granite rose de tregastel

Publié le 6 Mars 2023

 

Pétillante

Vivifiante

Comme un rire d’enfant elle fuse

On ne la voit pas  on

Ne la sent pas

On la ressent tout simplement.

 

Cette minéralité qui nous rend heureux.

Comment ?

Juste en la prenant dans notre main

Au détour d’un chemin

Sur la plage

Pourquoi nous baissons-nous pour prendre

Ce caillou, celui-ci

Pas un autre

C’est la beauté du partage de l’énergie

Tenu dans notre main le caillou

Nous parle

Nous envoie son message

Ou rien du tout

Juste la sensation de sa peau contre la nôtre

Non, il n’y a pas d’ébullition à la surface de la pierre

Il n’y a pas de petite voix qui nous dicte la route à suivre

Il n’y a qu’une sorte de communion

Le fait de se sentir pierre nous-même

De nous sentir à notre place.

 

Le caillou, lui, ne récolte pas la main de l’homme

Pourtant :

Qui sait ?

Qui sait si ce n’est pas lui qui nous récolte

Qui se connecte à notre épiderme

Qui entend les messages de notre profondeur

De notre être encore pur

De celui qui nous manque quand on cherche à se reconnecter

Le caillou se reconnecte à nous

Si on le repose où on l’a trouvé (où il nous a trouvé)

On le rend riche de cet amour partagé de la terre-mère   de la vie

Si on l’emporte avec nous

Nous vivrons avec lui une histoire d’amour très longue

Nous serons donc en couple avec lui

Si nous le jetons

Il reconstruira son aura dans un autre domaine

Peut-être est-ce violent pour lui

De le déraciner.

 

Quel est le mieux pour lui ?

Si ce n’est l’admirer, le caresser, le cajoler

Lui faire comprendre comme l’on connaît son importance

Ensuite on repart grandis.

 

J’aime garder quelques cailloux chez moi

Je ne peux plus me connecter par exemple

Avec le granite rose de Trégastel

J’ai avec moi quelques pierres qui sont autant de trésors

Auxquelles je peux me connecter

Sentir vibrer la mer

Les racines profondément enterrées de mes ancêtres

Le granite a révélé mes racines

Mon indigence profonde

Je me croyais marne

Je me savais charbon

Je ne me connaissais pas granite

Je me rêvais obsidienne

J’écrivais à l’encre d’opale des Andes

La cornaline était ma demeure

La malachite puisait dans mon cœur sa forêt de mystère

Je ne me savais pas granite.

 

 

Granite

Perle de rire frais

Aux semblants de tendres cœurs d’artichauts rôtis

Je me perds dans tes écueils,

Vague confite

Je me perds dans tes méandres,

Petit oiseau apeuré.

Granite

Tu portes en toi la lumière

Tu montes sur scène

Chacun se tait

Ton chant grandit

Ta puissance aussi

Ils viennent de l’autre bout de la terre

Pour admirer ta cathédrale

Là ! naturelle, là !

Au bord de l’eau !

Cette cathédrale de rosée

Avec ses petits points de mica

Comme un paysage de contes de fée

Sculpté par les vagues.

 

Carole Radureau (06/03/2023)

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Granite rose de Trégastel, #Les pierres sur le chemin

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Publié le 22 Octobre 2018

Il y a des odeurs qui restent en nous
Vagues effluves soulevés par le temps
Qui jamais ne s’évaporent
Complètement
Et qui parfois viennent frapper
A la porte.

Un souvenir de chemin d’école
Un souvenir de Normandie
Un qui doit être moment du passé
Non réécrit donc à coucher pour
Qu’il perdure.

Le chemin d’école quelquefois
Etait autre et divertissant
Il fallait ouvrir ses narines
Se laisser emporter par la petite bise
Contourner les tas jonchant les trottoirs
De cette pâte compressée
Cette purée de pommes dont était tiré
Le jus précieux.

Une maison sur 3 utilisait le service de la presse mobile
Le soir les pommes déposées sur le trottoir
Au petit matin la purée
Et cette odeur de cidre en devenir
Cette odeur normande : unique !

Mon grand-père faisait son cidre
J’adorais la géographie formelle et ponctuelle
De la presse
Laver les bouteilles au rince-bouteille maison
Mon grand-père c’était l’ancêtre de Mc Gyver
Ce bruit de papillons de métal se déployant pour dégager
Les impuretés récalcitrantes
Ceci c’est notre boulot d’enfants
Parfois on enlevait trop vite la bouteille du goupillon
C’était la douche assurée.

L’embouteillage
Sympathique occupation
Du moins tant que les bouchons étaient en liège
Etait aussi une occupation confiée parfois aux
Enfants
On y mettait un peu la patte
J’aimais voir tremper les bouchons
Les voir devenir tout gonflés et ventrus.

Nous avions droit à partir d’un certain âge
De goûter le cidre à table
Dans un pichet coupé avec de l’eau.

La pomme n’est guère mon amie
Le cidre lui l’était autrefois
Quand je jouais avec le feu de l’histamine sans le savoir
Sans en abuser non plus car l’abus ça gâche tout.

