Le 1er mai est confiné
Nuls chants dans les rues de Paris
Le muguet subi l’avancée
D’une époque coronavirusée
Qui décale chaque jour les saisons
Au rythme des tremblements.
Les travailleurs n’ont plus d’usines
Ils ne se revendiquent plus comme tels, pourtant
Des salariés, des précaires
Vont au turbin
Chaque matin de COVID-19
Et ce sont eux qui font bouillir la marmite
Dans laquelle des masques faits maison
Se débattent pour se débarrasser du parasite
Et pour que rêvent encore les ménagères.
Ce sont les travailleurs de la base qui créent les richesses
Ce sont eux qui vont au contact, au jus, au bouillon
Qui vident les détritus, désinfectent les chaumières
Prennent les pouls, les températures
Gardent les petits des non confinés.
Nous ne pouvons offrir à nos proches
Loin de nous
Qu’un brin de muguet de papier ou séché par prévoyance
Il a encore un reste de parfum comme une invitation à l’an prochain
Avec tristesse on leur souhaitera le bonheur
Après le passage du facteur 3 fois par semaine si on y pense
Le bonheur c’est un plat qui se mange froid
Comme une andouille qui oublie de se laver les mains après les avoir serrées.
Il est où le bonheur niché dans des sourires
Dans ces mines réjouies de nos anciens des défilés
Ceux qui ont permis aux luttes leurs avancées
Fauchés par un minuscule virus au grand bruit
Chaque jour je me dis que mes anciens à moi sont partis fort
Heureusement
Ne voyant pas ce que nous avons fait des luttes
Notre échec à porter avec vaillance les leurs pour un monde meilleur
C’est triste car le monde reprend son chemin capital
C’est un coup pour rien avec moins de libertés
La peur a rivé au corps de chacun sa terrible douleur
Enfermement, confinement, misère sociale et relationnelle
La peur fait avancer au pas la masse
Alors qu’elle devrait lever le poing et revendiquer ce 1er mai :
Plus jamais ça !
Le monde meilleur se construit par un imaginaire parfumé au muguet des luttes anciennes
Quand on se rêve, quand on se redéfinit, quand on repart à zéro, quand on y croit
Le monde meilleur est porté par le sourire des enfants
Leur exigence inconsciente d’une vie digne et saine
Le monde meilleur est un redécoupage des taches
Avec en haut de l’arbre la terre-mère, la donneuse de vie
Ce n’est pas le capital qui commande c’est elle
Nous sommes des enfants qui respectons la consigne et la consigne est claire
Définitive, tranchante :
Il n’y aura pas de seconde chance :
Il veut continuer à bleuir, le ciel
Elle veut retrouver ses marques, l’eau
Elle a besoin d’espace et d’intimité, la forêt
Elle est arrivée au bout de son ère la terre que l’on veut semer d’espoir
Elles désirent plus que tout croître aussi, les espèces.
Le muguet des travailleurs est un muguet d’espoir
Que cette minorité qui permet chaque fois de bouger des lignes, lève dans son poing
De celui-ci fleurira un muguet de renouveau
Une autogestion, un autre mode de vie, une autosuffisance
Un système D retrouvé, une réécriture de l’histoire, une poésie de fusion entre la mère
Et l’enfant.
Carole Radureau (01/05/2020)