.......fragments de Vivarais.....
Nul besoin de vous dire que je n’ai jamais vu, au grand jamais
Une genette ni un raton laveur
Ce n’est pas au programme par ici, pays des hérissons et des Georges
Pourtant je vais m’essayer à un conte hypothétique
Une histoire où les deux protagonistes interagiraient
Comme dans un monde irréel, celui de la magie.
Dame Genette n’aimait pas le jour
Elle fuyait la lumière
Elle fuyait la vie mondaine
Les embouteillages et les grands magasins
Elle, ce qu’elle aimait
C’était la solitude, les grands espaces
Faire de petites emplettes nocturnes
Grâce à son regard infrarouge
Elle détectait la vie y compris sous les litières
Elle traquait ses proies avec perspicacité
Parce que même dans les contes, il faut bien manger.
Un jour, dans son superbe et préservé terroir du Vivarais
Dame Genette fit une rencontre inédite
Un drôle d’animal était apparu récemment
Avec un physique à faire rater une couvée de singe
(du moins était-ce l’appréciation de Dame Genette).
Ce Bandit Masqué ne devait pas être tout net !
Peut-être était-ce un évadé fiscal ou
Un de ces grands mafieux qui voulaient éviter de payer leurs dettes en prison
Ou, même qui refusaient d’être équipés de bracelets
Comme si cela les empêcherait de déguster
Chaque matin, des tartines de caviar.
Peut-être aussi était-ce un militant pro-palestinien qui prenait le maquis
Car la répression, pour ceux qui défendaient les causes justes étaient sévères à c’t’heure ;
Peut-être était-ce tout simplement
Une base de soutien zapatiste en Ardèche
Fuyant l’oppression pour les mêmes raisons.
Allez : on va dire qu’el Señor Raton Laveur était de cette branche-là, de cette super-filière
Ne cherchons pas d’histoires, pour la paix et la tranquillité de Dame Genette.
Voici donc qu’une nuit, Dame Genette et el Señor Raton Laveur tombent nez à nez
Devant le tronc d’un châtaignier
La surprise est grande, voici deux animaux nocturnes et grimpeurs
Qui se font face sur un territoire à bientôt, partager
La concurrence est rude
Dame Genette se dit, que faire face à cet intrus ?
L’accueillir les pattes grandes ouvertes
Quitte à se faire ensuite coloniser, tout comme cela fut le cas pour les Powhatan
Et devoir ensuite, partager pendant des siècles une dinde d’Halloween sous le prétexte de cohabitation harmonieuse ?
Le recevoir à coups de griffes, à coups de dents
Pour lui signifier qui est la maîtresse ici ?
Dame Genette est bien gênée aux entournures
Comme elle ne sait que faire, elle décide de communiquer
Mais Dame Genette a une particularité qui l’a fait refouler par la compagnie
Elle sent fort ! une odeur musquée, un truc a faire fuir même les anosmiques.
El Señor Raton Laveur, de l’odeur, il n’en a que faire
Il avance sa papatte pour faire ami-ami, Dame Genette accepte et comme son ancienneté territoriale lui en confère le droit
Elle dit des mots simples, parfaitement intelligibles en morse des bois :
« Toi par ici et moi par-là ».
Comme de fait, dans le bois du Vivarais, il y a de la place pour tout le monde
Même pour un que l’on dit « invasif ».
Pour sceller l’accord
Les deux queues annelées s’enroulent tout doucement
Mariage de soie tourbeuse et de coton de prairie
Et sans un bruit
Les deux nocturnes retournent à leurs occupations
Il va sans dire que les petits compagnons des bois doivent rester sur leurs gardes
Car Dame Genette et el Señor Raton Laveur ne sont pas de piètres chasseurs.
Voilà, cric crac, mon conte est dans le sac.
Carole Radureau (27/09/2025)
Inspirée par cette vidéo de Serge dans laquelle l’on aperçoit nos deux protagonistes