La minéralité expliquée aux cailloux

…..poésie de la Gran Sabana….

Quelles vigies !
Quels phares
Eclairés par la
Nuit
De
La pierre.

La pierre
De vérité.

Une colonie
De mangoustes
Toutes, le regard
Tourné
Vers l’horizon
Où naissent les sensations
Où surgissent les tépuys
Où s’alimentent les sources
Où le réservoir aux oiseaux
Tant et plus chaque jour
Sort de son escarcelle.

Non, il n’y a pas de mer
A regarder
On dirait pourtant.

Le grand ciel est grand
Car sous lui
Règne la savane la Gran Sabana
Et son herbe
C’est un paysage entier
Qu’il plait à regarder
Aux mangoustes-vigies
Aux mangoustes-vies
Aux mangoustes
Pied-de-nez-de-pierre
De la Gran Sabana.

Carole Radureau (08/07/2018)

Tépuy Acopan

Antidote je suis
Moi la fée de la bryone
Je passe à travers
La toxicité
Mon collier pourtant
Fait de perles de
Poison
Vertes, rouges, oranges
Sont des perles à sensation.

Il ne faut pas me croquer
Me toucher ?
Attention
Je suis un péril au cœur
De la végétation
Seules les initiées
Fées des bois
Elfes délurés
Sont avec moi
De tendres compagnons.

Carole Radureau (03/07/2018)

……poésie en errance : ici ou là, tu trouveras la poésie….


Quand la pachamama a décidé de dénuder
Ses seins
Trois d’entre eux ont jailli
Comme des avions, de terre, et sans
S’arrêter
Ont crié jusqu’au ciel
Leur vérité sacrée.
Puis se sont calmés.

Ils étaient des seins rivaux
Des frères ennemis
Toujours en compétition
Rivalisant de beautés de courbes
De dénivelés
De blancheur
D’arêtes abruptes difficiles
A escalader
De glaciers tous plus garnis les uns
Que les autres.

Ils sublimaient leur puissance
Se regardant dans la glace
Par eux
Fabriquée
Ils avaient atteint le point
De leur sommet :
Tout un univers en eux
Tout un écosystème en eux
Tant de vertus
Juste crées par envie et désir
De plaire.

Maintenant
Les seins de la terre-mère
Sont calmes
Ils sont assagis par les millénaires
Seuls les millénaires
Ont ce pouvoir
D’araser les sentiments contraires
D’apporter l’instant présent.

Maintenant
De leur altitude de géants
Foraker, Denali le plus haut, Hunter
Le petit frère
Alignés sur la ligne blanche
De l’aurore
Unis comme des seins de la main
Nous regardent,
Etonnés :
Ils fondent mais ce n’est pas de larmes
Ils maigrissent
Mais ce n’est pas de la diète
Ils dépérissent mais ce n’est pas de maladie :
La triste vérité qui fond comme glace au soleil
Est un soupçon amer
Une pilule de neige acide à avaler
Un goût en bouche
Comme une réponse à la question posée :
Comment rivaliser sans sa parure
Dans les temps
Futurs ?

Carole Radureau (10/08/2018)


De gauche à droit mont Foraker, mont Hunter, Denali, Alaska

Des sculptures fines
De mon bois dur
Vous aimez
Les contours
Pourtant mon habit
De feuillage
Est une tour
Qui s’effondre
Peu à peu.

Mon cœur est tendre
Comme celui du petit elfe
Qui s’habille de mes suggestions
Portant mes couleurs.

Si l’éternité que m’attribuent
Les gaulois
Est un message vérifié alors
Je serais là dans mille ans
Quand vous lirez ces mots.

Carole Radureau (02/07/2018)

……Poésie de l’errance : ici ou là, tu trouveras la poésie…..


Lentement mais
Sûrement
J’arriverai sur l’autre rive
Là où m’attend ma promise
Ma paresseuse adorée.

L’eau est si limpide
Je prends mon temps
Car la paresse de l’eau
C’est la caresse du temps
Et sur ma fourrure
Caresse onduleuse
Pour un massage fécond :
Une préparation.

