gianni ou fragments de vie sauvage

Es-tu nid ou bien

Tête de vieillard

Toi qui habites chaque étage

De ce buisson ?

Je suis un peu des deux

Tout dépend de quel côté tu me regardes

Et pour quelle raison.

Je cherche l’abri et la graine

Puis aussi le nid de l’araignée

Car en son sein dorment des insectes

Tout prêts à être gobés.

Tite Bleue se tourne vers nous

Elle sait qu’elle a raison

Elle retourne à sa quête

Bleue et bien bleue dans le moelleux

Gris.

Ici, c’est mon paradis dit-elle

Si tu montres ma photo dis-leur bien

Je ne veux pas que des touristes

Avec leurs grands pieds

Et leurs mitrailles

Viennent dévaster mon domaine.

Elles ne sont pas intéressantes pour vous, les hommes

Ces têtes de vieillards

D’ailleurs, souvent, vous les négligez

Pour nous oiseaux

Elles sont tout notre bonheur

Alors Ya Basta !

Circulez !

Carole Radureau (01/02/2025)

Inspirée par ces photos de Gianni

Ce soir amis

Allons au Cabaret des Oiseaux*

Juste avant que le soleil ne se couche

Il ne faut pas tarder

L’hiver inscrit sur nos frêles pattes

Des marques de gelée

Il ne faut pas tarder

Ce soir la table est mise

Et la nappe est du plus bel effet

Quelques araignées

Pour nous,

Ont soigné le souper

Je vous le dis, amis

Ne tardons plus

Car au Cabaret des Oiseaux

Il y a le gîte et le couvert

Lavez bien vos becs

Faites briller vos papilles

Appelez vos compagnons

Ce soir c’est la fête

Peut-être y aura-t-il Ninon

Et son truc en plume ?

Bah, on s’en fiche !

Nous on veut becqueter

De la bonne bouffe

Et que ça ripaille.

Carole Radureau (01/02/2025)

Cabaret des Oiseaux : petit nom donné à la cardère

Inspirée par ces photos de Gianni

......fragments de Baie de Somme

Un petit matin

Dans la plaine globale de la terre

Craquelée, morcelée

Des millions de fleurs de sourire

Jaillirent.

Je vais les cueillir !

Je vais les cueillir !

Dit la petite oie tout émoustillée.

« Un bouquet de pétales-dents

Au blanc retentissant

Un bouquet d’éclats

De rires soudains. »

Dans la plaine globale

La gelée brune

Avait terni pour une éternité

La lune.

Par la violence de la haine

Globale et entièrement globalisée

Les sourires avaient été coupés

Par la grande faux décomplexée.

Pire ; les rires

Ne fusaient plus.

La fleur du rire s’était tue.

Les fleurs du mal

Telles les dénommées mauvaises herbes

Avaient tout envahi.

Au milieu du chaos

La petite oie avançait tristement

Son blanc éclatant.

Elle avait décidé

De chausser des bottes couleur arc-en-ciel

Comme pour illuminer le ciel.

Qu’une bonne pluie

Lave la gelée brune

La fasse fondre

La dilue tant et tant

Que la terre, notre bonne mère

Une fois encore fasse son œuvre

Régénératrice.

Le vœu de la petite oie avait été exaucé.

Un petit matin frais

Dans la plaine globale

Des millions de fleurs de sourire

Dirigeaient leurs pétales vers le soleil et le ciel.

La petite oie

En cueillit, en cueillit

Tant et tant que plus jamais

Le sourire ne tomberait

Sous les coups haineux du gel.

« Un bouquet de pétales-dents

Au blanc retentissant

Un bouquet d’éclats

De rires soudains. »

Carole Radureau (31/01/2025)

Inspirée par cette photo de Gianni d’une oie à tête barrée au parc du Marquenterre dans la baie de Somme

La passion des canards aime la nouveauté

Il y a des nouveaux sur le lac ?

Oui, de beaux canards à l’œil endimanché

A la tenue d’apparat

Au bec bleu-argenté.

Tu m’intrigues,

Je veux voir ça.

Qui sont-ils ?

D’où viennent-ils ?

Sont-ils des nicheurs ou bien des migrants ?

Ils ont trouvé fortune sur ce plan d’eau

Y trônant tranquillement

Evoluant comme tout canard évolue.

Ce sont nos premiers.

On les nomme fuligules morillon

Pour qui n’a pas beaucoup voyagé

Les voir, c’est un voyage en soit

Maintenant, c’est sûr

On ne les oubliera pas.

