Publié le 11 Avril 2021

Lac Riñihue Chili - Par Lin linao — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=21367287

Lac Riñihue Chili - Par Lin linao — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=21367287

Aux forces mystérieuses de l’eau

 

Ngen-lafkén du lac

Voici !

 

Un petit don

Contre une grande gorgée

Qu’elle est belle ton eau

En elle se mire les pensées

 

Je ressens la force des volcans

Je bois une belle âme minérale

Les cailloux en moi étincellent

De leur message

La vie s’instille en moi

A nouveau

 

Merci, protecteurs de ce lac

Merci lac généreux

Ton calme plat laisse révéler

Une puissance endormie

Le fruit de ta caresse

Un balbutiement

Je lis en tes ondes un poème

Calligraphié

Et il n’y a pas de poète pour le

Réciter

 

La vie est en toi comme un don

Ce don doit être reconnu

Je ne serais pas celui qui prend

Sans dire merci

Je ne serais pas celui qui se saisit

Sans offrande

Et part une fois rassasié

Sans se retourner.

 

Carole Radureau (11/04/2021)

 

……poésie d’avril 2021….

……pas un jour sans poème……

 

Ngen-lafkén 

Esprit propriétaire du lac ou de la mer. Dans ce cas, le demandeur mapuche s'approche d'une source pour étancher sa soif, un dialogue respectueux s'instaure entre lui et l'esprit de l'eau, lui demandant d'abord la permission de boire de l'eau, puis le remerciant pour ce qu'il a reçu. Si l'on est en dehors du champ de sa propre réduction, alors le principe de réciprocité fonctionne, il faut jeter quelques grains de blé, des miettes de pain ou des pièces de monnaie dans l'eau. (traduction de wikipedia espagnol)

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Publié le 10 Avril 2021

10. Aux korrigans des sources

 

 

Appel aux forces mystérieuses de l’eau

 

Eau, mère eau ou bien père (je ne sais)

Je m’adresse à toi, eau aimée, précieuse

Je pourrais dire Chère

Car tu l’es de tous les points de vue

Il y a en toi,

Où que tu sois

Des forces mystérieuses

Des forces mythiques et profondes

Invoquées par les hommes respectueux de tes dons

Je m’adresse à eux par ton biais d’eau

Coulante et gouleyante

Encore seyante

Encore présente

En tes sources veillent des korrigans

Qui leur parle qui encore se souvient d’eux ?

Korrigans forces de la nature

Dites-moi le son de l’eau à son réveil

Combien de borborygmes en son estomac

Creusé par la faim matinale ?

A-t-elle froid, a-t-elle chaud

Quand elle sort ainsi, brave de son lit bien caché

Sous un baldaquin de schiste de fougères

Pour murmurer son chant ?

Korrigans de mes pensées, loin de moi, loin de moi

Ce poème est une offrande à la source

Une offrande à vos mains gardiennes

A vos forces telluriques nichées en-dessous de ses seins

Je ne pourrais pas tenir une promesse autre que la mienne

Celle que j’ai toujours essayé de tenir

Mon niveau tout petit

Ma force faible n’empêche jamais d’être

D’ être fière

Econome de l’eau

Je la vois coulant du robinet je pense de suite à elle

D’où elle jaillit en sa toute innocence

Je la sais bienfaitrice

Eau de la naissance

Eau du premier bain

Eau qui se ressource qui ne se sait pas ressource

J’aimerais si les mots pouvaient porter

Vous dire, unités

Que je suis triste face à l’inconscience

Que je me sens bras ballants face à l’abus

Il y sur terre ceux qui n’ont plus de ton essence

Il y a le pendant : ceux qui dépensent et gaspillent

 

A la source je veux dire

Merci d’être là, diffuse ou profuse

De dire et de faire

De glouglouter sans arrière-pensée

Il est une raison sincère c’est celle qui est nature

Naturelle est sa promesse

Oublier la reconnaissance

C’est encore une fois se moquer d’une puissance

 

Korrigans de la source

Petits princes joyeux

Ne cessez pas d’éclabousser au passage

Les pieds

Chaque goutte est un petit message

Que lisent les trèfles roses

Que ne déchiffrent pas les archéologues en herbe et de tout poil (car la goutte d’eau à ses glyphes)

Trop occupés à compter leurs tunes

A conter leurs misères  passagères.

