Publié le 19 Décembre 2021
Par Paul-Élie Ranson — http://www.the-athenaeum.org/art/full.php?ID=14345, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7059968
........le langage des arbres.....
Trois frères nous sommes
Trois êtres portant le nom de hêtres
Etre à n’en plus finir
Etre ou ne pas hêtre en forme
Hêtre au pied desquels semble
Dormir
Une créature de la forêt
Magique magicienne porteuse de légende
Là sous son chapeau de mousse verte
Avec ses bottes de racines
Sa tenue de mousse verte
Et deux semblants de lichens
Dans les rêves
C’est une illusion ?
Qui peut savoir ?
Le peintre est devenu poussière
Sa magie pourtant opère
Il en sort une belle lumière
Pour éclairer nos yeux
La fougère petite prospère
Prend des couleurs de palette
Comme pour entrer de plein pied
Dans les rêves éveillés
Il y a un soleil qui fuit
Tel une anguille entre nos rangs serrés
Un bleu venu de l’outremer
Virant au mauve de la narration
S’enfilant sur la chlorophylle dominante
Le bleu vient
Ecarquiller ses yeux
Comme un invité
La beauté est dans sa tenue de simplicité
Et l’on est surpris
De ne point y voir de nymphes
Le peintre a l’habitude de mêler les corps nus
A nos frères arbres
A nos sœurs fougères
Dans une beauté toute naturelle
Mimant le fameux eden
Nous les hêtres préférons avoir une petite chaussette
Moussue
A nos pieds
Voire des mi-bas
Pourquoi pas des collants
Car l’humidité épuise parfois
Le soleil n’est pas toujours au zénith de nos vies
Hêtre ou ne pas être vivants selon la définition
La question ne se pose plus
Nous vivons et voulons que cela se sache
Nous ne sommes pas faits de bois
Oups !
Si seulement nous pouvions parfois
Dans une blague
Déguiser nos troncs découpables à merci
En jambes d’acier
Rien que pour voir leurs mines
La mine de la tronçonneuse
Ça les ralentirait peut-être
Ça les ralentirait ?
Carole Radureau (19/12/2021)
Trois hêtres /Paul Ranson 1905