Black-and-White, non, pas le whisky

Le fuligule avec son petit œil gentil

Son apparence débonnaire

Sa jolie livrée.

Il partage les lieux avec de nombreux oiseaux

Bizarrement, les voisins semblent bien s’entendre

Il y a de la place et de la nourriture pour tous.

Tant que l’eau est là,

La vie sera là pour eux.

Carole Radureau (21/01/2025)

Inspirée par ces photos de Gianni

Eau, agua

Je m’adresse ici à toi

Là où tu circules fort

Où ton aura n’est pas trop affaiblie

J’aimerais que tu restes fraîche, eau, agua

Que ne te souilles plus les à-propos

Les immondices contenues ne serait-ce que dans les mots

Qui signent l’acte avéré de la pollution.

Je veux que mes frères et sœurs canards

Puissent

De tout temps

Continuer à se contempler

A méditer sur ta bordure

En regardant le théâtre vivant de tes petits héros

Je veux que nous puissions continuer à nager

A progresser lentement,

Poétiquement

Sur ta douce tournure

Je veux que nous puissions pendant très longtemps

Nous regarder dans ton miroir

Admirer tes reflets

Patauger dans tes marigots

Et cancaner sur tes rives.

Ne meurs pas, eau, agua

Si les hommes n’ont pas compris la nécessité de te sauvegarder

Nous, les animaux aquatiques le crions haut et fort

La vie n’a plus lieu d’être sans ta présence, eau, agua

La vie ne mérite pas d’être vécue sans toi

D’ailleurs

Le peut-elle ?

Carole Radureau (19/01/2025)

Inspirée par cette photo de Gianni

Evidemment......

L’eau est glacée mais eux

S’en fichent

Ils ne savent pas lire

Ils ont un plumage-scaphandrier

Le sang chaud et puis, voilà

Ils sont faits pour ça, non,

Ils sont nés pour ça.

La baignade est leur mode de vie

Ils naviguent si tranquillement

Que si vous cherchiez encore la paix

A cette heure :

Elle est ici

Derrière M. et Mme Colvert

Dans cet endroit où seuls eux

Ont le droit de se baigner

Même sans bouée

Même sans eau tiède

Ce sont les maîtres du lac

Et les touristes ont oublié de venir.

Carole Radureau (18/01/2025)

Inspirée par cette photo de Gianni

Je n’avais pas envie de souhaiter des vœux

Histoire de voir

Est-ce que l’année sera pire ?

Est-ce que l’année sera mieux ?

Ou indifférente ?

Toujours et chaque année

J’ai pensé toujours et chaque année de ma vie

Que les vœux, ça partait d’un bon sentiment

Une fois au moins par an

On nous inciterait

A avoir de l’empathie

Une pensée pour nos proches

Leur souhaiter le meilleur

Seulement la tristesse et le sang

Ont envahi les vies

Et l’indifférence tue

Elle tue même les vœux.

Difficile de souhaiter quand les vœux de paix

Restent lettre morte

Personne n’a les cartes en mains

Sauf qui vous savez

Personne n’a la science infuse

Et les devins il faut y croire

Aussi nous nous en tenons là.

Vœux ou pas vœux ?

L’empathie l’emporte

Allez, je ne me refais pas :

Je vœux vous souhaiter des vœux bleus

Des vœux ailés des

Vœux qui s’envolent

Portés par Tite Bleue la très populaire ;

Je vœux que vous sachiez ceci :

Mon vœu numéro un c’est la paix

Ou plutôt les paix

Je persiste et signe la suite de mes 31 poèmes

Ils ont clôturé une année d’une brutalité

D’une inhumanité

D’une indifférence crasse

Une comme je n’en ai jamais connu

Aussi les vœux bleus arrivent à la rescousse :

Le bleu est lumineux

Peut-être peut-il ouvrir les yeux

Le bleu est captivant (surtout sur le calot de Tite Bleue)

Il a le pouvoir du vent (déblayer les miasmes et les haines)

Le bleu est fleur

Il en a le plus grand de leurs cœurs

Le bleu est chatoyeux

Il a le pouvoir d’absorber toutes les salissures

Le bleu est culture

La culture est ce qui fait endurer les blessures

Le bleu est champêtre

Il tonne son vœu comme une trompette

Le bleu est royal dites-vous ?