 

Carole Radureau (10/04/2021)

 

…..poésie d’avril 2021….

…..pas un jour sans poème……

 

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Publié le 9 Avril 2021

Aconcagua Par François Bianco — Aconcagua reflexion, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49260690

Aconcagua Par François Bianco — Aconcagua reflexion, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49260690

Echo de poète

Je me souviens des gestes
et c’était pour me donner de l’eau.
Dans la vallée du Rio Blanco,
où prend naissance l’Aconcagua, je vins boire,
je bondis boire dans le fouet d’une cascade,
qui tombait chevelue et dure et se rompait rigide et blanche.
Je collai ma bouche aux remous, et cette eau sainte me brûlait,
trois jours durant ma bouche saigna de cette gorgée d’Aconcagua (….)
"Boire", de Gabriela Mistral, extrait du recueil D'amour et de désolation, traduit de l’espagnol par Claude Couffon (ELA/La Différence 1988)

Et c’est ainsi que saigne le corps

Qui reçoit la douce source de la vie

Quand elle jaillit de ce long parcours

Elle a reçu en elle tant de promesses minérales

Tant de feu et d’ardeur

La tête nous tourne de toutes ces pierres qui se sont

Moulues jusqu’à plus faim

Pour se fondre dans l’eau qui désaltère

Mais la matière jamais ne se perd

Tout est recyclé

Et quand la brûlure de la terre en toi

Se fait plus forte c’est que

De sa manière forte elle crie

De tous ses yeux d’eau sacrée :

Elle a compris le message de la rareté.

Carole Radureau (09/04/2021)

 

……poésie d’avril 2021….

…..pas un jour sans poème……

C'est avec ce poème-passerelle de Gabriela que je termine cette (longue) première semaine d'avril consacrée à l'Echo des poètes (j'y reviendrais certainement dans quelques mois). Ce poème nous ouvre les bras de mon prochain thème, un thème qui me tient à coeur car il me semble de grande urgence et de grande importance puisque vital, l'étau se resserre comme un goulet sur son filet : l'eau.

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Echo de poète, #à la petite semaine, #Aragonite, #Pas un jour sans poème

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Publié le 8 Avril 2021

colibri rubis-topaze (chrysolampis mosquitus) Par Ysmad — Travail personnel, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12268155

colibri rubis-topaze (chrysolampis mosquitus) Par Ysmad — Travail personnel, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12268155

Echo de poète

Colibri de feu,
Fleur épanouie.
Sans faillir, près du fleuve,
Dans un tumulte d’ailes tu récoltes la rosée.
(…)
Tu veilles sur l’homme, sur ses jours et ses
Nuits,
Sur son souffle rauque.
Ne faiblis pas. Ne t’arrête pas.
Que la vie germe et se déploie.
Ne laisse pas s’amonceler de noirs tourments.
Qu’il vive encore un peu.
Que croisse la fleur de son rêve.
Que cette poignée d’argile à laquelle tu
Donnes vie
Une fois encore sourie avant que de mourir.

