sel de lithium

…..poésie d’Atacama…..

De vallons en vallées
De rias en dénivelés
Vont les ondes douces
Doucement nivelées par
L’aride
Le chaud climat
Du désert.

Doucement
Balancées
Les pensées sont des colombes
Qui se déroulent
Comme une onde
Simplement traversée par
La confusion du temps.

Le soleil hésite à se coucher
Sur les mamelons éconduits
La lune hésite à illuminer
Le lait si sec de la terre.

Les étoiles sont les seules
A habiter le ciel du lit déserté
Elles jouent à la marelle de la nuit
Elles se déplacent sans cesse
Coquines
Le lendemain elles ont retrouvé
Leur lit du ciel.

De vallons en vallées
De rias en dénivelés
Le vent se brise sur des côtes
Apparentes et brèves
Le tonnerre a son ciel de lit
A lui
La pureté est sans bémol
Elle éclate de sa joie profonde
Quand le rire de la lune
A ouvert en grand le silence
De la désertitude.

Carole Radureau (22/07/2018)


Désert d’Atacama Chili, Antofagasta

…..poésie d’Atacama…..

Un escadron
Dessine
Dans le ciel
Un sillon de couleurs
Tendres
Et
Fières.

Une armada
De longs cous
Développés
De longues pattes
Déployées
De couleurs
Vives.

Une élégance
De danseuse
Une grâce
Subtile
Et mûre comme un
Fruit
Prêt à tomber.

Le paysage au loin
Est un dessert
A caresser
Du regard
Mais Le vol
N’a pas de temps pour ça
Il connaît
La beauté
L’admire lorsqu’il est posé
Au moment venu, alors
Le volcan
La lagune
Le désert
Le sel
Le mirage
S’habillent d’un luxe rose et noir
Des centaines de pattes dansent en
Harmonie
La vie
S’allume dans l’aridité confuse
Le flamant est là
De son vol il a posé
Ses longues pattes fines
Dans une vase pressée
De les recevoir.

Carole Radureau (16/07/2018)

Réserve nationale Los Flamencos Chili

…..poésie d’Atacama….

La pierre qui se sent seule
Eperdue
Et sans terre
Fuit
Par où elle peut
Quitte
A dégringoler.

Il n’y a pas de peur
Simplement
Un repli bien pensé
Qui tel un porte-pierre
Embarque en lui
Chacune des filles
Délaissées.

La mère a coupé
Brutalement
Le lien sacré qui irrigue y
Compris
Le minéral
La mère a abandonné
Les lieux.

Il ne reste que le père-sable
Trop liquide trop inconsistant
Lit défait
Draps déconfits
Comme un abandon du foyer.

Les petites pierres
Main dans la main
Sans jamais, jamais
Desserrer leur lien
Fuient mais vont de l’avant
Avec un espoir
De créer à nouveau
Une communauté.

Carole Radureau (19/07/2018)

Salar de Tara Chili

….poésie d’Atacama…..

Trois univers
Pour une perspective dessinatoire
Comme trois traits
Tirés
Remplis
A l’envie
Comme un empilement de beautés
Simples beautés
Avec une touche de vie
Rose vif.

Il est beau ce paysage
Qui n’oublie rien
Qui se complète comme un à
Qui
On ne la raconte pas.

Les nuages sont à la fête
Ils ont la tête en bas
Oubliant leurs rêves de hauteur
Effleurant l’onde calme
Efflorant la rosée tellurique.

La colline a glissé son velours
Vieux rose
Sa petite tenue du soir
Prête à se glisser dans les draps de verre
De la nuit.

La lagune est une qui se la joue
Paisible
En qui la vie s’agite comme une friture
Plaisir non dissimulé des flamants
Affairés.

En premier plan la dune aux herbes éparses
Ocre et dégradé de verts affaissés par la chaleur
Confuse
De petits marigots à escargots
Un premier plan de premier plan
Car le reste s’empile sur la légèreté comme
Un tableau
Impressionniste.

Carole Radureau (18/07/2018)

Salar de Tara, Chili

….poésie d’Atacama…..

