour qui la vertu est piquante
La vie est sacrée :
La saisir est une aventure

J’arme chaque tige d’armes terribles
Sur lesquelles viennent s’empaler les chenilles et les vers
Les gusanos et les tyrans
Chacune des roses de cette terre
Petite rose aux joues roses
Petite âme au destin de rose
Avec ce qu’elle sait
Avec ce qu’elle porte
Va de par le monde la volonté à la main
Un visage épanoui
Un avenir certain

Plus jamais de sang de rose
Plus jamais d’innocentes brûlées
Plus jamais d’abus ni de violences
Plus jamais de sœurs bafouées trahies violées

Je cultive une rose rouge
Pour celle qui naîtra le poing levé
Je cultive une rose rouge
Pour ne pas dire merci à la main qui violente
Je ne souris pas quand on frappe
Je ne me soumets pas quand je suis témoin
Je ne me tais pas quand je sais
Je crie, je milite, je dénonce, je lutte
Pour que les roses inermes aient le droit de vivre
Dignement.

Carole Radureau (25/11/2017)

Aux Niñas du foyer seguro Virgen de la Asunción au Guatemala, brûlées dans l’incendie de leur foyer

Inerme : se dit d’une rose qui n’a pas ou peu d’aiguillons

Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Coeur d'améthyste

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