La poésie est dans le pré
Publié le 4 Août 2019
Avec l’amour
Occupée
A chercher des trèfles à compter.
Déguisée en herbe sauvage
Elle se laisse tendrement humer
Par des naseaux affairés
Le doux mufle est un coussin de soie
Qui frôle
Un à un ses brins.
La poésie est dans le pré
Sa tête surgit d’un parterre fleuri
Comme une ancolie égarée
Prise d’amour pour un bleuet
Trop jeune pour elle.
Elle a en tête des rimes folles
Des rimes qui ont oublié la sagesse
Prises dans le vent qui frissonne
Au-dessus des adventices complices.
La scabieuse se hisse sur la pointe des pieds
Réclamant la poésie du blues
Promise
Le coquelicot rougit
Comme sous le coup d’alexandrins
Appliqués à la truelle du devoir accompli
Un pissenlit jaune merveille
Se dit que sa couleur rime avec l’omelette au beurre
La mini orchidée ronfle au milieu d’une bande de trèfles
Blancs comme la rosée
Qui perle
Le petit matin du jour nouveau.
La poésie est dans le pré
Sauvage
Dressée
Toute humide de confidences
Toute tiède de mots rimés
Toute tendre de confiances
Toute prête à rédiger.
Un orvet a glissé
Sa parure d’écailles fuyantes
Sur la page aux pattes de mouche
D’une poésie buissonnière.
Il n’est de pré que dans ta tête
Dit l’orvet
Le lit de plantes sauvages
Son parfum son ambiance son air mélancolique
Statique
Éternel
En toi vit
Le vent fait bruisser sa comptine
Comme une mer qui doucement
Bruine
De satisfaction.
Quand il y a une rime dans le pré
Le merle surgit et dans son bec
La prend
Comme une goulée d’argent.
Carole Radureau (04/08/2019)