Le caillou veut être lumière. Il fait luire en l'obscurité des fils de phosphore et de lune. Que veut-il ? se dit la lumière, car dans ses limites d'opale elle se retrouve elle-même et repart. Federico Garcia Lorca
Tout mon amour
Chauffé
Collé
Sous la semelle du fer
A repassé
Les froissures de la tendresse
Telle une caresse
Sur la petite jupe
Aimée.
Carole Radureau (25/04/2019)
Les dessins de Beatrix Potter
Par Beatrix Potter — Project Gutenberg scan of The Tale of Mrs. Tiggy-Winkle, image taken from this HTML version, the relevant text for this illustration is "Mrs. Tiggy-winkle's nose went sniffle, sniffle, snuffle, and her eyes went twinkle, twinkle; and she fetched another hot iron from the fire.", Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=47784235
Partons vers l’inconnu
Cet environnement unique
Celui où le végétal est roi
Le royaume du chou et de la blette
« Le lieu où naquit la betterave
Dans un cri de velouté »
Pas plus haute qu’une rangée de pois
Ce monde que je vois
C’est une jungle, la selva
Aucun doute
La nature est son domaine
Et moi petite fourmi en Amazonie.
Je suis de la taille du rang de bettes
Je les vois avec leurs longues côtes blanches
Toutes cannelées, toutes rivetées
Elles inclinent leur douce chevelure de verdure
Et me saluent au passage.
Ici je semble perdue au milieu du champ de pommes de terre
Il y a tout un tas de petites bêtes
Pas les mêmes que les bettes, hein
Celles-ci sont jaunes et noires toutes rayées avec une sale tête
Une tête qui fait enrager mon pépère
Il semble inquiet pour sa récolte.
Là-bas se hisse la canopée du jardinet
On dirait des tipis il ne manque que la fumée
Bien enroulés autour des piquets fondateurs
Les haricots à rame sont des géants
Conquérants de la canopée
Ça me fait un peu peur
Je les regarde de travers
Comme une sorte d’univers parallèle
Là où grimpent les haricots
Comme dans le conte pour enfants.
Ce que j’aime c’est le carré de pivoines
Lui aussi est de la même taille que moi
Les pivoines sont mes amies
Elles sont mystérieuses dans leur rang, bien à leur place
En quinconce comme il se doit
Leur géographie est simple et ingénieuse
Leur embranchement est conséquent
En dessous d’elles on peut trouver des cachettes
Il fait bien sombre
C’est la cachette de la pivoine
Cette fraîcheur cette douceur cette couleur cette odeur
C’est mon petit paradis à moi.
Au fond du jardin sont les ténébreuses
Les audacieuses
Les qui forcent l’imagination
Elles sont armées aussi de grosses côtes
Doucereuses et mielleuses comme des qui veulent
Qu’on les cueille
Qu’on en fasse des épées
Sous leurs gigantesques feuilles
C’est le monde de la magie
Des elfes et des escargots
Aussi de quelques limaces
Qui bavent à qui mieux mieux
Arracher une épée
S’est découper chaque doigt de la rhubarbe
Qui retient la feuille
Cette grosse perruque buissonneuse
Ombrageuse racoleuse
Cette chevelure qui tombe jusqu’aux fesses
Cette grande capillarité.
J’ai voulu goûter l’arôme du sabre un jour
Ma bouche en pendouille encore
Et mes dents à peine sorties en tremblent de colère.
Mes petites jambes ont peine à traverser toutes les allées
Le jardin potager est grand comme le monde
Je n’imagine même pas un jour
Le parcourir en entier
Il y a des endroits interdits
Parfois la nature a repris ses droits l’ortie sort de son
Bois pour rafraîchir
Les mémoires
Et la ronce fait des clins d’yeux
Tout sucre tout fruit.
Dans le potager
Il y a toujours un derrière en l’air
Comme un qui voudrait biger la lune
J’aime ce panorama du jardin
Avec les derrières en l’air
Affairés
Occupés à récolter pour la jardinière de légumes.
En rentrant maman me demandera de l’aide
Avec mes petits doigts potelés
Je tenterais –ô ce défi –
D’écosser les petits pois
Je suis sûre –croyez-moi –
Que nombreux
Vont rouler par terre
Comme de petits prisonniers martiens
Qui s’enfuient vers la liberté
Du jardin
Pour retrouver leur racine-mère
Pour se sentir
Entourés :
Là où le pois pousse
La vrille est une barrière de protection
Un barbelé à pois
Pour éviter les fuites
Mais ça
Seuls les enfants le savent.
Carole Radureau (06/04/2019)
Le jardin potager de Camille Pissarro 1881
Par Camille Pissarro — https://www.flickr.com/photos/mbell1975/6342103122/, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18585659
Ce poème va être celui qui sera la valise pour y ranger ses compagnons-poèmes sur les taches de l'homme, inspirées par les dessins et peintures de Camille Pissarro. Tout doit être fait Disait ...
