Le caillou veut être lumière. Il fait luire en l'obscurité des fils de phosphore et de lune. Que veut-il ? se dit la lumière, car dans ses limites d'opale elle se retrouve elle-même et repart. Federico Garcia Lorca
Voici venu le grand cirque des bois
Où nul chapiteau ne se lève
Nulle entrée brève si ce n’est le numéro
Equilibriste, imitateur, collecteur, insectivore
Voici le tour de piste de la grande scène de la vie
Où le quotidien ne se joue pas
Où le rôle ne s’apprend pas
On ne rit pas, non, on n’attend pas de voir les clowns
On admire tout simplement les petits acteurs
Dans leur propre rôle très très sérieux.
Ce n’est pas que je me prends pour un indien
En levant parfois ma huppe
C’est un phare éclairé
Pour éviter aux insectes
Le fracas ultime sur ma tête dure.
La reine des acrobaties à fait couler son rimmel
Oh ! elle aurait pu éviter d’en mettre !
C’est naturel chez elle, elle est fille de Cléopâtre
(respect !)
A présent elle regarde tête en bas où le rimmel peut être
Là, sur la tête d’un hérisson !
Bon la reine des acrobaties abandonne
Un hérisson tout de même !
Laissons-lui pour sa parure nuptiale.
Dans le buisson l’éclaireur rouge
N’a pas oublié sa lanterne
Elle bat au rythme de son cœur vert
De son âme déjà printanière
La luciole de son sang palpite
Ardemment !
La mignonne que l’on rêve de voir à l’action
La petite bavarde, innocente et sincère
Qui tisse des nids d’art où la douceur est reine
Pour y lover de petits œufs aux ultrasons amoureux.
La reine de la forêt à remisé le jaune pâle
Dans le tiroir aux parures d’hiver
Là, c’est le justaucorps de soleil qui brille, or pur
Elle a une belle allure
Son bec est frais, sa voix claire
Son œil vif
Carbonero est prête pour la nouvelle saisonnée !
Petit discret, sautilleur de troncs
Bien à l’aise, enchâssé dans l’écorce
Plumage cryptique, le message est passé
Seul son bec recourbé nous indique la posture
Petit oiseau timide, toujours dernier en bas de l’affiche
Ne lui faites pas toujours jouer le rôle de doublure
Le second rôle
C’est un Jean Marais qui s’ignore, un Gérard Philipe qui a des tripes
C’est un grand de grand, quoi qu’on en dise !
Roitelet, petit roi d’opérette
Toi, petit prince qui rêve de Mariano
Tu as tout appris de Tino Rossi
Pourtant la belle demeure cachée
Tu as chanté Josélito
Elle n’a pas daigné lever un cil
Alors tu lui concoctes une popote bien à toi
Une fricassée de mandibules
Une volaillée aux fines herbes
Pour lui vanter tes dons de cuisiniers
La belle ne connaît pas ton répertoire
Alors, par la gourmandise, petitou
Tu finiras bien par l’avoir !!
Chante, Carbonero
Qu’y-a-t-il de plus beau ?
Là où ton chant fleurit
Le cours du temps, tout petit
Glisse au fond du bois
Tapi dans le taillis de la timidité.
Vis, Carbonero
Tu es la représentante de la force vive
La grande guerrière des airs
Celle qui sait attaquer sans faiblir
Le nid au tissage de fer
Extraire une à une les envahisseuses
En faire ton casse-croûte.
Rêve, Carbonero
Le jaune en toi est une promesse forte
Ton regard un bijou dévoilé
Il n’y a qu’une vérité c’est celle de ta présence
A toi cours la poésie, toute échevelée.
Fusionne, Carbonero
Nulle promesse, nulle attente
Juste ce petit peu de tempérance
Ce grand chambardement annonçant le printemps
Trop précoce ? Tu t’adaptes
En toi existent des ressources inutilisées
Tu nous montreras le chemin de la vraie voie,
Carbonero,
Tu es notre guide et notre messagère.
Parfaite pour la jolie tite’tête à couronner
Parfait éventail pour climatosceptique acharné
Parfaitement bleue et parfaitement jaune
Avec au milieu cette bouille de tendresse
Au bec-à-bisou libre de droit
Tite’bleue, nous te voulons reine
Nous voulons faire de toi notre chère souveraine
Que tu sois dure avec les durs
Douce avec les faibles
Que tu fasses régner la paix d’un énergique battement
De ton éventail à rêves.
Tite’bleue nous te désignons le trône
Fais-en ce que tu veux
Avec toi de toute façon
La magie sera chaque matin au rendez-vous.
Au bain-Georges
L’eau est bien froide
Accueillante, réconfortante
Oh : coquinou
Sa petite tête effrontée dépasse
On ne peut pas la manquer !
Voilà ! mission accomplie !
Je suis tout propret
Mon plumage est aqua proof
Les gouttelettes glissent
Toutes timides sur ma cape couleur kaki
Et j’ai la goutte au menton.
Tout est bien conçu dans cette salle de bains
Il y a même le perchoir !
Ah ! quel délicieux petit jardin, jugez donc :
Je viens de déjeuner directement dans la gamelle du chat
De délicieuses croquettes qui me remplissent rapidement le bidon
Maintenant je viens me désaltérer
Puis me baigner
Ensuite j’ai un perchoir pour sécher :
La belle vie de Georges dans le jardin de Rosacorleone.
J’en tire ma révérence !
