riviere de jaspe

…..poésie de la Gran Sabana…..

Donne-moi ta plume
Amie cascade
Dans ton sillon de brume
Coulent des jours heureux.

L’eau et ses limons
Plume de volupté
A saisir comme l’air du temps
Avec témérité.

La rivière est une fille
Délicate
Qui reçoit d’une chute
De reins
Toute l’eau de la minéralité
La rivière est une mère
Heureuse
Qui voit naître
De ses veines
La pierre rouge
Le jaspe précieux.

Donne-moi ce lait rouge
Celui qui par transparence
Naît dans le tourment de l’écume
De jours sans évidence.

Donne-moi ce qui fait ta beauté
Mais juste un don pour mes yeux
De quoi raviver de minéralité
La flamme de mon cœur
Qui a besoin d’une telle ardeur.

Carole Radureau (08/07/2018)


Quebrada de jaspe Venezuela

…..poésie de la Gran Sabana…..

Sa stature
Est une ligne
Infinie
Dans le ciel infini.

Il décline un peu
Vers la gauche
Comme affaissé
Par le poids des millénaires.

Sa table, sa mesa est un plateau
Sur lequel servir moult petits déjeuners
Parfois même
On voit
Au loin
La fumée du café
Qui se conjugue avec le nuage de lait
Des nuages qui s’éveillent.

Il est appelé Lugar de los pericos
Lieu des perruches
J’imagine d’ici
Le son subtil et sûr
De la musique du matin
Pendant la pause-café.

J’imagine le lieu coloré
Par les ailes de multiples
Tonalités comme savent le faire
Les oiseaux d’ici
Tropicaux
A souhait.

A l’infini s’élève le tepuy infini
Qui décline
Mais doucement
Vers une aube dans laquelle
Naitront encore des milliers
D’oiseaux.

Carole Radureau (07/07/2018)

Tepuy Chirikayen

….poésie de la Gran Sabana…..


C’est un chemin de terre
Une route si vous voulez
Qui va
Droit devant
Jusqu’au point
De non retour.

Le paysage qui défile
Un brin
Floconneux
Laisse la part belle
Au ciel
A son armada
De nuages.

J’aimerais prendre la route
Sur un navire de cirrus
Délavés par le sel
Voir en bas ce paysage de savane
Doucement
Etirer son rideau de verdure
Son armure de pierre.

J’aimerais être oiseau
Glisser peu à peu
Un œil tendre
Emu
Par la quiétude minérale
D’un ailleurs
Merveilleux.

Carole Radureau (06/07/2018)

….poésie de la Gran Sabana…..

Bleuette
Fluette
Miniature comme
Une porcelaine
De Chine
Elle en a les couleurs
Délicates.

Une qui semble très précieuse
Comme toutes ses sœurs
Du monde
Petite sauteuse
Dans les tépuys sa
Cour de récréation
Des cuvettes dorées
Attendent
Ses élucubrations.

Sur les parois rocheuses
La pierre est sa matière
Elle vit de l’air minéral
Il colle à ses pattes
Il est essentiel comme une rime
Qui soutient
De ses tendres bases
Toute la structure du poème.

Carole Radureau (08/07/2018)



Grenouille noire du Roraima, espèce endémique liée aux tepuy, oreophrynella quelchii

…..poésie de la Gran Sabana……

La Gran Sabana étire
A l’horizon
Infini
Sa plaine de graminées
Sont vert tendre et confus.

Le calme est là
Le charme est là
Une paisible savane
Sur laquelle
S’étendre
Mû par le désir de se
Relaxer.

Au loin se dessinent
Posés sur la ligne dure
Les masses pures des
Tépuys
Avec sur leur crâne rasé
Une végétation type.

Bien loin de la luxuriance
De la forêt tropicale
La paisible et morne savane
Est un havre de paix.

Il n’y manque rien
L’eau est remarquablement
Représentée
Dans ses chutes de rein
Dans ses gargouillis rouges.

Le ciel rivalise
Avec son train de nuages
Ce paysage est un tableau
A peindre du moins
Avec les yeux.

J’aimerais être artiste
Saisir un pinceau bleu
D’herbacée
Le tremper dans l’encre de jaspe
De son rouge ardent
Vous dessiner ce qui suit.

Carole Radureau (06/07/2018)

…..poésie de la Gran Sabana…..

La pluie s’invite
Un soir d’été
Où la chaleur
A emporté
Le voile sensible
De la nuit.

Comme une furtive
Comme une efficace
Elle roule sa bosse
Et une fine bruine
Elle envoie alentour.

La pluie s’invite
Forte
Délicate
Une promesse de vie
Un miroir aux colibris
Qui n’ont de son escarcelle
Que quelques gouttes
Sacrées
Pour y désaltérer
De minuscules
Petites glottes.

Au loin un tableau
Beau
Ephémère
Une carte postale ?
Oui mais bien plus
Au loin sur ce qui déjà
Est, et prospère
La pluie
Comme un rideau
De sensibilité.

Carole Radureau (08/07/2018)

……poésie de la Gran Sabana…..

Poisson volant
Rouge sang
Ou vermillon
Rouge de saison.

Où vas-tu ainsi
Déterminé
Dans cet espace
Où les nuages
Dessinent le ciel
D’un été
Continu ?

