Publié le 10 Octobre 2022

 

Donnez-moi l’arbre qui chante

Car son poids ploie sur le fruit de la pomme d’or

J’y plongerais avec délice : mieux !

Vous pourrez me photographier !

 

Je sais comme vous êtes impatients

De voir ma jolie petite frimousse

Vous avez été patients

Deux étés à entendre les symphonies

A voir de brèves envolées, rapides comme l’éclair

Et rien au demeurant

Juste une suspicion

Sans même savoir si nous étions garçon ou fille

Papa ou maman ou bien les deux.

 

Dans cet arbre providentiel

Le fruit n’est pas des plus tendres

Mais il faut adapter son régime aux circonstances

Là où la figue fond sous la glotte

La pomme d’or grince sur le semblant du bec

Comme un caillou difficile à saisir

Qu’importe dis-je, ceci est mieux que la soupe

Aux cailloux

L’été à été rude mais ici, dans ce jardin

Il y a de la ressource.

 

Nous avons concouru cet été pour le plus beau chant

Notre compétiteur est Bec d’or le merle noir

Et un autre concurrent, peut-être un fils de la saison passée

Qui chante un chant plus révolté

Nous autres sommes sur le même ton

Mais c’est très mélodieux

Ça se mêle bien au disque du merle qui lui est plus varié

Le merle et nous sommes sur les mêmes diapasons

La pomme d’or, l’amélanche, la figue, la cerise, le sureau et l’amour

Des troubadours

Chanteurs de mieux.

 

Profitez de nos belles petites physionomies

Aujourd’hui, le sourire est gratuit

C’est pour remercier les humains de leur patience

Aussi, de leurs plantations.

 

Nous oserions, nous ferions une petite demande pour l’an prochain :

Un sureau siouplait, ce serait tellement bien.

 

Il va falloir le commander au père noël

Ce n’est pas son prix qui coince

Non, c’est son côté balado, gars de la campagne, des talus,

Des chantiers

Il faut oser le faire entrer dans le jardinet, mais on osera

C’est un nouveau défi

Ou une occasion de lâcher prise

A voir.

 

Carole Radureau (10/10/2022)

 

Inspirée par ces photos de mon fils Gianni

 

Fauvettes à tête noire, la tête noire c’est monsieur, la tête rousse, c’est madame.

Symphonie des oiseaux – La pomme d’or
Symphonie des oiseaux – La pomme d’or
Symphonie des oiseaux – La pomme d’or
Symphonie des oiseaux – La pomme d’or

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oiseaux muses, #Gianni ou fragments de vie sauvage

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Publié le 7 Octobre 2022

 

 

, là où le fruit chante,

Je suis,

Fruit de la vie, fruit

De l’espérance, bec

En dormance mais non,

Pour la faim.

 

, je ne suis pas née

Avec un frein, à

L’estomac, j’ai la glotte

Chatouilleuse de celles

Qui ne s’en laissent jamais,

Jamais,

Compter…..

 

Il me faut de l’évidence

De la mûreté et de la tendreté,

Des mots, à mi-maux avalés

Par le dictionnaire des elfes,

Qui ne sont pas mes voisins de volonté

Sinon mes voisins de cœur.

 

Là où le fruit chante,

Je

Chante,

C’est ainsi que va

Ma journée de délicatesse et

Je l’emplis, l’air, je

L’

Emplis,

Je ne suis pas

Radine

Sur mes notes de musique

D’ailleurs elles m’ont été généreusement

Offertes

Si vous voulez, c’est un don

Mais un don de l’offre, non,

Un don du dieu des Oiseaux,

Un elfe qui paraît-il est si beau

Que personne ne l’a jamais vu.

 

C’est comme chez les hommes,

Probablement

On imagine en se laissant bercer

Par des notes habillées de doux murmure

Fruit de la mûre enfant du sureau

Tout sucre toute vitamine toute eau

Qui glougloute dans la glotte

Donne un chant particulier,

 

, que vous n’entendrez plus car c’est fini,

L’été…..

……mais pas pour les photographes car,

Quand l’arbre perd ses feuilles, l’œil

Gagne

En clarté et là,

Je me fais prendre en flag de délice de figues

Et d’autres confiseries de pâtes de fruits automnales

Mais ça

C’est pour un autre rendez-vous poétique.

