Penchées sur le berceau de la vie, les pierres
Ces fées minérales convoquées
Sont comme des dents qui sourient sur une langue
Cette nacelle de la naissance
Là où un tout petit prend l’air
Qui le portera quoi qu’il en soit
Tant qu’il en soit
Les pierres ?
Mais ce sont elles nos marraines !
Qu’elles soient par la nature
Pressées
Ou par la main de l’homme
Arrangées
Dans un ordre que seul l’homme connaît
Dont la pierre se soumet
De bonne grâce
Parfois cela n’empêche pas les pierres de sourire
De ce petit sourire que l’on nomme ici, rictus
Qui veut dire : voyez quelle innocence est la leur
Aux hommes prêts à gober la lune
Toute crue
Sans sel
Ni béchamel
A la croque-dure
Penchées sur le berceau de la vie, les pierres
Se posent des questions
Parfois leurs expressions sur leurs joues
Restent figées
Et l’homme leur prête des noms
C’est encore un gobe-lune de l’homme que cela
Quelle naïveté !
Comme si les pierres pensaient, avaient des joues,
Des dents, des idées à partager, des critiques à faire !!
Cela n’empêche que la plume se sent prête à gravir
L’échelon de pierre des ans
A y laisser quelques grammes de chair histoire de déposer ses marques
La plume est prête à écrire selon le vent bon
Le vent mauvais et les pierres savent très justement
Combien de vents mauvais existent
Précisément
Il faudrait se rendre sur le berceau de la vie
Là où les pierres sourient
Se tapir dans ce nid
Relever la tête, doucement
Leur demander aux pierres nos sœurs, nos mères
Nos aïeules récompensées par le fruit du granite et l’à-propos du calcaire
Combien sont les vents, pierres, combien sont-ils furieux
Combien compatissants combien arrangeants ?
J’aimerais le savoir.
Non pas pour les combattre, les valeureux.
Non. Pour m’organiser.
Que mon organisme tienne compte du flux à venir
Se ménage
Se fortifie
Afin de ne pas laisser aux vents
La petite pierre ratatinée et trop caressée
De la vie.
Carole Radureau (25/10/2021)
Inspirée par cette photo de Serge