Tadeo Zarratea, Colibri de feu, in Poésie Guaraní

Colibri de feu et de lumière

Bourgeon jaillissant

Fleur précoce

Tu es le minuscule père de nos vies errantes

En toi se figent des flèches d’attentes

Lancées par des arcs de désespoir

En toi se portent tant d’attentes mais tu es

Si petit si menu

C’est qu’il est puissant ton pouvoir

L’évocation de ta vue de ton nom sont

Autant de précisions sur ce pouvoir

Tu es le petit messager

La fleur est ta demeure en elle

Tu bois tant de secrets certainement

Sont-ils connectés à l’au-delà

Tu es celui qui féconde les étoiles

Qui fait germer les espérances dans la rosée

Tu es le communicateur interplanétaire

Intergénérationnel

Interminable palabreur au bec fin

Aux ailes virevoltantes

Aux couleurs chatoyantes

Tes capacités physiques nous donnent à croire

Que tu es bien plus qu’un oiseau

Tant de contes de légendes de rêves sucrés

De berceuses de petites histoires tendres

A ton sujet

Jamais l’homme ne se lassera de t’écrire de te

Croquer

De t’attendre au coin d’une page

A défaut du coin de la selva

Ta parole est un nectar communicationnel

Ton babillage est un opéra qui n’a pas encore trouvé

Son chef d’orchestre

Il y a dans la confusion des êtres

Des attentes au sommet de la perfection

Mais tu es si petit, colibri, picaflor

Que ton épée ne pourra que se planter

Dans nos cœurs conquis

Dans nos âmes acquises à ta cause.

 

Carole Radureau (08/04/2021)

 

……poésie d’avril 2021….

……pas un jour sans poème…….

 

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Publié le 7 Avril 2021

7. Nous rebâtirons – Jacques Roumain

(…..) écho de poète

Mineur des Asturies mineur nègre de Johannesburg métallo
de Krupp dur paysan de Castille vigneron de Sicile paria
des Indes
(je franchis ton seuil – réprouvé
je prends ta main dans ma main – intouchable)
garde rouge de la Chine soviétique ouvrier allemand de la
prison de Moabit indio des Amériques

Nous rebâtirons
Copan
Palenque
et les Tiahuanacos socialistes

Ouvrier blanc de Détroit péon noir d’Alabama
peuple innombrable des galères capitalistes
le destin nous dresse épaule contre épaule
et reniant l’antique maléfice des tabous du sang
nous foulons les décombres de nos solitudes
(….)
Jacques Roumain, Bois d’ébène : Prélude

Nous rebâtirons des édifices nouveaux dont

Les bases auront la saveur de la solidarité

Sur chaque marche chaque pas

Posé

Sera le pas qui ne se sait pas seul

Nous connaîtrons le travail collectif celui qui porte le nom

De Minga

Car c’est main dans la main que l’homme construit

Habite vit et sème

Aucun de nous ne sera laissé sur le bas côté

Exclu

Miséreux sans pain et sans eau

Veuve ou orphelin

Rien n’est écrit dans les manuscrits du monde originel

Sur le fait d’exclure et d’abandonner

Nous serons forts car unis nous serons

Nous ne serons pas violents, non, car

La violence ne sert qu’à renforcer l’adversité

Il est une paix qui peut s’inviter dans nos cœurs et nos vies

En construisant allant de l’avant dans l’unité

Sans se soucier du vent mauvais

La ligne de conduite la vérité

Nous serons forts car autonomes nous aurons su garder la terre

Garder l’air garder l’eau garder la vie sauvage

Et le tout en grande pureté

Nous serons forts car nous serons bien démarqués

N’attendant plus rien de ce monde qui nous écrase nous pille nous ploie nous brise

Et nous ronge comme un acier perdu

Il faudra du temps mais reconstruire n’est jamais rapide

Il faudra convaincre et pour se faire il faudra un argument d’amour

De tendresse et de compassion

Il faudra établir des bases élastiques et sincères

Des bases toutes ancrées sur le respect

De la terre-mère des droits humains de l’organisation collective

Il n’y a pas besoin de grandes terres encore sauvages pour construire une autonomie

Celle-ci peut s’établir dans l’atelier dans le quartier dans le village dans tout espace

Suffit de personnes volontaires et unies

Pour que les mains se serrent et se mettent en chœur au boulot

Et dans cette unité nulle couleur de peau nulle origine ne sera écartée

Car un frère est un frère une sœur est une sœur

Dans nos veines coule un sang de même couleur

Nos différences sont nos forces et découvrir nos différences

C’est découvrir les grandes richesses culturelles du monde

Qui dit que celui-ci vaut plus que celui-là ?

Qui se sent supérieur parce que sa peau est blanche ?

