Frère Pablo je t’écris

Publié le 21 Octobre 2017

Frère Pablo je t’écris

Frère Pablo je t’écris.
Alors que, sans un cri, sans un bruit, tu as éteint la lumière rouge de ta vie
Alors que dans un souffle
Ta rime s’est tarie ton verbe a soufflé sur la dernière page du monde
La flamme continue de briller dans ton œuvre
Frère Pablo
Te lire et te relire te connaître et te découvrir
Apprendre et encore apprendre du message de tes mots
A l’infini
Toujours
Sans se lasser
Traquer la vérité comprendre le savoir reconnaître la connaissance
Ouvrage de longue haleine
Minute après minute
Heure après heure
Jour après jour
Année après année
Toute une vie s’il le faut pour assimiler l’œuvre unique
La rendre vive la démultiplier
Quand ton souffle te fus pris par l’assassin déguisé
Je n’étais que petite fille
Ton nom m’était inconnu
Et notre rencontre inconnue elle aussi
Je ne savais pas combien de points communs
Je ne savais pas que les mots sont des pétales de rose
Sur lesquels s’accrochent les rêves
Je ne savais pas que les textes sont des trains de nuage
Tirant derrière eux les luttes et leurs fruits
Pour te découvrir
Pour te connaître
Il faut toquer à ta porte pourtant grande ouverte
Sauter à pieds joints dans le cerceau ouvert
De ta dialectique
Et se donner pour grammaire un grand ciel découvert
Une radieuse cordillère
Une hanche étroite de patrie triturée
Et un grand océan d’amour porté par la vie
Frère Pablo je t’écris en me disant combien d’années de ce lutteur
Nous ont-ils retirés
Nous sommes orphelins de tes textes restés à couver dans ta matrice féconde
Nous sommes orphelins du lutteur du conteur méconnaissant la langue de bois
Nous sommes orphelins du grand homme de l’épicurien et du sage érudit
Chaque fois que je t’écris je le dis
Tu m’as tout appris le verbe la nature l’histoire la géographie le sens de la vie
Tu es plus qu’un frère, frère Pablo
Tu es un père
Et aussi une mère qui nourrit nos pensées et nos muses de son lait chaud de vin et d’embrun
Je puise chaque jour dans le puits sans fond de tes textes
La sève et le poing levé
Je puise chaque jour dans la rose mouillée de ta prose
La force de me lever et de crier et d’écrire et de vivre
Pour toi par toi
Pour eux pour nos graines à venir pour la mémoire de nos anciens
Pour nourrir encore nourrir la sève de nos combats.

Carole Radureau (21/10/2017)

Frère Pablo est le titre d’un des poèmes de Pablo dans le Chant général (Les fleurs de Punitaqui)

Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Aragonite

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F
Magnifique Ode à ce poète inoubliable que l'enquête en cours devrait révéler la réalité de son envol vers un ailleurs que les amoureux de la poésie fréquentent. Merci Caro pour ces mots à la hauteur de ce qu'il fut et de ce qu'il incarnat. Bisous<br /> Je fais suivre sur tweeter
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C
Merci Fanfan, contente que ces mots trouvent un écho en toi. Tu sais comme Pablo est mon compagnon de route, je souhaite qu'il le soit de tous ceux qui ont trouvé en eux une muse. Bisous et merci de ta visite.
A
Quelle fougue et quel souffle! Les poètes ne meurent jamais, la preuve!
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C
Quand ça sort ainsi dès le petit matin....ça fait du bien, c'est comme une douche...merci à toi Alma.