 

Carole Radureau (07/10/2022)

 

 

Inspirée par cette photo de Serge

Fauvette à tête noire dame

Fauvette à tête noire dame

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Fragments de Vivarais, #Oiseaux muses

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Publié le 4 Octobre 2022

(...)
La poésie est le pédalier d'un rutilant vélo. En elle chacun grandit. Les chemins sont blancs. Les fleurs parlent. De minuscules fillettes surgissent à tout moment de leurs pétales. Cette excursion n'a pas de fin (.....)

Andréas Embirikos (La tresse d'Altamira) traduction Jacques Lacarrière

Les chemins sont blancs

Je ne peux décemment, sur un texte si beau, déflorer son aura et me laisser, aller, minuscule fillette sur les chemins blancs, même si, il y a des fleurs partout.

Je vous laisse donc avec cette merveilleuse définition de la poésie.

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Aragonite

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Publié le 2 Octobre 2022

…….fragments de Vivarais…….

 

 

Entrez chez moi,

Sans frapper

Ma porte est toujours ouverte !

 

Je sais, les hommes ont

Tout un tas de citations

Pour le bien accueillir, moi,

C’est plus simple :

Je ne suis pas menuisier.

 

Certes, j’ai une certaine capacité

Celle de forer dans le bois décrépi

Mais pour y faire cet habitat

Si formidablement rond

Confortable et de sécurité

Y’à pas photo :

Je préfère m’inviter !

 

M’inviter chez qui ?

Je ne sais pas

Sans doute une chère petite chouette des bois

Un hibou aux grandes aigrettes

Un sage porteur de lunettes.

 

Qu’importe.

Ici, j’ai fait mon nid

Mes petits y ont grandi

Il ne faisait ni chaud, ni froid

Tout le monde y a trouvé

Place et réconfort

De quoi grandir sans s’inquiéter.

 

Qu’en est-il de la Porte-aux- Fées

Me demandez-vous ?

Ah ! mais c’est un secret

Que seuls les habitants de la chaumière

Peuvent connaître.

 

Le soir, à la veillée

Le papa conteur chausse ses sabots de feu

Aiguise sa langue possiblement déroulée

Qui contient des kilomètres de nouvelles.

 

Les fées sont là sur ce chemin

Elles déroulent leurs fables et font miroiter

Leurs butins

D’un grand coup de baguette

Sur nos chères petites têtes.

 

Le soir, même le soir d’été

Dans la chaumière arboricole

Nulle lumière, nulle luciole

Pour éclairer l’histoire d’un livre.

 

Non, tout est dans la tête du papa.

C’est un chaman qui en pic de notre espèce

Un jour s’est réincarné

Nous sommes heureux, nous les juniors

Car, grandir,

Bercés

Par une kyrielle de contes

C’est grandir

Dans un monde démultiplié

Où chacun à sa place

Où chacun trouve une réponse

Quand l’adversité fait rage

Il faut de la débrouillardise,

De la poésie et du charme

Pour allumer les bougies de l’intelligence

Nous, la nature nous a bien dotés

Des pattes au bec, tout est parfaitement

Parfait

Si, derechef, le nid se révèle livre de contes

Comment, en s’envolant

Ne pas rayonner d’amour

Pour toute la tendresse, alentour ?

 

Carole Radureau (02/10/2022)

 

Inspirée par cette image de Serge

 

 

3, rue de la Porte-aux-Fées

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Fragments de Vivarais

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Publié le 30 Septembre 2022

…….fragments de Vivarais…

 

 

Peut-être est-il trop tôt

Ou bien est-il trop tard

On pourrait me dire :

Trop tard au clafoutis comme on dit :

Trop tard à la soupe

Il n’empêche que je constate

C’est très joli

Ça pendouille gaiement mais

Pour l’instant :

Rien à en tirer

Je n’aurais pas de jolies petites vitamines

Sucrées et colorées

Pour colorer mon futur plastron

C’est qu’il en faut de l’énergie

Pour allumer

Sur sa gorge

Juste au-dessous de son bec

Un étendard enflammé.

 

Avec cet étandard, ceux de ma famille

Font fuir les froussards

Mettent une peur bleue

A ceux qui ont froid aux yeux

C’est un peu comme s’ils nous voyaient

Nous autres, oiseaux pacifiques

Comme un monstre sanguinolent

Le couteau entre les dents !

 

N’importe quoi !

Mais ça sert bien de faire peur.

Par exemple pour rester le seul sur la pitance.

Pour se gaver sans se presser.

