Le caillou veut être lumière. Il fait luire en l'obscurité des fils de phosphore et de lune. Que veut-il ? se dit la lumière, car dans ses limites d'opale elle se retrouve elle-même et repart. Federico Garcia Lorca
Hier, me promenant le long des champs
Comme je ne le faisais plus depuis longtemps
Je redécouvris 2 sensations
Sans parler de celle du constat
Que j’ai encore de bonnes jambes.
1er tableau : Le bruit du vent dans les feuilles de maïs
Le maïs est un géant
Qui pousse dans des chambres élargies
En une monoculture souvent décriée
Mais qu’elle est verte sa parure
Et quand le vent caresse ses chevelures
Ses barbes frémissent
Sortent de ses gorges
Une petite mélopée
Digne des opéras :
C’est l’opéra de maïs
La chanson qui fait miroiter le grain
Qui donne à la plante
Sa sensation de grandeur.
Le maïs est un géant
Et sa parole une vertu planétaire.
2e tableau : La paix du bois
Un petite brèche
Ouverte sur un bois
Peu d’essences dans nos bois
Il faut faire avec
Je me laisse tenter
Mon fils me suit
Dès le 2e pas, sur nos têtes
Tombe la paix du bois
Cette sensation de calme
De fin du monde civilisé
Cette grande évasion
Elle fonctionne aussi dans le moindre petit bois
C’est un appel à y entrer plus profondément
Je dis à mon fils qui ne l’avait pas remarqué :
« sens-tu cette paix, ce calme, cette patience ? »
Maintenant il y fera attention.
Le petit chemin descend de façon abrupte
Nous nous y engageons, juste le temps de nous imprégner
De sentir la paix des arbres
Oublier les déchets qui traînent ici
De la civilisation
Et se dire que nous le reprendrons
De façon plus aboutie
Pour voir où il mène
Nous imprégner de cette paix
A deux pas de chez nous.
Je ne savais pas qu’il y avait accès à la forêt
Sans pour autant devoir emprunter la route
Les portes de l’aventure, je m’étais fermées
Pendant tout ce temps
Où trop de barrières me privaient
D’un moment présent essentiel
A la reconnexion.
Par by Frances W. Horne for Flora Borinqueña — http://207.156.243.8/emuwebnybg/pages/common/imagedisplay.php?irn=113660, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1539471
Je suis le bois léger
Poussant sous les tropiques
Dont le nom espagnol vient de radeau
Dont de doux noms me vont comme un gant
Pripri, fwomagé mapou, patte de lièvre
Et vous me connaissez mais pas sur pied
Donc vous ratez ma magnifique floraison
Je suis le roi des matériaux composites
Qu’elle est puissante ma notoriété
On me cherche et me plante et me trouve et me coupe
Mais bientôt sans doute on ne me trouvera plus
Voilà que depuis le covid on se rue sur moi
Si bien qu’ils en arrivent à appeler cela :
Fièvre du balsa
Ils ont goût de moi, j’entre dans tant d’objets
Ils s’en fichent de tout déforester
Créer des friches
Des problèmes communautaires
Que le profit que le profit
D’un coup je me sens frère du caoutchouc
Et cousin du quina
Dès qu’un rush s’abat sur nous
C’est comme pour l’or, rien qui ne les arrête
Rien qui ne les combat, ne les abat eux qui ne savent qu’abattre
Débiter et piller :
8139 alertes de déforestation entre mars 2021 et juin 2021
1 alerte = équivalent de 2 terrains de basket
Moi qui suis le roi des bateaux, les radeaux qui flottent
Légèrement, avec aisance
Je m’en irai volontiers à vau l’eau
Leur damner le pion à ces pilleurs à deux balles
Ma tête bien calée dans le kapok de mes entrailles
Je dormirai sur l’eau
Mon dernier bois
Sauvé pour la circonstance
J’écrirai une page de renaissance
Allant m’implanter ici ou ici bas
Là où l’on me respecte
Prend soin de moi
Quoi, moi, le balsa
Ne suis-je pas précieux
Comme le sont toutes les espèces de cette planète ?
PAR DIEGO CAZAR BAQUERO LE 12 JUILLET 2021 La commercialisation récente du bois de balsa a connu une croissance exponentielle pendant la pandémie. Un an après cette croissance, la dévastation d...