Publié le 29 Octobre 2020
J’ai mal au monde
Le monde me fait mal/me duele el mundo
J’ai dans le ventre
Un arbre de vie qui s’écroule et
Ma colonne vertébrale
Supporte le poids des ténèbres
Une cascade choit de ses millions de larmes
Les sourires se brisent en milliers de morceaux et
Les rires des enfants tombent
Dans la margelle sacrée
Il y a des torrents de poussière
Formés dans les lits asséchés
Il y a des lézards partout
Les écailles des poissons ne se comptent plus et
La petite peur inconnue a irradié
Jusqu’au tympan même
Tout fuit
Tout se liquéfie
Une pince étire son fil au-delà des sciences
Je vis dans un silence de terre abasourdi
Par le cri de leurs yeux à ceux
Qui s’éteignent sans susciter nulle compassion
J’ai mal à ce monde qui ne sait plus
Ou qui sait trop
Qui s’ébroue comme un chien
Pour se séparer du trop
Mais le trop c’est le petit l’ancien ou celui qui n’a pas les moyens
Celui qui toujours subit
Celui qui s’affaisse sous le poids de ce trop
Celui à qui on lui inflige
Celui à qui l’on assène poids éternel des inégalités
J’ai mal au monde qui se régule et
C’est normal qu’il le fasse c’est ainsi que va le monde et
La poésie où se trouve-t-elle ici ?
Entre le froid et la peste
Au milieu des os et des arêtes et des contes de fées
Les petites filles/las nietas mías grandissent à l’ombre d’une herbe inconnue
Des mains se tendent inutilement
Il faut trouver un sourire, vite !
Quand le monde fait mal
Je sais et tu sais toi aussi
Qu’il y a toujours un sourire caché
Quelque part
J’ai mal au monde et je l’accepte
J’accepte la douleur décalquée en moi
Comme si ce corps c’est un moule-à-monde
Le moule qui attend que sèche le renouveau
Que chaque interstice se comble
De cette farine complète et sûre
Pure et naturelle
La farine qui fait le pain de chaque jour/el pan de cada día
Avec du bon blé sans OGM sans pesticides
Avec sur les lèvres le sourire des abeilles
Aujourd’hui le monde ne tirera plus
J’ai retiré une épine de mon abdomen et
Dix cailloux de mes vertèbres ont rebondi dans
L’escarcelle du temps
Il faut l’accoucher ce monde nouveau
Il faut s’éveiller enfin de la douleur
Que le sourire naisse
Marguerite
Dans le creux de nos mains.
Carole Radureau (29/10/2020)