Pour voir dans leurs yeux noirs

Une pincée de désespoir

Ils nous voient venir, essaient de nous chasser

Mais de suite ils disent, c’est Georges

Grand respect !

Car il ne faut pas s’y tromper

Que ce soit maintenant ou jamais

Quand les fruits seront mûrs

Ils seront à moi, foi de Georges

Car j’ai prévu un clafoutis, bientôt

Un clafoutis aux fruits, mazette

Pas un clafoutis sans fruits comme Caro

Qui craint par-dessus tout, non pas les oiseaux

Mais les salicylates.

 

Carole Radureau (30/09/2022)

 

Inspirée par cette photo de Serge

Poésie au pays du clafoutis – 2. En attendant Godot

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Fragments de Vivarais, #Oiseaux muses

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Publié le 30 Septembre 2022

 

……Echo de poète…..

 

 

« Parmi les thyms, parmi les pierres

(ne parle pas, mieux vaut se taire)

Sous le ciel bleu, ciel du printemps

(il faut oublier, ça fait trente ans)

Sur les épines, les thyms fleuris

(ils étaient jeunes mes trois amis)

Un jour d’avril, un jour ensoleillé

Tous trois gisaient parmi les fusillés. »

Aris Alexandrou

 

Dans les temps de souffrance

La pierre en rien n’était frère

Ni la tendresse de son cœur

Source de réconfort

 

C’était l’époque de la terreur

De celle qui enfermait les pensées inédites

Qui voulait forcer la liberté

A dénouer son foulard de nécessité

 

C’était une saison morte

Où l’on mourait sans jamais émouvoir

Comme une tranchée libérée de l’espoir

Où la mort n’était qu’un détail

 

C’était une période où la torture

Avait la tête dure

Où les nerfs se roulaient en pelote

Pour se faire nature-morte

 

Ce fut une époque où les traces abondent

Dans la pierre sur la mer dans chaque racine souterraine

Les lettres ont été écrites et tues

Comme des fleurs ayant perdu leur tutu….

 

….devant,

Pour s’exprimer

Ouvrir deux points et mettre des guillemets

Là sous la pierre qui ne bouge point

Là sous la terre compagne de route….

 

…….pour qu’un jour, loin dans le lointain temps

La bouche s’ouvre, sortent les mots

Comme des cris non pas de corbeaux

Comme des cris de désespoir.

 

Carole Radureau (30/09/2022)

 

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Echo de poète

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Publié le 29 Septembre 2022

.........Fragments de Vivarais......

 

Je ne suis pas la téméraire

Je ne suis pas la précieuse

A la recherche d’identité

Juste une fille de l’air

Un peu éméchée

Qui cherche à l’ombre

L’insecte ou le fruit perdu.

 

Mais ce fruit ici-bas

Est défendu

Il n’a pas l’apparence requise

Il n’a pas d’odeur précise

Il est un peu en avance sur la saison :

Méfions-nous !

 

Pourtant sa couleur se prête

Bien à des désirs de

Conquête

Et l’estomac

Qui crie famine

En a assez des pucerons

Quelques petites vitamines

Ça repartirait pour de bon

A l’assaut des territoires

A défaut de mangeoires, l’été,

A l’assaut des nichoirs

Si, selon leur bon vouloir

Les humains y ont pallié

A l’assaut de la conquête du partenaire

De quelque temps

Histoire

De mettre en place une autre petite

Couvée de têtes blondes

Aux becs toujours avides et pressés

D’en finir

Avec la fameuse faim

 

Carole Radureau (29/09/2022)

 

Inspirée par cette photo de Serge

Poésie au pays du clafoutis 1. A la recherche du fruit défendu

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Fragments de Vivarais, #Oiseau-muse

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Publié le 28 Septembre 2022

 

La mère qui a été trop généreuse.

Evidemment, elle a trop donné.

Elle s’en est rendu compte, tout soudain

Seulement

C’était peut-être trop tard.

Elle avait passé un contrat

Avec ses enfants,

Les tout premiers :

Ils devaient être reconnaissants,

Ne pas tout gaspiller,

Ne jamais oublier les offrandes

Régulières

Pour remercier.

Les conditions furent transmises

Quelques générations

Puis,

Oubliées.

Certains n’ont pas oublié les promesses tenues

Par les ancêtres

Ce sont les peuples connectés à la terre

Qui vivent d’elle

Savent bien dépendre d’elle

Ils l’aiment cette mère pour ce qu’elle leur donne

Jamais ils n’iront plus loin

Que ce qu’elle peut offrir.