Poisson volant
Rival des oiseaux
Un qui se prend
Pour le colibri
Qui rêve de plonger
Dans la mer de nectar
En ressortir
Tout jaune
Tout frais
Vitaminé.

Tes ailes sont des voiles
D’ambre rougie par le feu
Du soleil
Tes ailes sont
Bateaux légers
Dirigés par la bise tendre
De l’été
Tu sembles savoir où tu
Vas
Poisson rouge
Comme sorti de son bocal,
Libéré,
Enfin,
Mais
Que veux-tu donc démontrer ?

Carole Radureau (08/07/2018)

utricularia quelchii plante carnivore épiphyte endémique des Guyanes, du Venezuela.

……poésie de la Gran Sabana…..

La formation Roraima
Environ 2 milliards d’années
Quelle imagination
Que la pierre
Dans sa fusion créative !

Le grès protérozoïque
A déposé ses millions de grains
De silice
Dessinant des dykes
Utilisant la diorite
Créant toujours créant
Avec la plume du temps
Un paysage somptueux.

Ici le rock bleu est un vieux sage
Qui déroule ses ans comme un papier
D’argent au grès bleu de la vétusté.

Il est distrait chaque jour
Observant les diverses formes
Que la magie de la pierre
Dessine dans ses monolithes.

Sous la terre-mère si vieille
Si tendre et poreuse
Vit une autre vie
Liée au quartz
Liée à la transparence.

Sur le plateau gréseux
Le roi domine de son siège bleu
Un espace minéral de formes
Et de lumière.

Carole Radureau (08/07/2018)

…..poésie de la Gran Sabana……

L’eau avait surgi
Petite fille courant après
Son ballon
Petite silhouette encore frêle
Eau menue comme un petit
Filon.

Puis elle avait tressé
Sa chevelure adolescente
Pour en faire une natte
D’abondance
De laquelle surgirent des volontés
Surgirent des vies entremetteuses,
Des principes.

L’eau était de plus en plus
Affirmée
Elle voulait réussir sur cette terre
Elle voulait accomplir des choses
En deux mots se multiplier
Puisque telle était l’idéal de l’eau.

Femme et mère
Elle avait fait tant de petits
Que chaque branche de sa sphère
Etait un paradis humide
Fécond
Riche
Une biodiversité en découlait
Elle la femme, la mère
Eau
En était à l’origine.

Puis avec la maturité
Ses cheveux devinrent puissants
Devinrent cataractes
Devinrent chutes vertigineuses
Dans lesquelles les filons d’argent
De son âge mûr
Se mêlaient aux filons d’or
Dilution du fer d’un âge encore
Plus mûr.

Elle était vieillissante
Et toujours plus puissante
Elle était chaque année plus sage
Et toujours un message
Pour le monde
Dans ses mots de gargouillis
Dans ses élucubrations de fée
Aquatique
Tout un poème était dicté
Aux elfes, aux fées, aux korrigans
Et aux poètes
A ceux qui savaient écouter
Le murmure de l’eau, de la mère-eau.

Elle ne mourrait pas
Oh ! Non,
Elle était trop prévoyante
Ses bras, ses méandres, ses sources
Ses rios, ses fleuves, ses petits rus
Etaient des filles, des petites-filles,
Des nièces, des petites-nièces
Toute une dynastie de femmes-eau
Qui prenaient la relève
Eau-la-main.

Elle ne mourrait pas
Oh ! Non,
Elle était énergie pure
Puissante conscience de ce qui vit
En elle vivaient tant d’autres vies
En elle étaient nichés tant d’espoir
De beauté
Que l’éternité n’aurait pas raison
D’elle.

Celui ou celle qui s’arroge le droit
Sur l’eau
Coupant l’ardente et puissante
Chevelure de la mère-eau
N’est pas digne de sa vie ici-bas.

Il y a quelque chose de plus fort
Que la vie d’hommes qui se croient
Au-dessus de tout
Il y a un ensemble de présences
D’éléments tournés vers la source féminine
Qui donne la vie
Qui offre la vie
Qui irrigue la vie
Qui est la vie.

*……*

La chevelure de l’eau
Message puissant
Fibre d’argent
Est à lire au présent
Sans interrompre
Son flux de m’eaux
Sans interrompre
Son chant d’eau pure
Ecoutez le doux silence
Entre chaque note d’eau
Emise
Il y a un message dans chaque silence
C’est le point de vie
Qui manque aux vies pressées
C’est le point de vie
Que l’on oublie
De ponctuer.

Carole Radureau (09/07/2018)

Poésie de la Gran Sabana

Donnez-moi la savane
Une qui en Amérique
Dessine son sillon
Sur des murs de raison.

Donnez-moi la pierre
Plus que millénaire
Qui ne tremble pas
Sous les intempéries
Qui pleure parfois
Des cascades somptueuses
Se jetant
Désespérées
Dans des rios de verre.

Donnez-moi la rivière de jaspe
Avec son lait de sang
Son miroir de merveilles
Aux images d’exception.

Donnez-moi les Pemones
Les oiseaux
La végétation
Le contraste
Le ciel immense et unique
Le chemin de terre.

Je veux vous chanter
Le paysage où les rimes
Sont des sons de tambour
Résonnant sur des citadelles
De grès
Je veux vous chanter
Ce pays qui unit tant de dons
Un dans lequel le son
Est un élément clé
Un dans lequel la vie
Est une pomme
Entière et brute.

Carole Radureau (07/07/2018)