Sous le grand châle infusé
De poussière d’étoiles-vie et de sucre candi
Un lien plus profond que tout
Une vision sacrée
Ce qui se partage c’est bien plus qu’un aliment :
Au petit
L’estomac bien rempli
Sustentation
Au petit
La peau qui se love sur la peau aimée
Sustentation
Au petit
Le regard qui se fait soleil
Lumineux, lumineusement gai et chaud
Sustentation
Au petit
Les bras collants du miel de l’amour
Les bras chauds de la résine de tendresse
Les bras sécurité les bras aimants
Des barrières contre la peur de vivre
Barrières qui s’ouvrent quand la vie le réclame
Barrières qui ne sont jamais fermées totalement
Quand la soif quand la faim quand la peur quand le noir
Quand le froid quand le chaud quand l’insécurité quand la haine
Quand la misère quand le chagrin quand le désœuvrement quand l’injustice
Quand la maladie quand les blessures
Les barrières rouvrent leurs portes extensibles
Et le regard, le nourrir, le tendre, l’aimer, le soin, la chaleur
S’ouvrent à nouveau, nourriture du corps, de l’âme, de l’esprit
A tout âge. C’est cela être mère, être parent.
Carole Radureau (27/03/2019)
Enfant tétant sa mère de Camille Pissarro
Par Camille Pissarro — British Museum [1], Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=14958684
Ce poème va être celui qui sera la valise pour y ranger ses compagnons-poèmes sur les taches de l'homme, inspirées par les dessins et peintures de Camille Pissarro. Tout doit être fait Disait ...
Par Beatrix Potter — Linda Lear, Beatrix Potter: A Life in Nature, St. Martin's Griffin, 2007, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11717095
Où sont mes chaussons ?
Demande Calisson
J’ai bien mal aux pieds
J’ai beaucoup marché.
Dans mon petit chez-moi
Il fait bon et chaud
Je rêve de m’endormir
Sur un oreiller de salades.
Où sont mes petits-enfants ?
Je rêve de les embrasser
Une bise qui claque, smack
Une bise tendre, smouche
Avant de se coucher.
Menacé ? non, globalement mais des menaces commencent sérieusement à peser sur lui : trafic routier, modification du milieu de vie, pesticides, prédation, parasites, maladies, accidents divers,
Par Sara Menon - http://blog.illustraciencia.cat/2015/04/alnus-glutinosa-and-betula-pendula-with.html, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=45563951 Parce que les berceuses
Une série de poèmes écrits à partir de l'été 2018, en m'inspirant pour les noms de la série des petites bêtes d'Antoon Krings, mais avec ma part d'originalité. Toutes sortes d'animaux, bea...
La petite fille qui regardait les oiseaux
Avec ses yeux nouveaux
Avec son âme pure
Et son esprit d’aventure.
La petite-fille prise entre le rêve et la vie
Entre la beauté et la magie
Avec son air taquin
Et des rimes à naître, pleins.
La petite fille sage, attentionnée tout à coup
Ce qu’elle a vu c’est un tourniquet de doudous
Avec des plumes, des ventres affamés
Un boulevard aux oiseaux d’été.
La petite fille qui regardait les oiseaux
Avec cette innocence que chacun a connue
Avec cette fraîcheur que nous n’avons plus.
La petite-fille a écrit sur ma fenêtre
Un baiser d’amour vrai, un baiser comme on n’en fait plus
A l’encre de sa buée, toute naïveté bue
La petite fille est une petite-fille qui aime les oiseaux.
Trois petits pas
Le début d’une grande marche
Cette longue marche
Sur la terre-mère.
Mais combien de ces pas vas-tu faire ?
Mais combien de virages de tournants de lignes droites
De chutes d’ornières et de route dégagée
En ces petits pas
Seront gravés
Seront évités ?
Une fois acquise la marche
Est acquise
A jamais.
On la reçoit comme un bien précieux
On a si peur de la perdre
C’est notre bien le plus cher
Un bien de bipède.
La marche
C’est la dignité.
Pourtant on peut se déplacer autrement :
Sur les mains par exemple
Ça prend plus de temps.
Pourtant on peut se contenter de rester assis
Mais le tournant est grand de la vie
Des assis.
Il faut aller de l’avant
Hacia adelante !
Et toi déjà tu t’y précipites
Presque le poing en avant !
Mais pourquoi es-tu si pressée ?
Tant de choses à découvrir
Tant de rêves à affronter
Tant de stimuli sur cette terre-mère
Un chant d’oiseau t’attire déjà au dehors
La queue du chat t’inspire des enjambées
Les premières violettes fleuriront sous tes pas
De velours seront ceux-ci comme le velours de la violette
Car tu écris une histoire de douceur
Comme ton sourire
Chaque jour
Emerveillé.
Aime ce que la vie te donne
Chéris le fruit de chaque jour
Ne crois pas qu’ailleurs le nid est plus doux
Car ton nid
Construit de ta chaleur
De tes jours
De ton audace
De ton fluide
Est le nid le plus doux qui soit.
Carole Radureau (09/01/2018)
Inspiré par le texte ci-dessous , paroles d'un chef indien gaspésien (Miq'mac) critiquant un groupe de capitaines français qui avaient une haute opinion de la civilisation française.
