........Fragments de l'Ile du Beurre.....
L’automne n’avait laissé aux arbres
Que des baguettes chinoises dénudées
Et l’hiver, ce passant morose avait fléchi l’injustice
Pourtant sur cette nudité
Il fallait bien loger
Et quand un semblant de printemps s’éclaira
Les logements patiemment
Apparurent
Ce n’était au départ que jeu de mikado
Où l’adresse et la patience étaient principales vertus
Ici et là à bonne distance
Commencèrent à se monter des édifices
C’est social car on se voit d’un voisin l’autre
On peut se prêter du sel ou du sucre
Ou bien de la levure pour faire monter le gâteau
Ou encore taper une petite bavette sur le paillasson d’entrée
Tout est bien pensé dans cette cité
Même si l’on est pressé, on peut crier par la fenêtre.
Ils sont arrivés une fois les travaux terminés
Ils commencèrent à l’occuper et c’était confortable
Assez
Pour y prévoir d’agrandir la famille
Assez
Pour y trouver le gîte, le repos et la convivialité
Tant de grandeur dans cet habitat simplissime
Tant d’espace à découvrir une fois la crémaillère pendue
Tout à coup l’avenir n’était plus à la brume
Tout à coup la destinée était bien avancée
Il fallait de la vie, de la joie et des rires
Dans la cité de l’île du Beurre
Et ça, les promoteurs à peine l’avait prévu
Il manquait bien des chambres
Des tricycles et des bacs à sable
Mais les petits savent bien jouer avec ce qu’ils trouvent
Une fois l’émancipation arrivée (comme le temps passe vite)
Avec grand renfort et entraînement les jeunes se préparaient
Puis, l’heure était venue du voler de ses propres ailes
Et prenant d’un coup leur cœur dans la gorge
Leurs ailes à leur cou
Ravalant leurs larmes face à l’incertitude
La séparation avait lieu
Et parfois pour toujours.
Il en était ainsi du cycle de la vie
Dans l’Ile du Beurre comme dans la forêt à côté
Ou la grande ville ou il n’est moins sûr
Que le social vive encore
Du moins la solidarité.
Je te vois, tu me vois
La fenêtre et la porte sont toujours ouvertes
Et le cœur a laissé sur la table
Une rose toute fraîche.
Carole Radureau (03/03/2025)
Inspirée par ces photos de Serge de hérons dans l’Ile du Beurre sur le Rhône