Doigts gelés sous la lune
Comme implorant cette mère
Qui a perdu la matière simple
De sa vie
La farine nécessaire
Au pain de la terre.

Comme figés par la nuit
Un courant d’air glacé
Courant sur l’échine
De leurs mains tournées
Vers un ciel
Abandonnant la voie de terre
Comme
Dégoûtées.

Les doigts sont désenchantés par le son
Du clair de lune
Un qui a renvoyé l’orchestre des ombres
Pour y loger le fruit blanc de lait
Un laiton profond produisant l’étincelle.

La musique un soir de pleine lune
Est une canopée céleste
Qui joue avec le « la »
Enfile sur sa corde vocale
Les notes-soeurs en gelées.

Il n’y a pas de confusion
Il n’y a que des requêtes
D’une glace figée de pierre
Sucre glace pour
Désert de sel
Il n’y a que des questions
Qui n’attendent jamais
De réponses :
Des questions de sel et de givre.

Carole Radureau (14/07/2018)

.....poésie d’Atacama…..

Une bouche de travers
Un poisson à deux têtes
Une clé renversée
Une flèche destinée à regarder
Vers l’horizon
Le reflet est une question
A se poser
Quand sur la lagune
Se pose sa géométrie
L’onde est calme
Le point s’interroge sans cesse
Un petit nuage est tombé à l’eau
Nuage de lait sur laguna Santa Rosa

Une ombre parfaite
Une épouse collante comme jamais
Qui se love de toute son âme à la chair
De la colline
Qui s’adapte comme un gant
A la matière au liquide
Suivant le mouvement suivant la température
Suivant l’humeur
Toujours là
Double parfait
A l’envers à l’endroit
Dis-moi qui tu es
Sur la terre partout où l’œil est roi
Où l’œil est opportuniste
Tu es tu vis tu respires tu transpires
Tu es digne d’être vue.

Carole Radureau (23/07/2018)

Laguna Santa Rosa Chili

……poésie d’Atacama…..

« Ce sel
De la salière
Je l’ai vu dans les salines.
Je sais
Qu’on
Ne vas pas me croire,
Mais
Il chante,
Il chante le sel, l’épiderme
Des salines,
Il chante
D’une bouche noyée
Par la terre (…)

Pablo Neruda Ode au sel

Sur sa peau
Gercée
Crevassée trouée
La vie était encore en vie
La sueur était encore la sueur
Et en suant
Et en son cœur
Vibrait un chœur
Puissant :
La voix du désert.

Il n’était pas fait
Pour qu’on réveille en lui
La poudre fine
Le trésor
Aliment sublimant
L’aliment
Il ne se sentait pas fait
Pour être éveillé sans cesse
Pour que l’on bouge ses douleurs
Ses rhumatismes si vieux :
Ses souvenirs.

Son épiderme était gémissant
Sa chanson était une lamentation
Le lamento d’Atacama
Coulé, subtil dans l’oreille de Pablo
C’était une chanson triste
Une chanson d’adieu.

On lui pilait les os
On lui prenait la substance
L’ivoire blanc et précieux
Des tables populaires
On lui brisait la colonne
On en tirait une autre puissance
Le lithium devenu nécessaire
A la civilisation.

Mais laissez donc dormir le salar
Dans son désert il avait un dessert
Tout prêt
A consommer
Oreiller de pierre et de sueur
Edredon de vapeurs altérées.

Mais laissez le en paix le désert il
Est un fruit nécessaire
Le salar est un grand dortoir sacré
Qui ne rêve que de calme mais
Aussi de volupté.

Carole Radureau (16/07/2018)

Salar d’Atacama Chili

….poésie d’Atacama…..

Le rose est à Atacama ce que
Le vert est au perroquet
Ce qui est désert
N’est pas synonyme de rareté
Le rose a trouvé toute la panoplie
L’a bien rangée dans sa penderie de lune
Et de pierre
Chaque soir
Chaque jour
Il sort une nuisette
La montre à tous :
Admirez les nuances de roses d’Atacama
Poudre, sable, sel, pierre, couchers de soleil,
Flamants,
Éclairs, lueurs,
Le rose est partout ici
Chez lui
Le désert est son dessert
Son dessert
Favori.