Si c’est le cas il doit être loyal

Le bleu aime le jaune son associé

Le ciel à épousé sa moitié (le désert)

Le bleu est un révolutionnaire

Il avance toujours le poing levé

Le bleu brise toutes les barrières

Lui, c’est un anticonformiste

Le bleu est doux comme un agneau

La mer lui a tout pris

Et le ciel est jaloux (ou le contraire)

Le bleu enfin est timide

Il n’ose pas envoyer ses vœux

Alors, la messagère d’un clin d’œil

L’incite à lâcher prise

Et s’accepter comme il est :

Le bleu alors est satisfait.

Que l’année 2025 vous soit douce et agréable

Qu’elle oublie les cailloux sur le chemin

Les blessures et les chagrins

Qu’elle apporte aux petits enfants la paix tant désirée

Et que l’empathie l’emporte

Et l’indifférence s'évanouisse.

Carole Radureau (04/01/2025)

Inspirée par cette image de Gianni d’une de nos Tites Bleues

……31 poèmes pour la paix…….

Je voudrais, d’un équilibre précaire

Dessiner une harmonie

D’un reflet en faire une fleur de rêve

Je voudrais me mirant dans cette onde verte

Ecrire des pages qui dépaysent

J’aimerais que le reflet de mon bec

Chante una Nueva Canciٔon.

Qu’il est doux de se promener sur l’eau

Au milieu de cette tendre lumière

Je réalise que j’ai beaucoup de chance

Tu vois, j’aimerais la partager.

Je voudrais de mon édifice

Partager mon état pour tant de sacrifices

Quand il y a ici-bas sur l’étang, la paix

En contrepartie il y a

Tout là-bas la guerre et la furie.

Carole Radureau (17/12/2024)

Inspirée par cette photo de Gianni

Parc ornitho du Grand Lavier, baie de Somme

……fragments de Baie de Somme….

Qui voudrait accrocher son béret

Au cou de la belle aigrette ?

Pourtant sa forme s’y prête

Vu sous cet angle

Elle a une figure de cuillère à pot inversée

Nul doute que son appétit y est pour quelque chose

Ces oiseaux ont la glotte contorsionniste

Parfois ils ont un virage à la vertèbre qui pourrait être douloureux

On imagine le parcours

De la petite proie avalée (peut-être vive)

Dans le labyrinthe du crochet de l’aigrette

Avec ses virages et ses circonvolutions

Tout ça pour arriver dans la grande marmite

Le ventre de l’aigrette n’est pas en rapport avec son long cou

C’est comme si la proie

Glissait sur un toboggan

Pour finir dans le grand bassin glougloutant

Au passage les sucs gastriques surpuissants

Amortissent le coup :

Personne n’en est ressorti pour nous le confirmer.

La grande aigrette

Posée comme un point d’interrogation

Sur le marais comme en quête d’audience

Comme si son souhait

C’était d’être observée

Celle qui à la taille mannequin

Malgré tout ce qui est dit plus haut

Est un oiseau de destin

Un oiseau puissant à la blancheur insistante

Elle a posé sa silhouette

Comme un épouvantail inversé

Au lieu de faire peur aux oiseaux

Elle veut faire peur aux hommes

Mais n’y arrive pas

Elle est si belle

Qu’elle ne peut qu’attirer les regards

Attirer les vers des poèmes

Non pas pour en faire une fricassée de mots

Pour en faire un petit anar-poème sans prétention.

Carole Radureau (30/11/2024)

Inspirée par cette photo de Gianni

….fragments de Baie de Somme…..

Ce n’est pas moi qui ai parlé dit le premier.

Motus et bouche cousue

Rien ne sortira de ce bec

Parole de bon-bec 

Je n’ai rien du tout entendu dit le second.

Je suis sourd comme un pot

Ou comme une peau je ne sais plus

La surdité me fait perdre mes propos

Comme s’ils tombaient tout raides dans le pot.

Moi, je n’ai rien vu dit le troisième.

Normal : je suis aveugle

Je prends mes pattes d’homme grenouille dans les varechs

Je m’emberlificote le bec dans les iris d’eau

C’est tout juste si je peux trouver à manger.

Pourtant mes canards

Rien ne vous a été demandé

Pourquoi tant de méfiance

Pourquoi tant de couardise

Ne sont-ce pas les singes les 3 frères ?

Les canards ont bien mieux à faire

Ils ne ferment pas leurs becs

Pour des clopinettes

Ils n’oublient pas de cligner des yeux

A qui mieux mieux

Et surtout ils aiment entendre cancaner

Car les canards cancanent

Je ne sais pas pourquoi on dit cela

Sans doute encore un colportage de ragot.

Carole Radureau (27/11/2024)

Inspirée par cette photo de Gianni