Il y a des cœurs qui s’affolent dans chaque corps humain et la

Souffrance porte toujours le même étendard le sien

La mort est une mise à égalité suprême

Ce n’est pas dur de marcher frères et sœurs main dans la main

Quand on laisse de côté son ego ce frein, son dogme ce frein,

Que l’on voit à côté de nous l’être humain.

L’utopie est un rêve qui jamais ne s’achève

Pourtant le chaos devrait faire réfléchir car il urge

De construire et bâtir les solidarités

Je sais qu’en ce monde de bonnes gens ont un cœur

Unissant ces cœurs nous formerons un édifice de grandeur et de paix.

Carole Radureau (07/04/2021)

 

…….poésie d’avril 2021…

……pas un jour sans poème…….

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 6 Avril 2021

6. Lanceur de cailloux – Salah Al Hamdani

Echo de poète

A force d’espérer te revoir
Je vais reconquérir ton aube

Je vais ramasser les dattes gorgées de balles
Et la main pleine
Me sacrifier à ta lumière
(….)

Salah Al Hamdani, Lanceur de cailloux in Bagdad mon amour

 

Les fruits sont tombés

Le sol n’était pas prêt et le feu

A brisé leur tendre ardeur

Il n’y a pas de pont

La lumière a un cœur qui s’est perdu

Dans le lointain

La pierre est toujours la demeure d’êtres

Imaginaires et craintifs

La pierre a le dos dur la pierre

Ne craint pas l’adversité

Tu regardes de ta géographie d’exil

Le foyer qui se consume

Les murs qui s’écroulent

La mort qui envahit chaque margelle comme

Une conquérante

Jamais rassasiée

Un jour cela s’arrêtera

Les dattes auront le goût de miel

Les pierres riront

Il y a une force il y a –

L’histoire à présent est écrite

Seulement

Quelques flammèches continuent sans cesse

De crépiter dans une ruine et la pierre

A en elle comme le remords

D’être tombée à côté.

 

Carole Radureau (06/04/2021)

 

…..poésie d’avril 2021….

……pas un jour sans poème…..

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Publié le 5 Avril 2021

5. Cœur de femme rouge – Rita Mestokosho

Echo de poète

 

Née de la pluie sacrée et du chant puissant

Du soleil

Pose tes pas nus et légers sur la terre-mère

Au loin les montagnes sont des dents écartées

Qui rient de ton humeur joyeuse

Un vol de grues anime le ciel

Ton cœur s’émeut et ta chair tremble

Enfants du ciel et de la terre, oiseaux

Frères et sœurs que l’on n’oublie pas

La rivière est une mère aussi

Lavant de ses mains les multiples maux

Le poisson se sacrifie pour ton repas car

Il a entendu la prière évoquée

Le cœur est rouge et l’âme profonde

La matrice ne peut être oubliée

Quand la poussière attise une certaine tristesse

Le lien est là, chaud et généreux

Tu ne chemines pas sans but sur la terre-mère

Tu vas, portée par la vérité éternelle

A ta place oui à ta place

Rien d’ici bas ne t’est inconnu

Tu as posé le regard fait d’amour sur chaque chose

La fleur aime la flamme d’un regard amour-respect

L’animal ne se sent pas égaré

La lune porte en toi son châle de tendresse

Sa grande reconnaissance

Ton cœur de femme rouge c’est une flamme

Qui jaillit aussi bien du foyer que de tes yeux

J’entends tes mots si beaux : je rêve et mon rêve

Est un voyage universel

Je sens sous mes pas tes pas

Je vois de mes yeux ce que déchiffrent les tiens

Je ressens la parole de l’eau quand tu te désaltères

Je frémis sous le vol sacré du pygargue à tête blanche

Les mains anciennes ont déposé des pétroglyphes qui, jamais

Ne se sont effacés

Communiquant leur force ancestrale je sais y lire la réponse

Aux maux de cette terre

Je voyage par vos vies

Je tremble de vos présents

Je suis attachée à vos pas à vos sagesses à vos vérités.