Un jour dans un verger tout d’herbe verte vêtu
Tout de pommiers peuplé
Avec des vaches normandes comme des taches de lait dans l’oasis
De chlorophylle
Je décrochais une pomme et la goûtais
C’est ainsi que j’ai compris pourquoi on les appelait
A cidre (acide)
Colle encore à mes muqueuses cette âcreté d’enfance.

Je suis née dans une contrée où fleurissent les pommiers
Où le cidre en pichet inonde de son arôme les tables paysannes
Où la crème est un fleuron
La chaumière un giron.

Ma petite Marie-Rose aimait sa Normandie
Ce terroir simple et humble qui a fleuri dans la nuit
De l’humidité
A présent se trompe la vie avec ses paysages mutants
Oui le climat change et la verte prairie et le pommier
Croulant sous son bagage précieux
Ces images chères à ma grand-mère un jour ne seront plus.

Ces quelques mots pour se rappeler :
Sirotez en mémoire de mes grands-parents une petite bolée
Et pensez à ce chemin d’école, petites jambes
Naviguant entre des vaisseaux de pommes
Ecrasées.

Carole Radureau (22810/2018)

Souvenirs d’enfance : Le cidre

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Granite rose de Trégastel

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Publié le 12 Septembre 2018

…..le granite pour demeure…..

Un pied de géant
Déchaussé
Venant de la Chaussée
Des géants
Pied
Perdu
Pas
Perdus
Comme un qui comme une
Ile
Déserte
Est là
Posé entre flots
Et
Cieux.

Un pied
Nu
Délavé
Isolé et profondément
Triste
Il navigue sans boussole
Au cœur de la mer
Parfois déchaînée
Son pas non assuré
Il n’a pas
Le pied
Marin.

Un pied de géant
Coupé
Dans le sens du poil
Il avait pourtant
Connu
De belles
Enjambées
Traversant d’un pas
La Manche
Sautant
A cloche-pied
Sur les pavés géants
Sauvant la princesse
D’un mauvais
Pas.

Ici il est ilot
Calme ilot
Certainement les
Oiseaux
Sont ses seuls compagnons
Lui laissant de petits messages
Blancs
A lire
Une fois
Séchés.

Un pied
Pointure 98
Il lui manque une chaussure
Il aurait l’air bête avec un soulier
Son pied est un pied-de-nez
Au conte
Sa chaussée à lui
C’est un promontoire rocheux
De riche granite avec pour vue
Le rocher
Aux oiseaux.

Carole Radureau (19/08/2018)

Au large du cap Fréhel, Bretagne

Pointure 98

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Granite rose de Trégastel

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Publié le 27 Août 2018

……le granite pour demeure…..

Moi ce que j’aime
C’est regarder par la lucarne
La mer
Comme elle va.

Il y a un moment-clé
De la sagesse
Des eaux
Non dormantes
Hallucinantes
Comme un dédale onctueux
De crème
Evaporée.

Moi ce que j’aime
C’est deviner derrière la pierre
Le mur si bien ébauché
Ce qui se cache
Comme univers
Un qui a Pluton pour roi
Les sirènes pour demoiselles
Les korrigans comme farceurs.

Il y a un temps
Arrêté
Il est temps de réfléchir au gargouillis
De l’eau
Il est temps de penser
Au devenir de la vague
Brisée sur le rocher
Il est temps d’écrire ce que la vie
Nous dicte à écrire
Il est temps de poser sa valise
Juste à côté du mur de pierre ancestral
Juste à côté de la sauge officinale
Fervente défenseuse de la femme
Juste à côté de la mer qui bruisse
Des mots à coucher sur le papier.

Carole Radureau (20/08/2018)

Fort la Latte Bretagne

Fenêtre sur mer

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Granite rose de Trégastel

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Publié le 20 Août 2018

Le grand chamboulement

…le granite pour demeure…..


J’ai trouvé
Dans le dédale de mes souvenirs
Un gros tas
De cailloux
Dérangés
Comme bousculés
Par un va-trop-vite :
Partis
Sans fermer la porte.

Comme il est beau le granite
Qui dévale la pente
Ecrase la végétation
Sous son poids d’ans trop violents
Et qui,
Pourtant,
Semble lettre légère et non morte
Qui descend
Tranquillement
Le ravin
De l’inconséquence.

Mais ce dédale
Ce chaos
C’est une poésie bretonne
Qui s’écrit
Comme un renouvellement
Perpétué par les eaux dormantes
Comme un accident de parcours
Heureux.

Chaque recoin recèle
Son tas de pierre
Son grand chamboulement
Comme si les géants des légendes
S’étaient
Vraiment, vraiment
Amusés
Au jeu de quille
Avec les amis-cailloux
Les quilles-cailloux
Les granites précieux du jeu d’enfant.

Une à une les pierres
Se roulent
Se caressent
S’embrassent
S’étreignent
Se font des amis
Elles sont unies comme jamais
Elles ne seront plus jamais un seul
Bloc
Un pan entier de pierre
Elles se sont désolidarisées de la masse
Elles ont développé leurs courbes à elles
Nivelées par l’eau et le temps
Les pierres sont les pièces d’un puzzle
Non encore né.

Carole Radureau (17/08/2018)

Côte de granite rose Perros Guirrec, Bretagne

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Granite rose de Trégastel

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