La vie d’un arbre vaut-elle la vie d’un homme
Vaut-elle la vie d’un arbre, hein ?
Je suis l’arbre qui dessine le monde
Le monde nouveau
Celui où la vie de l’arbre
Vaut la vie de l’homme.
Eh oui autrefois ne valait guère
Non plus la vie de l’homme
Moi qui vous parle du haut de mes 500 balais
Et quelques poussières mal placées
J’en ai vu des ans et des nuées
Des mauvais temps et des disettes
Des risettes et des espérances
Pour l’homme mais aussi
Pour l’arbre.
On pense à nous quand nous sommes sur le point de tous disparaître
Peu importe notre tour de taille
Rien ne les arrête, les hommes, les mauvais hommes
Ceux qui ne pensent que destruction
Des robots mangeurs d’arbres ils ont pu créer
Imaginez, cela, arbres, vieux arbres de nos contrées
Juste fiers
Chaque année
De rendre au sol des kilos de châtaignes veloutées
L’homme, le grand homme avec sa machine mangeuse de forêt
Avec ses satellites et tous ses espions
Même pas foutu
Sur une planète de trouver un remède pour un petit virus
Je vous dis ça de ma hauteur
Je ne suis pas scientifique
Sceptique tout au plus face aux grandes salades des hommes
C’est qu’ici pour me détrôner il en faudra plus d’une
De machine mangeuse d’arbres
J’ai su me déboubler, devenir ville, canopée
Passage secret et de mon tronc creux
Se vivent mille vies toutes utiles à cette terre
Ici dorment les souvenirs de mes confrères
Des souches de mémoire dont les hommes aiment parfois
Trouver des images des ressemblances des symboles
C’est qu’ils ont besoin les hommes, les sympathiques,
Les sympathisants de notre peuple
De trouver des réponses aux questions existentielles qu’ils se posent
Evidemment
On ne pourrait être optimistes
C’est que les cycles se succèdent et peu de ceux-là sont positifs
C’est à n’y rien comprendre pour celui qui n’a pas étudié la pleine conscience
Moi l’arbre, très vieux et très sage
Je connais la pleine conscience et la méditation
C’est ce qui me tient en vie de tout là-haut je regarde le monde
Comme il ne va pas mais je n’en fait pas un problème, non
Je suis un arbre pragmatique, un qui vit chaque instant comme le dernier
Sait en profiter
Je lâche mes fruits sur un papier de velours et le buvard de leur chute
Tinte en mes veines comme une cumbia sans précédent
Je rumine une à une des petites piques de la bogue
En songeant aux tangos voluptueux et rêvés des argentins
Et m’endort au son des claquettes, des castagnettes et des vibrations
Du flamenco
Je suis l’arbre pragmatique qui se pose sans cesse la question :
La vie d’un arbre vaut-elle la vie d’un homme
Vaut-elle la vie d’un arbre, hein ?
Carole Radureau (11/11/2020)
Merci Serge pour le lien vers la chaîne, je crois que j'ai trouvé le châtaignier