La fleur aussi !
La fleur aussi !
Dans ce désert parfois un dessert
Grandiose
Comme un tiramisu aux fraises
Fleurit de toute son
Ame
Fleurit de toute sa force
De toute sa conviction de rosée.

Quelques gouttes d’eau
Si rare
Si précieuse auront suffit
A faire germer les fleurs
Roses
Du désert
Et c’est un champ de rose
Et c’est un champ de nuances
Et c’est un rêve qui fleurit
Au bout d’une lorgnette
D’aridité :
Mirage.

Mirage est le second charme du désert :
Impression
Trompe-l’œil
Fusion du minéral et du végétal
Ici le territoire est un pied-de-nez
A la vie
Comme un paradis qui a oublié
La luxuriante verdure
L’eau prolixe
Le verbe de la liane
La folie de l’orchidée
L’arc-en-ciel du colibri
Ici c’est la simplicité
Dans sa petite culotte du matin
Qui vient
Etendant sa main pour dire :
Voyez
Comme tout ici est complet :
Vérité de la pierre là où le désert
N’arrête pas la vie
Chaque grain de silice est un territoire
Sur lequel
Naître
Et grandir
Chaque gramme de pierre
Est un paradis pour éclore.

Rien n’est jamais figé
Tout vibre tout s’éclaire
La lune est un phare ouvert pour pérenniser
La vie
Le soleil est un père chaleureux
Qui éclabousse la témérité.

Carole Radureau (18/07/2018)

…..poésie d’Atacama…..

Licancabur aux pentes
Epurées
Comme une pyramide
Parfaitement
Codifiée
Juste
Décapitée
Par un feu éconduit
Sorti du cœur
De la grande marmite
De la matrice
Fière
Et téméraire

Un chaos
Minéral :
Le chaos
Grand désordre
Chambre dérangée
Comme par de petites mains
Empressées
Joueuses
Affairées
Paysage lunaire
Grand débarras dans lequel
Sont jetés
Pêle-mêle
Les débris éjectés des volcans
Leurs humeurs et leurs
Sentiments

Licancabur
Pyramide désenchantée
Elle le fut
Enchantée autrefois
Quand les flamants du Chili
Sur son crâne
Faisaient leurs nids
Il leur a offert leur rositude
Sacrée
Il leur a offert des ailes
Pour s’échapper
Depuis ils crèchent
Dans le désert ils ont
Oublié la pierre
Ils ont oublié le
Feu.

Carole Radureau (14/07/2018)

Volcan Licancabur

….poésie d’Atacama….

Le ciel a déposé sur la terre
Une image
Une image si belle
Comme irréelle

D’où sors-tu tant de beautés ?
Où sont tes rêves cachés ?
Au lendemain de la pierre
Dans l’oreiller de la grande
Fournaise ?

Un nuage a fait son lit
Dans la flaque d’eau
Fée dérangée par le cours qui fuit
La vapeur salée

Un train de nuages
En catimini
A pris le rose d’escampette
D’un flamant trop tôt envolé
D’un pinceau de son aile
Il a dessiné son rail
Dans un ciel
Palette d’été

L’été justement est austral
C’est un qui a choisi ses couleurs
Le sel a déchiré en mille morceaux
L’échancrure de son cœur
Le gris a triomphé
Le volcan a glissé trois cils de diamant
Sur ses pentes enneigées
Cœur glacé
Le ciel a imité le maquillage des fées
Poudre de rêve riz de rosée
Un bleu d’azur semble surgir de nulle part
C’est la topaze et son culot
Qui s’invite dans le tableau
Invité surprise pour note de frais
Un bleu au cœur du rose
Un or en concurrent/nuage au plus fort
De son tourment :
Il a raté le petit train
C’est lui qui devra s’attacher demain
Au wagon des retardataires.

Carole Radureau (14/07/2018)