Me duele Gaza ! (J’ai mal à Gaza ou Gaza me fait mal) est inscrit sur la bannière de mon blog
Ce cri d’une affiche lors d’un rassemblement a trouvé en moi son écho
Parce que la langue espagnole est une langue qui parle à mon cœur
Que ses mots simples
Que ses slogans utilisés dans chaque lutte
Sont des mots qui parlent forts aux cœurs qui les comprennent.
Le temps passe et les horreurs s’accumulent
Et nous, nous n’y pouvons rien
L’air est devenu lourd et chargé de nuages gris depuis le 7 octobre
Le poids a commencé à peser
Il n’y pas que Gaza et sa souffrance indescriptible
Il y a tout le reste qui s’accumule
Tous ces poids qui s’empilent telles des lasagnes indigestes
Et le poids se porte sur l’estomac
L’estomac porte vive porte fragile passage des aliments
Porte d’accès à la digestion mais comment, comment
Digérer tout ceci que voici ?
Il faut se détourner de ces nouvelles ?
Il faut faire un break, tu crois ?
Mais comment, comment faire sans l’impression d’abandonner
De se signifier OUT ?
Mon estomac est rempli contrairement aux autres qui sont vides
La faim est une fleur solidaire
Elle unit par le monde les graines qui ont un jour manqué d’eau
Les larmes coulent comme une rivière qui court désespérément
A la recherche des bras d’un fleuve où se jeter
Mais celui-ci est détourné par la cupidité et le profit
Nul endroit où déverser sa peine
Il faut parfois soulager le poids
La poésie est là et quand elle se réveille
Il faut la saisir d’une plume alerte
Sauter sur l’occasion
Car le silence prolongé d’une muse, tue
Tue la poésie dans son œuf à la coquille éthérée.
Il faut la saisir, la poésie
Puis il faut la brandir
Car elle, elle est tout d’abord libératrice.
Je n’écris pas ses mots pour me plaindre,
J’écris pour faire revivre une muse altérée
Qui a eu trop chaud,
Qui a trop soif
De justice essentiellement
Qui a trop faim mais pour alimenter les autres en espérance
Qui s’est trop tue
Qui ne sait pas si après ceci
Elle parlera de nouveau
Le chant de la poésie est parfois vécu comme un chant du cygne
Les poids trop lourds à tirer l’empêchent
De trouver
Un sillon tout frais
Où déposer ses graines
Tels des petits œufs de caille bien camouflés.
Je les cherchais et ne les trouvait pas, les petits œufs de la muse
Non pas que j’espérais, avec eux
Me faire une omelette (aïe, aïe, aïe, le soufre)
Je voulais en faire un poème sur les oiseaux
Mes chers compagnons qui continuent de voler sans moi
Car mes ailes sont brisées par un poids trop lourd.
Il faut regarder vers le ciel
Il faut retrouver les forces nécessaires à la continuité et
Non à l’abandon
Tant de choses se passent dans le monde pour libérer les paroles
Alors que tant de choses dans le monde se passent pour censurer les paroles
Si la poésie se tait
Nous aurons tous perdu
Nous aurons tout perdu.
Merci ma muse de me tendre ta petite main ce jour
Merci de me libérer d’une parcelle de mon poids
J’ai soufflé, soulagée de t’écrire
Merci à ceux qui me liront de comprendre pourquoi j’édite ce texte ici
Je pourrais aisément, une fois le soulagement passé
Le garder dans mon fichier
Mais il y a des mots qu’il faut partager car la poésie libère
Si elle prend l’air
Pas si elle reste
Toute seule
Enfermée dans son dossier, anonyme et perdue
Il en a été ainsi au tout début de ma poésie en 2008
Pendant environ un an, la poésie a jaillit non stop
C’était une poésie de soin, de guérison
Toute une vie à sortir de moi aux forceps
Ensuite elle est devenue plus libre, plus libérée
Elle avait fait son œuvre de guérison
Elle ne m’a plus quittée
Aujourd’hui je suis de retour au point de départ
Pour d’autres raisons, de santé essentiellement
Je ne peux donc pas la laisser me quitter
Car la poésie est devenue ma compagne chère
Avec elle, je me sens vivante
Avec elle, je me sens utile
Avec elle, je me sens capable de quelque chose
Avec elle, je me sens libre.
Merci encore compagnons de route qui me lisez.
Je reste forte, et plus que jamais.
Carole Radureau (12/09/2025)