Lentement mais
Vraiment
Je vis ma vie comme une horloge
Qui a perdu la boussole
Je suis, mais vous le savez déjà
L’instant présent
Qui profite et savoure
Et ne s’inquiète et prospère
De chaque seconde je sublime ma petite
Vie
J’en fais
Une éternité.

L’eau est si cristalline
Sa douceur chaude est une robe de soie
Ourlée de coquillages nacrés
Parfumée par les embruns calmes et confus
Comme un nimbe de joie qui me met
En condition.

Je m’en vais accomplir mon devoir
De pérennisation
Petit nageur proliférateur de vie
Je suis unique espèce en ces lieux
Dévolus :
Sur moi la pachamama peut compter
Pour faire pousser des fruits à jamais
Persistants.

Carole Radureau (04/08/2018)

Paresseux nain sur l’île Escudo de Veraguas

Quel délice !
Quel régal !
Ce suc
Ce sucre
Ce jus frais
Ce poème
Qui laisse sur la bouche
Un délicat rouge à lèvres
De pollen et de terre.

Je suis prêt
Pour la dégustation
J’ai revêtu
Mon habit de camouflage
On me prendra pour un
Fruit
A croquer :
Je me fonds parmi les belles :
Je les déguste.
Quel délice !
Quel régal !

Carole Radureau (01/07/2018)

…..poésie d’Atacama…..

Un escadron
Dessine
Dans le ciel
Un sillon de couleurs
Tendres
Et
Fières.

Une armada
De longs cous
Développés
De longues pattes
Déployées
De couleurs
Vives.

Une élégance
De danseuse
Une grâce
Subtile
Et mûre comme un
Fruit
Prêt à tomber.

Le paysage au loin
Est un dessert
A caresser
Du regard
Mais Le vol
N’a pas de temps pour ça
Il connaît
La beauté
L’admire lorsqu’il est posé
Au moment venu, alors
Le volcan
La lagune
Le désert
Le sel
Le mirage
S’habillent d’un luxe rose et noir
Des centaines de pattes dansent en
Harmonie
La vie
S’allume dans l’aridité confuse
Le flamant est là
De son vol il a posé
Ses longues pattes fines
Dans une vase pressée
De les recevoir.

Carole Radureau (16/07/2018)

Réserve nationale Los Flamencos Chili

Venez avec moi
Petites abeilles
Ici du pollen
A volonté
Pour remplir
Vos escarcelles
Ebahir vos mirettes
Vos mirettes
Écarquillées.

Parfum de rêve
Comme des boucles
D’oreilles musquées
Comme des rêves
Accrochés
Aux gouttes
D’un miel
Encore
Ebauché.

Carole Radureau (01/07/2018)

…..poésie d’Atacama….

La pierre qui se sent seule
Eperdue
Et sans terre
Fuit
Par où elle peut
Quitte
A dégringoler.

Il n’y a pas de peur
Simplement
Un repli bien pensé
Qui tel un porte-pierre
Embarque en lui
Chacune des filles
Délaissées.

La mère a coupé
Brutalement
Le lien sacré qui irrigue y
Compris
Le minéral
La mère a abandonné
Les lieux.

Il ne reste que le père-sable
Trop liquide trop inconsistant
Lit défait
Draps déconfits
Comme un abandon du foyer.

Les petites pierres
Main dans la main
Sans jamais, jamais
Desserrer leur lien
Fuient mais vont de l’avant
Avec un espoir
De créer à nouveau
Une communauté.

Carole Radureau (19/07/2018)

Salar de Tara Chili

On me donne des noms
Laids
A faire pleurer.

Je ne suis pas une fleur
Que l’on met dans un vase
C’est vrai
Je suis toxique
On me prête
De vilaines intentions
Pourtant
Quand ma grappe de maturité
Rougit
Au fond des bois
L’œil est attiré.

Je ne suis pas une beauté
Je ne suis pas une rose odorante
Pourtant la forêt m’abrite
Comme
Son enfant.

Carole Radureau (01/07/2018)