Et d’autres se sont autorisés

Le droit de tout prendre

Et bien plus encore

Bien plus que cela

Car ils n’en ont jamais assez.

C’est une grande faim destructrice

Qui touche les enfants de cette mère.

Parfois,

Elle

Se

Dit

Qu’elle a les a mal élevés.

Pourtant, elle n’est en rien responsable

Jugeons-nous les gens qui ont la fleur sur le cœur

Et

Le cœur sur la main

Comme nous jugerions des malfaisants ?

Cette mauvaise graine a poussé.

Elle avait de la capacité.

Peut-être a-t-elle été dépassée

Peut-être que ceux qui avaient le respect

La tradition

Se sont-ils trouvés minoritaires,

Démunis

Ne pouvant plus combattre

Faire valoir la parole de la mère sacrée

Pour remettre les pendules à l’heure.

Ce fut l’apogée.

La grande débauche.

La grande pollution.

Un seul slogan un seul nom pour cette triste famille :

Toujours plus.

Ils ne réalisent pas même devant le fait accompli.

Ils sont portés par un mental égocentrique et destructeur.

Ils s’en prennent au corps des femmes

A la liberté des femmes, du moins quand elles en ont.

Ils s’en prennent à celles qui donnent la vie.

Comme leur mère, la terre.

Le féminicide et l’écocide.

La femme diabolisée car elle a des cycles

Qui permettent à ceux qui détruisent ensuite

De naître

La femme qui comme sa mère à un vagin

D’où sortent les êtres qui la démembrent ensuite

Qui la violent qui la souillent qui la maudissent.

La mère et ses filles sont intimement liées.

Le cordon,

Certaines

Ne l’ont jamais coupé.

Ce sont des guerrières qui de l’Amazonie

A l’ensemble du monde

Portent haute la bannière de leur mère.

Non, ici, elle n’est pas oubliée.

Chaque violence chaque griffure, chaque bavure,

Chaque souillure, chaque mépris

C’est une violence qui se ressent dans le corps collectif

Porté par le corps de la mère.

Il y a une inconscience collective,

Certes,

Nous n’avons pas le temps d’attendre

Son éveil.

Le sourire de la mère est le plus beau des réveils.

La résilience de la nature est la plus belle des sœurs.

L’innocence des animaux

L’innocence des tout petits humains

Est la cerise qui fait aimer le fruit de la vie.

Je ne sais pas comment faire pour que changent les choses.

J’ai toujours eu espoir que les mots,

Que la poésie

Soient des porteurs d’espoir,

Bien au-delà des espaces géographiques

Bien au-delà du temps

Bien au-delà des croyances et des idéologies

Bien au-delà des tabous et des goûts qui n’ont pas lieu d’être.

J’avais aimé fabriquer un collier de perles-pierres

Pour un monde meilleur.

La minéralité est la force de la terre

Concentrée dans un coquillage de tendresse.

La fleur et l’arbre,

L’oiseau et l’eau,

La lune et les étoiles,

L’amour pour notre univers

Me semblent de la poésie à l’état de nature

Que les poètes

Sans cesse,

Doivent sublimer.

Mais parfois la vie et les évènements me coûtent.

Ma parole est sèche et ma muse endormie.

Il n’est que de petits troubadours du Vivarais

Pour les ramener à la surface d’une Sialinette

De conquête et d’espérance.

S’égarant dans les méandres de la famille perdue

A se demander s’il faut tirer les cheveux

Ou tirer la langue à ces enfants qui ne respectent rien.

 

Carole Radureau (28/09/2022)

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Terre-mère

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Publié le 28 Septembre 2022

..... fragments de Vivarais.......

 

 

Ah !

Vous êtes-là !

Avec de petites faces hérissées

Un semblant d’été

Collé à vos joues

Comme un défi au temps.

 

J’ai eu peur

C’est vrai

Peur que ne s’éveille

Cette année

La promesse de farine

Le sang sec du bois qui nourrit

La faim.

 

Comme de téméraires guerrières

Vous avez une fois n’est pas coutume

Assorties

Vos bogues

Au prématuré éclat de rouille de l’automne

Comme un serment de satiété

Déguisé.

 

Qu’elles sont jolies vos frimousses

Délurées !

 

Qu’ils sont tendres

Vos sourires !

 

Non pas que nous aimerions

Sur vos joues

Glisser nos lèvres asséchées

Pour vous biger

Mais le cœur y est

Le cœur gros et lourd

Qui remercie pour ses bienfaits

Dame nature.