 

Porte encore tes mots

Récite-nous ces paroles-fibres qui poussent en toi

Comme des joncs tressés, tout simplement

Au fil du temps au fil des générations

En toi, en vous la poésie jamais ne s’éteint

Ça je le sais, ça je le sais

Ici se ressent la sève énergétique de vos cœurs

Essentiels.

 

Carole Radureau (05/04/2021)

 

……poésie d’avril 2021….

…….pas un jour sans poème…….

 

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 4 Avril 2021

4. Un soleil bien coiffé – Aris Alexandrou

Echo de poète

(….)
2. le vent souffle,
Un vent devenu séchoir rouillé.
De la guérite
Sortira un soleil
Bien coiffé.

Par n’importe quel moyen
Tâche de conserver toutes tes mains.
Même si l’iode et la nudité te démangent.
Avec leurs plaies béantes
Au bout des doigts
Presse-les
Sur l’empreinte du monde.
(….)

Aris Alexandrou, Sténographie du no man’s land in L’amertume et la pierre, poètes au camp de Makronissos 1947-1951, traduction Pascal Neveu

La fin du soleil
Est proche
Tout bien coiffé qu’il est
Quand la mort
Sort
Son képi sur la tête.

Séchant tout ce qui devait
L’être
Le vent
Prend le tournant
Dérapant sur les pierres
Rouillées.

L’empreinte du monde
Souillée maintes fois
Maintes fois souillée
Evite-les ou évite-les
Sur la pierre plate et pure
Pose ton pied
Sur la pierre ronde et lisse
Pose ta main
La ligne d’horizon est une
Empreinte tombée à l’eau
La pierre à retourner
Au besoin
Pour voir une autre face.

Carole Radureau (04/04/2021)

……poésie d’avril 2021….
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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 3 Avril 2021

3. Les vocations du tilleul – Jacques Lacarrière

Echo de poète

Jacques Lacarrière a attendu 30  ans pour oser par écrit cet aveu : un tilleul fut son 1er maître. Il relate cela brièvement dans Chemins d’écriture et plus longuement dans Le pays sous l’écorce.

 

Enfant, j’aimais dès le printemps m’installer dans les hautes branches du tilleul, dans le jardin de mes parents. Nous n’avions qu’un seul arbre en ce royaume étroit dont une moitié, cultivée par ma mère, regorgeait de framboises, de groseilles, de rhubarbes et de fleurs patiemment arrosées et dont l’autre, pour des raisons inexpliquées, demeura des années à l’état sauvage. Une simple allée séparait ces deux mondes, celui des herbes sages, celui des herbes folles et, en parcourant cette allée, j’avais le sentiment d’être à l’orée de deux promesses, sources de joies futures….

Le tilleul poussait juste à la limite de ces deux espaces, au bout de l’allée. Lui aussi, entre sa base et son sommet, recelait deux domaines opposés : ses parties basses étaient taillées, son tronc chaulé contre les parasites ; mais dans ses parties hautes (où nul à part moi n’accédait) bruissait un monde d’oiseaux et de rumeurs secrètes. De là-haut, assis sur la plus haute fourche, je dominais sans être vu tous les jardins environnants. J’observais les merles, les pinsons, les mésanges qui venaient se poser près de moi quand j’avais la patience de rester longtemps immobile ; je suivais de minuscules et vertes araignées tissant leur toile entre les feuilles ou les iules qui couraient sur les branches dès que j’en soulevais l’écorce. A force de demeurer là, silencieux, dans le roulis vert, fermant à demi les paupières pour mieux faire scintiller le soleil dans mes yeux, bercé par le vent comme en quelque hauban, je naviguais des heures au cœur des ondes et des souffles, en un murmure d’êtres et d’esprits, subtils comme des elfes en gésine enfantant pour moi seul les fées de mes jeudis……

 

Jacques Lacarrière (Chemins d’écriture, collection Terre Humaine)

 

Tilleul au cœur de l’homme a déposé un

Halo d’elfes empressés de connaître

Le chant battu sur la peau tendue d’un tambour

Battant le rappel des ondes

Tilleul dont la canopée attire un sillon de vies

Comme une fourmilière l’autoroute à gendarmes

La maison de dame mésange et puis toutes les histoires

Développées en son duramen

Tilleul qui en chaque enfant a fait naître des vocations

Sont-ce tes fées aériennes et soyeuses que l’on entendit 

Susurrant à nos oreilles des rêves immenses des chemins

A parcourir des histoires à raconter à l’ombre de ton pied ?