Et pour tout récompense :
J’y retourne
J’ai oublié de laver sous les bras !
Carole Radureau (02/1/01/2024)
Inspirée par ces photos de Gianni
A propos de « parle-moi de Quetzalcoatl….
Chaque jour il y aura un thème différent que je choisirais selon mon humeur pour alimenter un calendrier poétique 2024 sans stresser.
Le thème sera présenté par une catégorie symbolique souvent une muse ou un dieu ou déesse.
Aujourd’hui, Georges entre tout naturellement dans le thème Ornithologie. La muse choisie est Quetzalcoatl, le fameux serpent à plumes des peuples autochtones du Mexique que l’on retrouve sous différents noms.
cormoran impérial Par Francesco Veronesi from Italy — Imperial Shag - Tierra del Fuego - Argentina, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=39966079
……le cercle chromatique des oiseaux. 31 poèmes pour finir l’année….
…….oiseaux en Grande Tenue…..
La neige était essentielle.
Elle habillait les montagnes là-bas
Déchiquetées ou
Aux arrondis parfaits
Aux cimes élancées
Là, était le paysage
Comme dans son contexte quasi éternel
Cet héritage de millions d’années.
L’oiseau lui s’inscrivait dans ce décor
C’était son habitat, sa demeure
Son petit chez-lui,
Sa force à lui
Sur toute une ligne il étendait sa lignée :
Comme elle était longue !
Les poissons tremblaient voyant cela
Tant de cormorans
En Grande Tenue
Pour les défier les faire trembler les inquiéter
Alors que la neige au loin semblait s’effilocher
S’étirer comme un fil sur la quenouille.
Le paysage changeait.
La lignée de cormorans était toujours là
Le décor était presque le même
Mais comme à la saison chaude
Quand la neige était partie en vacances dans l’au-delà.
Que se passait-il ?
Etait-ce une passade
Un mauvais moment à passer,
Reverrions-nous les sommets enneigés ?
Pourrions-nous encore tourner nos yeux vers nos déités
(les montagnes) en leur demandant de réaliser nos vœux
Le vocable fondamental qui correspond à l'imagination, ce n'est pas image, c'est imaginaire. La valeur d'une image se mesure à l'étendue de son auréole imaginaire. Grâce à l'imaginaire, l'imagination est essentiellement ouverte, évasive. Ele est dans le psychisme humain l'expérience même de l'ouverture, l'expérience même de la nouveauté.
Gaston Bachelard
L'Air et les Songes : Essai sur l'imagination du mouvement, éd. José Corti
......le cercle chromatique des oiseaux. 31 poèmes pour finir l'année....
L'oiseau imaginaire a fui dans le réel l'espace
d'un temps
et je l'ai vu
une couronne sur la tête
un éventail pour queue
il avait adopté des attributs de royauté
comme un petit roi voulant sur le trône
monter.
Mais il était bien plus que cela
il était fée même s'il n'en avait pas la baguette
il était korrigan même s'il n'avait pas les doigts dans le nez
il était licorne même s'il avait décorné sa corne
il était magicien même s'il n'avait pas la potion
il était troubadour même s'il n'en avait pas les contours
il était barde et son discours futile l'attestait
il était druide et avait pour yeux deux baies de gui
il était aveugle et sourd, il en avait tous les contours
il était poète et fée, sa couleur en attestait
il était prince et princesse, Colibri de la Grande Noblesse
il était gueux et malheureux
comme ceux qu'il voyait malgré lui.
Son sang ne faisait qu'un tour
au-delà de ses désirs de royauté :
pouvait-il exister des royaumes où l'égalité existe ?
se demandait-il en voletant tristement.
La vie ne lui donnait jamais la réponse
aussi la cherchait-il dans le coeur des fleurs
il les sondait leur disant :
"nectar, mon beau nectar, dis-moi si la royauté parfaite existe ?
Si mon désir de trône est trop irréaliste
Si mon utopie est très très vaine
Si je rêve tout éveillé ?"
Le coeur des fleurs répondait en choeur :
NON !
Et l'écho résonnait sur la terre entière en un tremblement furieux
l'on croyait que le volcan Sundhnjukagigar entrait encore en éruption.
Sous cette révélation sinistre
forcément triste, triste, triste
le malheur se répandait telle une lave en furie
léchant tout sur son passage.
Coquette, la jolie, en démordait mordicus
elle devait réduire très vite ses prétentions
derechef elle se fit nomade
désertant forêt, selva, bosquets et magie
pour parcourir le monde avec sa couronne et son éventail.
C'est là que je l'ai rencontrée
devant un buisson de roses parfumées :
Coquette essayait de sonder le coeur d'une de mes roses
qui rigolait, rigolait, rigolait (chatouilleuse qu'elle était !)
Jamais encore on l'avait sondée en dehors de l'INSe....
Elle avait tout dit, tout balancé à Coquette
elle avait cité toutes les religions, toutes les vérités des promesses politiques non tenues,
les divorces, les malversations, les corruptions ....
Cela avait soulagé ma rose
qui, se sentant plus dispose
se mis à faire la coquette
On la nomma Coquette de Lyon (c'est ainsi je n'ai rien inventé)
Elle jaunit son ton, devint la reine des fleurs
Tout ceci par la visite d'un petit colibri
qui avait abandonné la royauté
pour se faire chemineau.
Carole Radureau (29/12/2023)
Coquette de Delattre (lophornis delattrei)
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