 

Chaque bienfait

Coûte d’autant plus cher

Quand le fruit

N’est pas interdit

Même

S’il est plus rare

Circonstances obligent

Il est d’autant plus précieux.

 

Vous êtes là.

Merci photographe pour cette photo-mémoire

Pour la force du sourire

L’éclat des feuilles révoltées.

 

Le sucre de la nature

A jonglé avec les aléas

Pour laisser éclater

La verve colorée de son apparat.

 

Carole Radureau (28/09/2022)

 

Inspirée par cette photo de Serge

 

Vous êtes là !

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Fragments de Vivarais

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Publié le 20 Septembre 2022

J’ai le privilège des yeux. Poème en l’honneur de Pablo Neruda

 

Je n’ai jamais vu le vol du condor

Au-dessus de la cordillère enneigée

Au-dessus de ta petite patrie à la hanche mince

Ni le copihué fleurir dans la forêt araucane

Ni l’araucaria araucan qui fait tomber ses fruits

Pour soutenir la lutte des Mapuche

 

Sinon, à travers tes yeux

Sinon, à travers tes mots

Sinon, à travers ta poésie

 

Tes yeux tes mots ta poésie

Jamais

Ne

Me

Manquent

Car

Toujours

Ils m’

Accompagnent :

 

Je vis dans la maison des odes.

 

J’en prends de la graine

Une graine en français, traduite

Puis une graine castillane, officielle

Je navigue dans deux langues

Comme une embarcation

Sur le rio Mapocho

 

J’ai la persévérance des elfes

Quand la poésie se tresse en des lianes

Pavoisées

Que la brume se lève sur des mots encore non dits

Que les métaphores sonnent

Faux

 

J’ai l’insistance des rêves

Comme un marteau trop tôt

Asséné sur l’enclume de la vérité

Je ne veux pas reculer l’étain

S’il n’a pas été encore

Affranchi

 

Ta voix m’élève au-dessus de l’océan

Et ton cœur me guide

Pas à pas

Tu es un compagnon de route

Je ne t’ai pas choisi

C’est toi

Qui m’a

Un jour

Choisie

M’envoyant un

Croche-pied

Je ne suis pas tombée sinon

Dans la soupe de la muse

Peut-être la tienne

Me l’as-tu prêtée car

Je ne sais d’où elle vient ?

 

Elle s’est habituée à moi

Attends que l’heure du poème sonne

Non pas sur la plage de l’Ile Noire

Comme elle aimerait,

Se laissant guider par les formes

Dessinées

Dans

Le sable

Et par le chuintement chaud de l’écume

Déposée dans des bras d’algues fières

La muse me fait confiance

Elle sait

Que même coite

La poésie en moi continue de naviguer

Frêle esquif qui se balance comme balayé

Par les tempêtes du moment

Cherchant son cap

Cherchant comment ramer

Car la voile trop fine

Un jour

S’est déchirée

Guidée par le tableau toujours émouvant

Des étoiles

Par les vols puissants des oiseaux marins

Maîtres des cieux et des océans

Je navigue à vue

Ne cherchant même pas une île

Mais un démon

Ou bien

Une figure de proue peut-être

Abandonnée sur un tronc d’arbre si vieux,

Ballotté

Depuis tant d’années

Par les flots

Avec sa figure qui s’accroche comme une désespérée

Avec son sourire

Avec ses dents toujours blanches

Et

Une chevelure

D’écume jamais délavée

 

Je te parle et tu me réponds

Par poésie interposée

Il n’est pas terminé

Le chemin poétique qui nous unit

Je n’ai pas encore puisé au plus profond

De ton verger tellurique

Ni dans la grande classe prolétaire

Qui ne fait pas rimer le vent et l’air

Mais l’homme et l’oiseau

L’arbre et le blé

 

Je ne suis que petite poésie

Qui tient toujours ta grande main

Généreuse et prospère

 

Je ne suis que petite apprentie

D’automne

Ou bien

D’hiver

Qui chevauche auprès de l’automne et de toi, cavalier

Dans les sous-bois où gémissent

Les derniers alerces

Où les pics tambourinent en morse des SOS

 

J’ai le privilège des yeux

La chaleur chilienne des mots

La plume féconde de la poésie

Ces choses que tu m’as léguées

Malgré toi ?

 

Carole Radureau (20/09/2022)

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Aragonite

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