Tilleul dont je ne connaissais que la canopée, l’ombre

Fraîche, comme une couverture au parfum de rêve

Comme une puissance protectrice de la petite maison aimée

Tilleul que je gravissais pour détacher tes fruits en papillotes

Tes miracles ailés

Leur parfum n’entête pas, infuse en les sens une histoire de permission

Une envie d’y revenir pour tresser la matrice de ta veine joyeuse

Tilleul dont la présence offre un seuil où rêver

Observer attendre compter décompter fulgurer méditer

Je ne me tairais pas tant que ton miel en fusion

Ravira la faune et mon humble glotte.

 

Carole Radureau (03/04/2021)

 

 

…….poésie d’avril 2021….

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Publié le 2 Avril 2021

Echo de poète

 

On dit que l'ombre de mon peuple tremble ;
elle tremble parce qu'elle a touché l'ombre triste des cœurs
des femmes.
Ne tremble pas, douleur, douleur !
L'ombre des condors arrive !
- Pourquoi l'ombre vient-elle ?
Est-ce que cela vient au nom des montagnes sacrées
ou au nom du sang de Jésus ?
-Ne tremble pas, ne tremble pas ;
ce n'est pas du sang, ce ne sont pas des montagnes ;
c'est l'éclat du soleil qui vient dans les plumes des condors.
-J'ai peur, mon père.
Le soleil brûle ; il brûle le bétail ; il brûle les champs.
On dit que dans les collines lointaines
que dans les forêts infinies,
un serpent affamé,
une déesse serpent, fils du Soleil, dorée,
est à la recherche d'hommes.
-Ce n'est pas le Soleil, c'est le cœur du Soleil,
son rayonnement,
sa puissance, son rayonnement joyeux,
qui vient dans l'ombre des yeux des condors.
Ce n'est pas le Soleil, c'est une lumière.
Lève-toi, lève-toi ; reçois cet œil sans limites !
Tremble avec sa lumière ;
secoue-toi comme les arbres de la grande selva,
commence à crier.
Formez une ombre, hommes, hommes de mon peuple ;
tous ensemble
tremblez avec la lumière qui vient.
Buvez le sang doré du dieu serpent.
Le sang brûlant atteint l'œil des condors,
charge les cieux, les fait danser,
se détacher et accoucher, créer.
Te créer, mon père, la vie ;
homme, mon prochain, mon aimé.

 

José María Arguedas, Katatay traduction carolita

 

Te créer vie, accoucher et boire dans ta source

La lie de vie

La véritable semence

Le condor a ravi l’ombre de la désespérance et son

Œil a le reflet des ères sombres

Il a peur aussi le soleil quand il voit en bas

Le monde s’entre-déchirer

Les forêts se faire tuer comme de simples soldats de plomb

Les eaux être souillées comme des sanitaires

Te créer beauté, te sortir et te hisser de nos âmes

Claires

En se servant s’il le faut d’un  forceps à beauté

Te disséminer te faire voler avec la grâce du prince condor

Te répandre grâce à la grâce du prince colibri

Te faire resplendir en irradiant du sourire du soleil,

Conquis

Te rendre fruit grâce à lui grâce au travail des hommes

A vos place, chers hommes qui poursuivez vos efforts

Pour la vie pour la pérennité pour la dignité

Reconquérant la confiance du soleil

Reconquérant la dignité de l’aube

Reconquérant la place première, l’unité

La vérité au cœur de la matière

Le grand respect non la plainte du cœur.

 

Carole Radureau (02/04/2021)

 

……poésie d’avril 2021….

…….pas un jour sans poème……

 

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Rédigé par caro et hobo

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