les chroniques de roger

Publié le 15 Octobre 2014

La fusillade est assassine

Mais la troupe reprend le pas

Et ses épines,

Son sésame pour le combat.

La grande guerre de Roger Colombier - Au clairon -

Et les hommes à nouveau meurent

Au nom du clairon souverain.

Il n’est pas l’heure

De la relève mais du chagrin.

Roger Colombier

image Kalibos

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 8 Octobre 2014

La grande guerre de Roger Colombier - Aveu -

image

Je ne fus pas un bandit de sacs et de cordes

J’ai accepté la loi comme les autres gens

Et triché peut être cela je vous l’accorde

Mais d’un pauvre n’ai point pris un seul argent.

Pourquoi alors mes mains entravées de chaînes

Et ce trou là-bas que l’on fossoie très profond?

Et ce poteau droit où l’on m’attache sans peine...

Un bandeau mais le lait de l’aube dans le fond.

Roger Colombier

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 1 Octobre 2014

Ils ont tirés au sort par-dessus leurs épaules

Ils ne pouvaient pas tous les fusiller

Avant que d’autres l’on enrôle

Pour être écrabouillés

Sans faribole

Voyez!

 

 

Roger Colombier

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Publié le 28 Septembre 2014

La grande guerre de Roger Colombier - Les mutins -

Jean-Julien Chapelant (1891-1914) fusillé pour l'exemple (Ctruongngoc)

***

Le rang se fait d’espaces vides

Et le cœur absent ou livide.

Revient l’écho.

Est venu le temps de la fronde:

Assez de tueries rubicondes,

De nos stratèges radicaux!

Pour glaner quoi? Un bout stérile,

Ou deux, à seule fin utile :

Une médaille au général

Que le carnage nous consume

Et sanglante soit notre écume:

Une médaille au général!

Défunte est l’ancienne fête

Quand l’on courut vers la conquête

En plein mois d’août...

Aujourd’hui, désobéissance

Malgré le cuir ou la potence...

Ne plus bouger, coûte que coûte...

Roger Colombier

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Publié le 24 Septembre 2014

La grande guerre de Roger Colombier - La der -

image soldats français du 87e régiment près de Verdun 1916 Gsl

***

Ils repartirent encor vers la haine.

Avec le clairon battant le rappel,

A l’heure brisée du soir éternel,

Fantômes menés par leurs capitaines.

Ils repartirent encor vers la haine.

La salve orange en faucha des centaines,

Tant et plus qu’on ne put les ramasser

En refluant, compagnies désossées.

Et quelques rescapés: une huitaine...

La salve orange en faucha des centaines.

Dans la terre criblée qui fait la plaine,

Lorsque s’est tu le combat, dans le vent

Nous parvient l’agonie des survivants,

Fatigués de souffrir, râlant à peine...

Dans la terre criblée qui fait la plaine.

Y aura-t-il des soldats pour la prochaine ?

Pour gravir les échelles de la mort ?

Lorsque sonnera le clairon encor

Sur les trépassés bruissant de leurs chaînes,

Y aura-t-il des soldats pour la prochaine ?

Roger Colombier

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 7 Septembre 2014

La grande guerre de Roger Colombier -  Chuchotements -

image Herveroller

Des bruits chuchotent qu’il faut retenir son pas,

Ne point courir comme des sots sous la mitraille,

De honnir ces meurtriers qui nous jettent au trépas.

Parfois nos batteries transpercent nos entrailles...

Messieurs les généraux, entendez nos douleurs !

Et la pluie, et le froid infectant nos blessures...

Transis par le deuil nous n’avons plus de pleurs

Qui soulageraient nos plaies bouclées sous l’armure...

Roger Colombier

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Publié le 24 Août 2014

La grande guerre de Roger Colombier - Au repos -

image

Ils sont mis au repos

Gladiateurs horribles

Lâches ou bien salauds

Et des filles faciles.

Et puis du mauvais vin

A seaux vaille que vaille

Pour perdre son chemin

Et vomir ses entrailles.

Peut-on oublier

Du front la vermine

Et ses poux familiers

Et la mort qui chemine?

Roger Colombier

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Publié le 10 Août 2014

image tranchée bataille de la Somme 1916 Gsl

La grande guerre de Roger Colombier - La tranchée -

Il pleuvait. Crottés jusqu’au cou et presque morts,
Nous étions confinés, seul avec le remord,
Dans la tranchée : étalement confus et triste
D’ombres sous le linceul des nues, gris et sinistre...
Au-delà du caveau, garnis de barbelés,
Des cadavres noircis, raides comme gelés.
Et autant de gisants pris dans la même toile,
Sans plus la force d’invoquer le divin voile.
A peine la nuit, l’on jaillira vers l’assaut.
Contre qui, contre quoi? Contre l’autre troupeau !
Ceux d’en face, pris comme nous, sans espérance...
De quel côté le bon droit et pour quelle France?
Il pleuvait. Le clairon sonna. En un clin d’œil
Comme une paille enflammée, droit sur notre seuil,
Nous nous sommes rués sans pitié sur les autres...
A moins que nos voisins vinrent charger les nôtres.

Roger Colombier

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Publié le 27 Juillet 2014

La grande guerre de Roger Colombier - Permission -

image

Un soir, que j’étais camouflé dans le silence

D’un rempart verdurier et dans l’ombre effacé,

Les canons bombardaient l’horizon en cadence,

Lorsqu’il vint de nulle part comme du passé.

Sans doute recherchait-il un dernier asile,

Le calme de mon bosquet pour s’y rajeunir

Avant de repartir à grands pas plus agiles,

Tout entier, endurci pour un sale avenir.

Se sont croisés nos yeux sans dire la vengeance.

Près de la mousse tranquille, il se blottira.

Et puis au matin reprenant notre allégeance,

Chacun vers son ciel haillonneux, l’on partira.

Toujours sans un mot de peur d’inviter l’orage,

Alors l’on s’est souri comme pour deux amis.

Et la terre aussi a retardé son naufrage.

Ensemble ou presque, nous nous sommes endormis.

Roger Colombier

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 15 Juin 2014

La grande guerre de Roger Colombier - Lettre du front -

image

Dans cette aurore de la lueur d’une lampe,

Je ne suis nulle part peut être n’importe où.

Voici mon adieu. Je fixe la triste rampe.

Bientôt sous le clairon, nous jaillirons du trou.

Mère, ces mots, il va falloir que je m’en aille.

Et tu le sais: j’ai eu vingt ans en ce printemps.

Mais ici, la terre ne s’ouvre plus aux semailles.

Mère, ces baisers, je n’en ai plus pour longtemps...

Roger Colombier

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