"Vous reprochez fort mal, à propos à notre pays, d'être un petit enfer sur terre en contraste avec la France que vous comparez à un paradis terrestre, parce qu’il vous donne - dites-vous - toutes sortes de provisions en abondance. Vous dites de nous que nous sommes les plus misérables et les plus malheureux de tous les hommes, vivant sans religion, sans éducation, sans honneur, sans ordre social et en un mot sans aucune loi, comme les bêtes de nos bois et forêts ; manquant de pain, de vin et de milliers d’autres avantages dont vous regorgez en Europe. Ecoutez, frères, si vous ne connaissez pas déjà les véritables sentiments que nos Indiens ont pour votre pays et pour toute votre nation, il est bon que je vous en informe sans tarder.
Croyez bien qu’aussi misérables que nous paraissions à vos yeux, nous nous regardons néanmoins comme plus heureux que vous, en ceci que nous nous contentons du peu que nous avons... Vous serez profondément déçus si vous pensez nous persuader que votre pays est meilleur que le nôtre. Pourtant si la France est, comme vous le dites, un petit paradis terrestre, est-il sensé de le quitter ? Et pourquoi abandonner femmes, enfants, parents et amis ? Pourquoi risquer vos vies et vos biens chaque année ? Et pourquoi vous aventurer et prendre de tels risques quelle que soit la saison, affronter les orages et les tempêtes de la mer pour venir dans un pays étranger et barbare que vous considérez comme le pauvre et le malheureux de la Terre ?
D’autant que nous sommes convaincus du contraire et ne prenons pas la peine d’aller en France, parce que nous craignons à juste titre de ne trouver là-bas que peu de satisfactions puisque nous voyons ceux qui y sont nés la quitter chaque année pour venir s’enrichir sur nos rivages. Nous vous croyons, en outre, incomparablement plus pauvres que nous malgré vos apparences de maîtres et de Grands Capitaines. Vous n’êtes que de simples journaliers, valets, servants et esclaves se faisant une fête de nos vieux chiffons et misérables vêtements de peaux qui ne nous servent plus, et vous venez chercher ici, en pêchant la morue, de quoi vous consoler de la misère et de la pauvreté qui vous accablent. Alors que nous, nous trouvons toutes nos richesses et toutes nos commodités chez nous, sans peine, sans exposer nos vies aux dangers que vous affrontez constamment au cours de vos longs voyages. Et c’est avec un sentiment de compassion pour vous que, dans la douceur de notre repos, nous admirons la peine que vous vous donnez, nuit et jour, à remplir vos navires.
Nous voyons aussi que tout votre peuple ne vit que sur la morue que vous pêchez chez nous. Toujours et rien que de la morue, morue au matin, morue à midi et morue le soir, encore de la morue, jusqu’à ce que les choses en viennent à une extrémité telle que, lorsque vous voulez vous offrir un bon morceau, c’est à nos dépens ; et que vous êtes contraints d’avoir recours aux Indiens que vous méprisez tant, et vous leur mendiez le produit d’une chasse pour vous régaler. Maintenant dites-moi un peu, si vous avez un peu de bon sens, lequel des deux est le plus sage et le plus heureux : celui qui travaille sans cesse et n’obtient qu’à grand-peine juste assez pour vivre, ou celui qui se repose confortablement et trouve tout ce dont il a besoin dans les plaisirs de la chasse et de la pêche ?
Il est vrai que nous n’avons pas toujours eu le pain et le vin que votre France produit, mais, en fait, avant l’arrivée des Français dans ces parages, les Gaspésiens ne vivaient-ils pas plus vieux que maintenant ? Et si nous n’avons plus parmi nous de ces vieillards comptant cent trente ou cent quarante années, c’est seulement parce que peu à peu nous adoptons votre manière de vivre ; parce que, comme l’expérience le montre, ceux des nôtres qui vivent le plus longtemps sont ceux qui méprisent votre pain, votre vin, votre eau-de-vie, se contentent de la chair du castor, de l’élan, de l’oiseau et du poisson, et vivent en harmonie avec la coutume de nos ancêtres et de toute la nation gaspésienne. Apprenez maintenant, mes frères, une fois pour toutes, parce que je vous dois la vérité : il n’y a pas d’Indien qui ne se regarde comme infiniment plus heureux et plus puissant que le Français".
Tiré du livre de T.C. Mc Luhan - "Pieds nus sur la terre sacrée". Folio sagesses
Dors, dors, petit castor
Ton sommeil est d'or
Ton sommeil est d'or
Aux anges tu souris
Une fossette a ravi
La parole des étoiles
Dors, dors, petit castor
Si la lune aux quatre vents
Vole aux mésanges le chant
C’est pour te bercer
De mille fils d'or
De mille fils d'argent
Que ton réveil oublie les pleurs
Que le jour se lève
Sourire
D’enfant.
Par Sara Menon - http://blog.illustraciencia.cat/2015/04/alnus-glutinosa-and-betula-pendula-with.html, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=45563951 Parce que les berceuses